Master Qualité - Communication
publique des résultats d'un stage de fin d'études Master Qualité
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admettre et donc supporter. Il a été réalisé pendant
la période de formation et constitue avant-tout un
travail de compilation bibliographique, d'initiation
et d'analyse sur des thématiques associées aux
concepts, méthodes, outils et expériences sur les
démarches qualité dans les organisations. Nous ne
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libre. Si, malgré nos
précautions, vous avez des raisons de contester ce
droit d'usage, merci de nous
en faire part, nous nous efforcerons d'y
apporter une réponse rapide. L'objectif de la
présentation sur le Web est de permettre l'accès à
l'information et d'augmenter ainsi les échanges
professionnels. En cas d'usage du document, n'oubliez
pas de le citer comme source bibliographique.
Bonne lecture...
LA VALIDATION DES
PROCÉDÉS DE NETTOYAGE :
DU CONTRÔLE A LA MAÎTRISE
Référence
bibliographique à rappeler pour tout usage : La validation des
procédés de nettoyage : du contrôle à la maîtrise,
GARREAU Hélène,
Université
de Technologie de Compiègne, Master Qualité et
Performance dans les Organisations (QPO), Mémoire d'Intelligence Méthodologique du stage
professionnel de fin d'études, juin 2016, www.utc.fr/master-qualite, puis
"Travaux", "Qualité-Management", réf n° 352
RESUME
L’environnement fortement
concurrentiel associé à une évolution de plus en plus
restrictive de la règlementation dans le secteur
cosmétique a fait grandir le besoin de garantir la
qualité des produits. Ainsi, garantir la maîtrise de la
validation de nettoyage est devenu un enjeu
incontournable des industriels cosmétiques pour à la
fois répondre aux exigences cosmétiques et
pharmaceutiques mais aussi pour permettre l'exportation
internationale de leurs produits.
L'objectif dans cette étude a donc été de proposer une
démarche qualité dans la validation de nettoyage qui
soit adaptée à la stratégie et aux objectifs de
l'entreprise afin d'apporter les réponses aux écarts
initialement soulevés en audit. Cette démarche
d'amélioration continue s'appuie sur le cycle
d'amélioration continue (PDCA) et peut être adaptée à
toutes entreprises qui souhaitent s'engager dans une
démarche de validation de nettoyage.
Mots clés : Validation de
nettoyage, Démarche qualité, cosmétiques.
ABSTRACT
In the
cosmetic industry, the highly competitive environment
associated with increasingly restrictive regulations has
increased the need to ensure product quality.
Thus, the control of cleaning validation has become an
essential issue for cosmetic manufacturers to both meet
the cosmetic and pharmaceutical requirements but also to
allow the international export of their products.
The aim in this study was therefore to provide a quality
approach in the cleaning validation that is appropriate
for the strategy and objectives of company in order to
provide responses to observations initially raised in
audit.
This continuous improvement approach is based on the
continuous improvement cycle (PDCA ) and can be adapted
to all companies wishing to engage in cleaning
validation process .
Je remercie tout d'abord Monsieur Raphaël
DESAHABIT, responsable du service qualité site, de m'avoir permis
d'effectuer mon stage au sein du service qualité du site CHANEL
PARFUMS BEAUTE de Compiègne.
Je souhaite remercier tout particulièrement Mme Céline BRIGNOL,
responsable assurance qualité et tutrice du stage, de m’avoir
offert la possibilité de découvrir et d’acquérir une première
expérience dans l'industrie cosmétique mais aussi de m'avoir
partagé son savoir et encadré durant cette période. Je la remercie
également pour la diversité des missions qui m'ont été confiées
car elles m'ont permis d'acquérir de nombreuses connaissances sur
l’assurance de la qualité au sein d'une entreprise.
Egalement un grand merci à Mme Virginie CLOUET, Mme Catherine
ISAMBERT et Mme Christelle CARRIERE, techniciennes assurance
qualité et leurs collègues du contrôle qualité packaging pour
leurs collaborations et leurs attentions qui m'ont permis d'être
rapidement intégrée au sein de l'équipe.
D'une manière générale, je tiens à remercier l'ensemble du
personnel du site avec qui j'ai collaboré pour leur accueil,
leurs conseils et leur bonne humeur.
Je terminerai par remercier l’ensemble de l’équipe enseignante de
l’UTC pour la qualité de leurs enseignements et plus
particulièrement Mr Jean-Matthieu Prot (chef de projet, formation
continue) et Gilbert Farges (responsable du Master QPO) pour leur
suivi et leur attention à distance durant mon stage.
•
ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament
(ANSM) • AQS, AQC :Assurance Qualité Site, Assurance Qualité centrale • BPF :Bonnes Pratiques de Fabrication • CA :
Chiffre d'Affaire • CAPA :
Comprendre, Analyser, Planifier, Agir • CC : Change
Control • CE : Comité
Européen • COFRAC :Comité Français d' ACcréditation • cGMP : current
Good Manufacturing Practices • Chanel PB :Chanel Parfums Beauté • DGCCRF :
Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la
Répression des Fraudes • FDA :
Food and Drug Administration • EN :
European Norm • HPLC :
High Performance Liquid Chromatography • ISO :International Organization for Standardization • LVMH :
Louis Vuitton Moët Hennessy • MIM :
Mémoire d’Intelligence Méthodologique • MP :
Matières Premières • NF :
Norme Française • QC :
Qualification Conception • QI :
Qualification Installation • QO :
Qualification Opérationnelle • QP : Qualification
Performance • QPO :Qualité et Performance dans les Organisations • QQOQCP :
Qui Quoi Ou Quand Comment • OTC :
Over The Counter • PDCA :
Plan Do Check Act • PREO : Planifier,
Réaliser, Exécuter, Optimiser • PF :Produit Fini • PME :
Petite et Moyenne Entreprise • REACH :
Registration, Evaluation and Authorization of Chemicals • SMQ :
Système de Management de la Qualité • UV :
Ultra-Violet • UTC :
Université Technologique de Compiègne • VMP :Validation Master Plan • WC :
Worst Case
Contamination
croisée : contamination d’une matière
première, d’un produit intermédiaire ou d’un produit fini par
une autre matière première ou un autre produit au cours de la
production.
Pire cas (worst case) : condition
ou ensemble de conditions englobant les circonstances et les
limites opérationnelles supérieures et inférieures, dans les
limites des procédures opératoires, comportant le plus grand
risque de défaillance du produit ou du procédé comparé aux
conditions idéales. Ces conditions n'entraînent pas
nécessairement la défaillance du produit ou du procédé.
Qualification : action
permettant d’apporter la preuve que les locaux, les systèmes
et le matériel fonctionnent correctement et donnent réellement
les résultats attendus. Dans une acception élargie, le mot «
validation » recouvre parfois la notion de qualification.
Revalidation :
renouvellement de la validation du procédé en vue de démontrer
que les changements introduits dans le procédé/équipement
conformément aux procédures de maîtrise des changements ne
comportent aucun risque pour les caractéristiques du procédé
et la qualité du produit.
Validation : opération
destinée à démontrer, conformément aux principes des BPF,
qu’une procédure, un procédé, un équipement, une matière, une
activité ou un système conduit effectivement aux résultats
attendus (voir aussi Qualification).
Validation du nettoyage :
preuve documentée qu'une procédure de nettoyage
approuvée fournira un niveau de propreté des équipements
adaptés à la fabrication de cosmétiques.
Validation du procédé : preuve documentée
que le procédé, exploité dans le cadre de paramètres établis,
est en mesure de fonctionner de manière efficace et
reproductible en vue de produire des cosmétiques.
Figure
1: Les normes appliquées aux produits
cosmétiques Figure 2:Application
du QQOQCP pour dégager une problématique
mesurable Figure 3:Représentation du processus de
validation de nettoyage des procédés Figure 4: La méthode
C.A.P.A intégrant le cycle PDCA Figure 5:Le système documentaire dans la validation de
nettoyage Figure 6:
Etat des lieux de la validation de nettoyage des procédés en
salle de lavage Figure 7:
Prérequis dans la validation de nettoyage des
procédés Figure 8:
Processus de qualification d'un équipement selon la méthode du
cycle en V Figure 9:
Cycle de Sinner Figure 10:
Critères de détermination des Worst Case Figure 11:
Gestion des fiches d’anomalie ou de déviation
Figure 12:
Cycle de vie d'un document Figure 13:logigramme de la démarche de validation du nettoyage Figure 14:
Présentation d'un fondoir mobile utilisé pour la production de
produit de soins Figure 15:Application de la méthode 5M pour valider
les prérequis Figure 16: Etat des
lieux de la validation de nettoyage des procédés en début de
stage Figure 17:
Etat des lieux de la validation des procédés attendu à la fin de
stage
Tableau
1 : Avancement des missions de
stage Tableau 2 :
Principaux écarts FDA concernant la validation de
nettoyage Tableau 3 :Les critères d'acception utilisés pour la validation de
nettoyage des fondoirs mobiles Tableau 4 :
Résultats pour la validation de nettoyage des fondoirs
mobiles Tableau 5 :Améliorations apportées pour répondre aux
écarts FDA
Le master Qualité et Performance dans les
Organisations (QPO) de l’Université Technologique de Compiègne
(UTC) a quatre objectifs principaux pour former les étudiants
à contribuer à l'amélioration continue des pratiques
professionnelles. Ces quatre objectifs sont:
Comprendre son environnement de travail
Mettre en œuvre une démarche qualité
Manager une équipe ou un projet
Savoir communiquer sur des résultats innovants.
Le stage de fin d'étude du master QPO a donc pour objectif de
mettre en œuvre les connaissances acquises, de démontrer les
aptitudes et de développer les compétences associées au profil
métier de la spécialité qualité. Il offre ainsi à l'étudiant
une polyvalence qui lui permet de choisir le domaine dans
lequel il souhaite le réaliser. Après avoir travaillé 3 ans dans le milieu pharmaceutique
et plus particulièrement dans celui des essais cliniques, j'ai
souhaité orienter mon projet professionnel pour d'élargir mes
compétences et mon employabilité. Le domaine de la qualité
était celui qui se rapprochait le plus de mes missions
précédentes; c'est donc naturellement que j'ai décidé
d'entreprendre le master QPO. Le choix du stage a été l'aboutissement de ce
changement professionnel, il s'inscrit parfaitement dans mon
projet de devenir Responsable Assurance Qualité dans le
secteur cosmétique ou pharmaceutique. De plus, le milieu de la production m'était complètement
inconnu, j'ai donc beaucoup apprécié le découvrir mais aussi
mettre en œuvre mes connaissances sur le terrain.
Les produits cosmétiques sont définis selon
le Code de la Santé publique, article L.5131- 1 comme étant
"tout produit, substance ou mélange destiné à être mis en
contact avec les parties superficielles du corps humain
(l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles,
les lèvres et les organes génitaux externes) ou avec les dents
et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou
principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en
modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon
état ou de corriger les odeurs corporelles"[9]. Ils sont
divisés en 5 catégories:
les soins de la peau (soins du corps, soins du visage,
les produits anti-âge, les produits minceurs, les soins
solaires)
les produits capillaires (soins pour cheveux et
coloration)
l'hygiène toilette
le maquillage (yeux, lèvres, visage, ongles)
la parfumerie alcoolique (parfums, eaux de toilette,
eaux de cologne)
L'industrie cosmétique ne cesse d'innover et de développer de
nouvelles formules qui évoluent à une vitesse surprenante,
pour satisfaire des consommateurs de plus en plus exigeants.
En plus de ces exigences clients, le secteur doit faire face à
une règlementation de plus en plus restrictive notamment sur
la gestion du nettoyage des équipements, du matériel, des
utilités…
Pour répondre à ces obligations, la validation des procédés de
nettoyage est devenue l’un des sujets clés de l’industrie
cosmétique qui tend à faire évoluer ses pratiques en
s’appuyant sur l’exemple de l’industrie pharmaceutique.
Une véritable stratégie de validation des procédés de
nettoyage est donc mise en place et fait intervenir comme
acteur principal l’assurance qualité, dont l'objectif est
d'apporter les preuves documentées qui seront nécessaires pour
démontrer la maîtrise de ses procédés et rassurer sur la
qualité des produits.
« L'assurance de la qualité » est donc une question
primordiale à laquelle les industriels doivent répondre pour
satisfaire aux exigences des autorités compétentes et ainsi
continuer l’exportation de leurs produits.
Dans une première partie, le contexte et la problématique du
sujet seront exposés puis l’approche méthodologique sera
présentée. Enfin, les résultats obtenus et les perspectives de
l’étude seront discutés.
Dans le contexte économique actuel, le
marché de la cosmétique reste un marché porteur avec un
chiffre d'affaire (CA) estimé à 180 milliard d'euros en 2014.
Même s'il arrive à maturité avec des taux de croissance
stables entre 2 et 3 % ces 5 dernières années; le marché de la
cosmétique reste un secteur dynamique. [2]
L'industrie des parfums et de la cosmétique sait se démarquer
des autres industries par sa capacité d'exportation vers les
pays émergents (Brésil, Russie, Chine…) puisqu'elle représente
plus de 80% de la croissance du marché mondial en 2014. [2]
Parmi les entreprises leaders dans ce domaine, on retrouve sur
le marché français Chanel, LVMH et L'Oréal. Sur le marché
Européen, on trouve principalement Beiersdorf en Allemagne et
Unilever au Royaume-Uni.
Le secteur cosmétique est donc fortement concurrentiel, les
firmes se disputent une véritable course aux innovations, aux
prix et à la publicité pour être le premier sur le marché.
Cette concurrence nécessite aux industriels d'être réactifs et
agiles sur leurs stratégies employées. [5]
De par ses traditions et son savoir-faire,
la France est associée au domaine du luxe et de la beauté.
Encore aujourd'hui, le marché cosmétique constitue un atout
majeur pour l'économie nationale et permet à la France de
conserver sa place de leader dans ce domaine.
Chaque année le marché de la cosmétique représente un chiffre
d'affaire d'environ 16 milliard d'euros ce qui représente
environ 25% des parts du marché mondiales. Elle se place donc
à la deuxième place des secteurs exportateurs en France
derrière l'aéronautique.
L'industrie cosmétique en France est implantée sur 80% du
territoire, avec 81% de petites et moyennes entreprises (PME),
soit environ 800 sociétés et 45 000 personnes. Ces sociétés
concernent aussi bien l'emballage, la production, les
machines, la fabrication de matières premières, l'emballage,
la formulation et représentent 0,27% de l’emploi total en
France. [1]
9.2.1
La règlementation et les normes dans l’industrie
cosmétique
Le règlement (CE) n°1223/2009 du
Parlement Européen et du Conseil du 30 Novembre 2009 est
opposable aux produits cosmétiques depuis Juillet
2013.[12] Il établit les règles auxquelles doit répondre
tout produit cosmétique pour être mis sur le marché. Ce texte
est régulièrement modifié et constitue le règlement
cosmétique.
Contrairement aux produits pharmaceutiques, les cosmétiques ne
font pas l'objet d'une autorisation de mise sur le marché,
mais les personnes responsables doivent garantir la sureté des
produits pour la santé humaine (code de la Santé Publique). En
2009, la réglementation Européenne REACH (règlement
n°1907/2006) est donc entrée en vigueur pour évaluer et
contrôler l'ensemble des substances chimiques fabriquées,
importées et mises sur le marché européen. [3]
L’article 8 du règlement européen rend obligatoire
l’application des Bonne Pratiques de Fabrication (BPF)[10]
qui est le texte de référence pour les produits cosmétiques en
France et en Europe. Ces bonnes pratiques garantissent que les
produits sont fabriqués, conditionnés, contrôlés et stockés
selon des mesures adaptées à leur utilisation et leur
spécificité.
L’ensemble des lignes directrices des BPF ont été publiées en
Novembre 2007 dans la norme ISO 22716[8], dont
l’ensemble a été homologué au niveau Européen et Français en
Janvier 2008.
Cette norme couvre la production, le contrôle, le stockage et
l’expédition des produits mais ne traite aucun aspect sécurité
et environnemental.
D'autres normes existent et sont présentées dans le schéma
ci-dessous:
Figure 1: Les normes
appliquées aux produits cosmétiques[4]
9.2.2
La surveillance des produits cosmétiques en France et
aux USA
En France, la surveillance des produits
cosmétiques est sous l'autorité de deux ministères :
la santé, avec l'Agence Nationale de Sécurité du
Médicament (ANSM)
l'économie, avec la Direction Générale de la Concurrence
de la Consommation et de la Répression des Fraudes
(DGCCRF)
Nous avons vu précédemment que l’industrie cosmétique exporte
fortement ses produits dans le monde. Ainsi, un industriel qui
développe et fabrique ses produits en France mais qui souhaite
les exporter à l’international doit répondre aux exigences
règlementaires du pays receveur.
Les USA et le Canada sont deux pays où les produits
cosmétiques ont un statut particulier :
Over the counter (OTC) pour les USA
Produits de santé naturels ou thérapeutiques pour le
Canada
Ces produits concernent ceux qui sont composés soit de
substances actives telles que les filtres solaires (UV) soit
de substances spécifiques qui nécessitent un regard
particulier vis-à-vis des autorités.
Ainsi, aux USA et au Canada les produits cosmétiques sont
réglementés par deux référentiels:
BPF Pharmaceutique (cGMP) pour les produits OTC et
produits de santé
BPF Cosmétique pour les autres produits
Les cGMP est un référentiel de production qui est plus
exigeant en terme de qualité que les BPF cosmétiques, et les
industriels de la cosmétique se tournent de plus en plus vers
ce référentiel afin de répondre au mieux à toutes les
exigences.
Au Canada, la surveillance des produits cosmétique est sous
l’autorité de Santé Canada et aux USA la surveillance des
produits cosmétiques est sous l’autorité d’une entité
principale qui est la Food and Drug Administration (FDA). Ces
autorités inspectent également les industries cosmétiques
françaises pour l’exportation des produits OTC.
Dans ce contexte économique et
règlementaire, il est devenu essentiel pour l’industrie
cosmétique de maitriser la pureté de ses produits en apportant
les preuves suffisantes qui garantissent la sécurité de ses
clients.
Pour cela, CHANEL Parfum Beauté s’engage dans une démarche
d’excellence, d’amélioration continue et tend à faire évoluer sa
politique qualité d’un état de contrôle à un état de maîtrise de
ses processus.
Le service de l’assurance qualité qui est au cœur de cette
démarche doit s’assurer que les moyens mis en œuvre pour obtenir
un produit sûr soient fiables, efficaces et considérés comme
valables face aux autorités compétentes.
CHANEL PB à Compiègne a deux activités principales qui sont la
production de parfums et la production de produits de soins.
Dans ce sujet, le service Assurance qualité doit réaliser et
approuver toute la documentation nécessaire à la validation de
nettoyage dans la fabrication des produits du pôle Soin.
L’étude de la validation des procédés de nettoyage porte
uniquement sur la partie fabrication et sur la partie
conditionnement. Contrairement aux produits alcool en
fragrances, les produits de soins sont plus sensibles à la
contamination croisée microbiologique.
Pourquoi valider les procédés de nettoyage?
1- Répondre aux exigences
règlementaires
L’enjeu premier est de répondre aux exigences des inspecteurs en
apportant la preuve documentée que les procédés de nettoyage
permettent d’obtenir un nettoyage efficace et reproductible
avant production (validation prospective), pendant la production
(validation concomitante) ou étant déjà utilisé (validation
rétrospective).
2- Assurer la qualité en évitant toute
contamination croisée
La contamination croisée est définie dans les BPF comme étant la
présence incontrôlée de résidus de poussières, d’organismes, de
produits en cours de fabrication et provenant des matières
premières, des produits de nettoyage, du matériel ou des
opérateurs.
Une non-maitrise des contaminations croisées peut entrainer
plusieurs changements (durée de conservation, risque d’allergie,
changement des caractéristiques organoleptiques) importants sur
le produit.
Cette contamination est la bête noire des entreprises
cosmétiques puisqu’elle peut entrainer la destruction complète
d’un lot de fabrication engendrant une perte de chiffre
d’affaire importante allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros.
Identifier et maitriser les risques de
contamination par la validation des procédés de nettoyage
permettront alors de s’assurer de la qualité produit.
3- Maitriser plutôt que de contrôler
Le contrôle permet uniquement de trouver ce que l’on cherche sur
un produit (ex : s’il y a présence de contamination) il prend
donc en compte uniquement l’instant T. La maîtrise permet
d’anticiper les risques et de diminuer le nombre de
non-conformités, elle a un sens large et prend en compte la
globalité des facteurs (ex : l’analyse de tous les risques
pouvant engendrer une contamination.) La maitrise permet
également de diminuer les contrôles en instaurant une confiance
dans les processus.
4- Autres enjeux
Les derniers enjeux sont d’acquérir d’avantage de connaissance
sur l’équipement, notamment par la connaissance de ses fonctions
à risque, pour pouvoir réduire ces risques et assurer une
maîtrise élevée de l’équipement.
9.4
Problématique, objectifs et organisation du travail
Dans un début de démarche qualité, il est
nécessaire de clarifier la problématique principale du sujet
et de lui donner du sens. Pour cela, l’outil QQOQCP a été
appliqué dans la figure ci-dessous.
Figure 2:
Application du QQOQCP pour dégager une problématique
mesurable
[source
auteur]
L’enjeu de la problématique revient à déterminer une démarche
de validation capable de prendre en considération l’ensemble
des aspects d’un processus de validation des procédés de
nettoyage, et permettre son application à l’ensemble des
procédés de nettoyage pour en assurer sa maîtrise.
Facteurs de réussite du projet :
1- Organisation
Cette mission nécessite d’intervenir et
d’interagir avec de nombreux interlocuteurs: les opérateurs,
la cellule technique, les fournisseurs, les managers des
différents secteurs, les laboratoires (analytique,
microbiologique…) pour obtenir et compiler les informations
utiles à l'élaboration complet du dossier de validation.
Afin de faciliter l’organisation de mon travail et gérer
l’ensemble des missions de mon stage, un tableau de bord,
listant l’ensemble des missions à accomplir ainsi que leurs
priorités, a été réalisé. Ce tableau de bord est réalisé sur
Excel, il me permettait de juger rapidement de mon avancement
dans l'ensemble de mes projets.
Tableau 1 : Avancement des missions de stage [source auteur]
2- Communication et Implication
La validation d’un procédé de nettoyage
nécessite une réflexion sur plusieurs niveaux : sur
l’équipement, le procédé, les tests, le réglementaire. Ainsi
pour que l’avancement du projet soit efficace, il est
nécessaire que les personnes responsables de chaque secteur
soient impliquées dans le processus de validation des
procédés. Par conséquent, une réunion est organisée toutes les
deux semaines afin de suivre l’avancement des actions de
chacun, mais également de développer un esprit critique et
d’initier des démarches de résolution de problème.
CHAPITRE
2 : DEMARCHE QUALITE DANS LA VALIDATION DE NETTOYAGE: LE
CYCLE C.A.P.A
La validation de
nettoyage permet de garantir la maîtrise du nettoyage du
matériel utilisé lors des procédés de fabrication des produits
cosmétiques. Pour cela, elle s’appuie sur des preuves
documentées et des données scientifiques capables de justifier
l’absence de contamination croisée.
Le but étant :
d’éliminer toutes traces de résidus (matière première,
agents de nettoyage)
d'éviter la contamination (microbienne et
olfactive)
d’obtenir un matériel visuellement, microbiologiquement
et chimiquement propre.
Ce processus de validation des procédés de nettoyage doit tout
d’abord prendre en compte la réglementation et le système de
management de la qualité afin de répondre aux exigences
clients. Une représentation visuelle du processus se trouve
ci-dessous.
Figure 3:
Représentation du processus de validation de nettoyage des
procédés [source
auteur]
Cette représentation permet d'identifier
que le processus de validation de nettoyage s'inscrit dans un
cycle d'amélioration continue. Par conséquent, la méthode
choisie pour maîtriser et améliorer la validation des procédés
de nettoyage va s'appuyer sur les cycles d'amélioration
continue de la roue de Deming (PDCA).
Ces cycles vont permettre à la fois d'intégrer les nouveaux
enjeux de l'assurance qualité et de piloter la résolution des
problèmes identifiés lors de la validation de nettoyage.
Le premier cycle sert à maîtriser la qualité : CYCLE
C.A.P.A (cycle C.A.P.D): c'est le rôle essentiel d'un
service d'assurance qualité. Il va intégrer la
réglementation et la politique de l'entreprise afin de
comprendre les besoins, analyser l'état de l'art
(documentaire et terrain) et capitaliser des données
pour arriver à l'état de maîtrise.
Le deuxième cycle sert à améliorer la validation de
nettoyage : CYCLE P.R.E.O (cycle PDCA): ce cycle va
s'intégrer au premier lors de la planification des essais,
il permettra d'intégrer l'optimisation des essais de
validation de nettoyage pour arriver à un état amélioré et
validé.
Figure 4: La méthode
C.A.P.A intégrant le cycle PDCA[source auteur]
Cette étude va ensuite étudier chaque
point des cycles en décrivant tout d’abord les généralités de
la méthode, puis un exemple concret sera détaillé dans le
chapitre des résultats.
Après plusieurs accidents industriels, il
y a eu une prise de conscience importante de la part des
autorités concernant la validation du nettoyage. Par
conséquent, l'étude de la réglementation doit être le point de
départ de toute démarche de validation de nettoyage afin de
prendre en considération les obligations réglementaires.
Dans les BPF pharmaceutiques, cette validation intervient dans
plusieurs chapitres:
- Chapitre 3 Locaux "Les
locaux et le matériel doivent être situés, conçus, construits,
adaptés et entretenus de façon à convenir au mieux aux
opérations à effectuer. Leur plan, leur agencement, leur
conception et leur utilisation doivent tendre à minimiser les
risques d'erreurs et à permettre un nettoyage et un entretien
efficace en vue d'éviter les contaminations, dont les
contaminations croisées, le dépôt de poussières ou de saletés
et, de façon générale, toute atteinte à la qualité des
produits. [10]
-
LD.15. Qualification et validation " Les opérations de
nettoyage doivent être validées en vue de confirmer
l'efficacité de la procédure de nettoyage. En général, seules
les procédures de nettoyage applicables aux surfaces de
l'équipement en contact avec les produits doivent être
validées. Une seule étude de validation peut être réalisée en
se fondant sur la méthode du pire cas, qui tient compte des
points critiques et 3 reprises consécutives donnant un
résultat favorable sont nécessaires pour prouver la validité
de la méthode".[10]
Ces chapitres sont décrits de manière beaucoup plus succincte
dans la norme ISO 22716 :
- Chapitre 5.5 Equipements, Nettoyage
et désinfection « Il convient que les
équipements fassent l’objet d’un programme approprié de
nettoyage et si nécessaire de désinfection » ; « il convient
que les agents de nettoyage et de désinfection soient
spécifiés et efficaces » ; « Lorsque les équipements sont
affectés à la production en continue ou à la production de
lots successifs d’un même produit, il convient qu’ils soient
nettoyés et si nécessaires désinfectés à intervalles
appropriés».[8]
Elle apparait également dans les textes réglementaires
américains, dont le plus important pour les produits
cosmétiques est les cGMP et dans certains guides comme «
FDA guide to inspection of validation cleaning processes »
datant de Juillet 1993 [11]. Les procédés de validation de
nettoyage sont des points critiques et font souvent l’objet
d’une question en audit.
Analyse du système documentaire associé à la
validation de nettoyage
Pour comprendre les pratiques réalisées au sein du site, il
est nécessaire d’étudier le système documentaire associé à la
validation de nettoyage de la salle de lavage; et plus
particulièrement la ou les procédures associées.
Figure 5: Le système
documentaire dans la validation de nettoyage [source auteur]
La procédure de nettoyage du matériel en
salle de lavage est le premier document clé dans la
validation du nettoyage. Elle donne l’ensemble des
informations détaillées concernant la manière de réaliser le
nettoyage afin de garantir sa reproductibilité. Cette
procédure a donc l’obligation d’être claire et précise et
doit indiquer :
le matériel à nettoyer
le matériel et les agents (détergent/désinfectant)
utilisés pour le nettoyage
le niveau de propreté attendu (critères d’acceptation)
la recette complète (temps, température, dosage) du
nettoyage qui peut être manuel, semi-automatique ou
automatique
Prendre connaissance du choix de la politique de
l’entreprise dans la stratégie de validation: Validation
Master Plan (VMP).
Le Validation Master Plan (VMP) est un document clé des BPF,
c’est une liste exhaustive de l’état qualifié et validé d’un
site de production. Il permet ainsi de définir un planning
annuel des projets de qualification et de validation à
réaliser pour maintenir l’état qualifié du site. Ce programme
est en relation directe avec la politique de l’entreprise car
c’est elle qui va définir les priorités pour l’année en
cours.
Il est basé sur une analyse préalable des risques et décrit la
cartographie de l’état du statut de validation/qualification
pour les systèmes suivants :
Équipements et utilités
Locaux
Méthodes analytiques
Procédés de fabrication
Procédés de nettoyage
Systèmes d’information
Ce document est souvent regardé par les inspecteurs pour
vérifier si la stratégie employée est conforme.
Prendre connaissance de l'état de validations du site
Un indicateur d'avancement du planning est tenu à jour par
l'Assurance Qualité site, celui-ci est utile car il permet de
connaître à tout moment l’état d’avancement de la validation de
nettoyage des procédés.
Figure 6: État des
lieux de la validation de nettoyage des procédés en salle de
lavage [source
auteur]
Historique et Changement
Dans le cadre d'une validation de
nettoyage, il est important de comprendre que cette validation
n'est pas acquise pour toute la durée de vie de l'équipement
mais au contraire qu’il s'agit d'un système dynamique. La
fabrication d’un nouveau produit sur l’équipement, une
modification permanente de l'équipement (ex: changement de
pièces) ou sur le procédé de nettoyage (ex: changement de
détergent) nécessite de revalider la totalité du nettoyage.
Ces changements sont appelés change control (CC). Ils se
basent sur l’évaluation du risque du changement, et
apparaissent dans les historiques. Consulter l'historique d'un
équipement permettra de comprendre son évolution et pourra
intervenir dans la résolution de problème dans le procédé de
validation du nettoyage.
Identifier les prérequis d’une validation de
nettoyage : [7]
L'identification des prérequis peut
s'effectuer selon la méthode des 5M :
Figure 7: Prérequis
dans la validation de nettoyage des procédés [source auteur]
1- Formation du personnel
Les personnes qui interviennent pour
valider les procédés de nettoyage doivent être formées et
habilitées :
aux Bonnes Pratiques de Fabrication applicables à leur
secteur d'activité (Fabrication, Cellule Technique, Salle
de lavage)
aux opérations de nettoyage pour les laveurs
aux opérations de prélèvements ainsi qu’aux méthodes
d’analyse pour les techniciens microbiologistes et
analytiques
à la validation du nettoyage des procédés pour le
service de l'assurance qualité
Qualification des locaux, des équipements et des
utilités:
La qualification des équipements et utilités est une opération
destinée à établir des preuves documentées qu'un équipement ou
utilité a été conçu selon les BPF, qu'il a été installé
correctement, qu'il fonctionne correctement et qu'il répond au
besoin. Pour représenter la méthode de qualification des
équipements, il est possible de l’illustrer sous forme de
cycle en V représenté ci-dessous :
Figure 8: Processus
de qualification d'un équipement selon la méthode du cycle
en V [source
auteur]
QC Qualification conception : Vérification documentée que
la conception proposée des installations, systèmes et
équipements convient aux usages auxquels ils sont destinés.
QI Qualification d'installation : Vérification documentée
que les installations, systèmes et équipements, tels qu'ils ont
été installés ou modifiés sont conformes à la conception
approuvée et aux recommandations du fabricant.
QO Qualification opérationnelle : Validation documentée
que les installations systèmes et équipements, tels qu'ils ont
été installés ou modifiés fonctionnent comme prévu sur toute la
gamme d'exploitation.
QP Qualification de performance : Vérification documentée
que les installations systèmes et équipements, tels qu'ils ont
été agencés sont en mesure de fonctionner de manière efficace et
reproductible, sur la base de la méthode opérationnelle
approuvée et de la spécification du produit.
2- Qualification des méthodes et critères d’acceptation
Les méthodes utilisées pour valider le
nettoyage sont des méthodes qui ont été validées pour des
critères d’acceptation définis.
Un critère d’acceptation est une limite numérique, étendue ou
toute autre mesure qui permet de valider les tests effectués.
Ces critères doivent être déterminés avant la validation et
peuvent être communs pour plusieurs procédés de nettoyage.
Les critères d’acceptation utilisés pour la validation de
nettoyage choisie sont spécifiques à chaque entreprise
cosmétique, mais doivent respecter les exigences
règlementaires de la Pharmacopée Européenne.
Les critères les plus utilisés sont :
Le visuellement propre : Un des premiers critères qui
signifie qu’après nettoyage aucunes traces de produit, de
solvant et d’odeur ne peuvent être détectées.
L’hygiène : Les méthodes employées sont l’écouvillonnage
de surface ou la filtration des eaux de rinçage dont le
critère d’acception est l’absence total de germes
indésirables.
Pour les méthodes analytiques dans la recherche de traces
de produits ou de résidus de produit fini : Les méthodes
utilisées sont l’HPLC, ou la titration des eaux de rinçage
avec révélation colorimétrique: le critère d’acceptation
pour ces méthodes est souvent associé au seuil de détection
du produit ou du résidu ; sauf pour l’HPLC qui est beaucoup
plus précise. A ces méthodes on peut ajouter de
l’écouvillonnage ou swabing qui permet de détecter toutes
les traces dans un seul échantillon.
3- Métrologie Pour la partie métrologie, une personne de
l'assurance qualité est dédiée à cette partie et s'assure que
l'ensemble des instruments de mesures soient calibrés. Le
fournisseur ou prestataire s’engage à respecter les BPF et doit
appartenir à un laboratoire COFRAC.
4- Recette de nettoyage et produits nettoyant homologués La recette de nettoyage fait partie d’une phase
pilote et s’appuie sur la règle T.A.C.T, qui sont les 4 critères
à prendre en compte lors d’un nettoyage.
Ces 4 critères sont :
Le Temps d’action du produit, ou le temps de contact
entre le produit (détergent ou désinfectant) avec la surface
à nettoyer
L’Action mécanique, en choisissant le type de nettoyage
(automatique, semi-automatique ou manuel)
La Concentration en choisissant les détergents et les
désinfectants les plus adaptés (ex : une action moussante
pour décoller plus facilement une produit hydrophobe)
La Température qui est en relation direct avec les
caractéristiques du détergent/désinfectant. En effet la
température doit être optimale afin de ne pas altérer leurs
actions.
Ces 4 critères appartiennent au cercle de Sinner, il faut donc
trouver un équilibre entre l’interaction de ces 4 critères. [6]
Figure 9: Cycle de
Sinner [7]
L’association de ces 4 critères va dépendre des caractéristiques
du matériel à nettoyer :
La composition du matériel (acier, inox…)
L’aspect de la surface (lisse, rugueuse, avec des
aspérités, des zones de rétention…)
L’utilisation du matériel (fréquence d’utilisation)
Le type de souillure qui sera en contact avec le matériel
Les sources de contamination (gram+, gram-, spores,
levures)
5- Aspect documentaire : Rédaction de la procédure de
nettoyage incluant la recette.
(Cf. : Analyse du système documentaire associé à la
validation de nettoyage)
6- Prendre connaissance des écarts relevés lors des
précédents audits :
Enfin, afin de maîtriser d’avantage la
validation de nettoyage, il est essentiel de s’appuyer sur les
écarts relevés lors des précédents audits. La majorité des
industriels de la cosmétique est de plus en plus inspectée par
les autorités Américaines.
Actuellement, l’entreprise CHANEL PB n’a pas encore été
auditée par la FDA. Pour s’y préparer le site a réalisé un
audit à blanc en Février 2016 pour identifier les points
majeurs à améliorer avant une réelle inspection FDA. Cet audit
a duré 3 jours, il a permis de soulever plusieurs écarts qui
sont les points de départ des actions réalisées.
Dans le tableau ci-dessous sont présentés les deux principaux
écarts relatifs à la validation de nettoyage:
N°
Ecarts
1
Les rapports de validation de nettoyage
du matériel en salle de lavage ne font pas référence
au protocole et ne permettent pas d’avoir une vision
globale des tests réalisés (stand alone document)
2
Tous les des procédés de nettoyage en
salle de lavage n’ont pas de dossier de validation
pour apporter la preuve documentée de la validation
du nettoyage.
Tableau 2 : Principaux
écarts FDA concernant la validation de nettoyage [source auteur]
Le but est donc de lever ces deux écarts constatés et démontrer
aux inspecteurs l’évolution et l’amélioration des pratiques.
L’analyse documentaire est la partie la
plus longue à réaliser puisqu’elle nécessite de nombreux pré
requis, contrairement à l’analyse de la pratique qui est
beaucoup plus courte en début de validation de nettoyage.
En effet, celle-ci va dépendre directement de l’état initial
du système documentaire étudié précédemment.
Il y a donc 2 possibilités :
Soit la procédure détaillée de la validation de nettoyage
existe ; dans ce cas il sera facile d’analyser la façon de
travailler en effectuant un audit interne.
Soit aucune procédure n’existe ou la partie concernant le
procédé de nettoyage n’est pas détaillé dans la procédure ;
dans ce cas il sera nécessaire d’interviewer les opérateurs
et leurs managers pour comprendre le travail réalisé.
Si la procédure est disponible sur le procédé de
nettoyage à valider
Il est possible de réaliser en amont des
essais préliminaires de validation, des audits internes qui
permettent d’observer les opérateurs, d’évaluer leurs façons
de travailler et de vérifier si les méthodes de travail sont
bien identiques à la procédure de validation de nettoyage.
Plusieurs audits internes peuvent être effectués :
Audit de conformité : vérification de la conformité des
activités couvertes par le référentiel choisi (Exemple:
Audit d'un nettoyage par rapport à l'instruction de
nettoyage)
Audit d'efficacité : vérification de l’efficacité des
activités et de leurs résultats permettant d’atteindre les
objectifs définis (Exemple : Audit des données du
laboratoire de microbiologie par rapport à l'objectif
d'obtenir du premier coup un matériel propre)
Audit d'adéquation: vérification de l’adéquation du
système mis en place, afin de vérifier si les exigences
permettent d’atteindre les objectifs définis. (Exemple:
Audit du système documentaire par rapport à l'objectif
d’obtenir du premier coup un matériel propre)
Ces audits permettent également de valider la reproductibilité
de la méthode notamment lors d’un nettoyage manuel mais aussi de
sensibiliser les opérateurs sur leurs rôles clés dans la
validation de nettoyage.
Si aucune procédure n’est rédigée sur le procédé de
nettoyage à valider
Dans ce cas, il est nécessaire d’aller sur
le terrain pour comprendre comment le nettoyage s’effectue au
quotidien. Une réunion avec les préparateurs, le manager, et
l’assurance qualité permet de définir de manière précise la
manière dont le matériel doit être nettoyé.
Cette réunion sert également de support à l’écriture de la
procédure de nettoyage afin que celle-ci soit le reflet de la
réalité terrain.
Une fois que la procédure sera écrite et validée, il ne sera
plus possible de la modifier sans justifier les changements
qui ont été effectués.
La validation des procédés de nettoyage
est donc une opération destinée à établir des preuves
documentées qu'un procédé de nettoyage permet d'obtenir, de
manière répétitive, la même efficacité en terme de :
Propreté visuelle (absence de trace et d’odeur)
Propreté microbiologique (absence de contamination)
Propreté physico-chimique (absence de résidus des agents
de nettoyage, des matières premières)
La validation de nettoyage s’appuie sur le second cycle du
schéma de la figure N°4 (cycle P.R.E.O) :
Planification de la validation de nettoyage : En
fonction du VMP (Cf. 9.2.1 Analyses documentaires)
Réaliser le protocole des essais de validation
Evaluer les données selon les critères
d’acceptation
Optimiser les essais si nécessaire
Réaliser le protocole et les essais de validation:
Le protocole de validation
Le protocole de validation s’appuie sur
les prérequis précédemment décrits et doit comprendre:
l’objectif de la validation du nettoyage en décrivant
son but
les acteurs et leurs responsabilités dans le processus
de validation
Les principaux acteurs sont :
l’assurance qualité (rôle dans la rédaction, la
validation et l’approbation de la validation de nettoyage)
la fabrication (rôle dans l’exécution des nettoyages)
le laboratoire d’analyse (rôle de corédacteur des
protocoles, de réalisation et d’analyse des tests)
le procédé de nettoyage qui doit décrire le mode
opératoire de la validation de nettoyage.
les équipements à nettoyer : Un inventaire du matériel
permet de définir l’homothétie des équipements et de
sélectionner l’équipement le plus représentatif pour une
même famille. Pour l'équipement sélectionné, des zones à
risques lui sont définies, celles-ci peuvent correspondre
à des zones de rétrécissements (coudes, becs), des zones
de rétention (bourrelet) et surtout à des zones où le
produit est le plus difficile à nettoyer. Ces zones à
risque définissent les lieux de prélèvement des
échantillons pour les analyses futures.
la méthode de prélèvement : Les deux méthodes de
prélèvement qui sont les plus fréquemment utilisées pour
la validation de nettoyage sont:
Par écouvillonnage : contrôle des zones difficiles
d’accès (joints, vannes…) pour valider le
microbiologiquement propre.
Par rinçage : contrôle des eaux de rinçage pour
valider le chimiquement propre
les tests qui seront effectués pour valider le
visuellement propre, le microbiologiquement propre et le
chimiquement propre.
les méthodes d’analyse des résultats
Les critères d'acceptation qui sont définis et choisis
précédemment
la méthodologie utilisée : La validation de nettoyage
s’appuie sur la méthode des Worst Case (WC) c’est-à-dire
du pire des cas. Cela consiste principalement à identifier
pour un équipement donné "le produit" le plus difficile à
nettoyer. Si le nettoyage de l’équipement est validé pour
ce produit il le sera pour les autres produits utilisés.
Pour chaque famille, le cas le plus défavorable est identifié
et sert de référence pour réaliser les opérations de
validation. Cette méthode permet de réduire les coûts en
diminuant le nombre d’essais de validation de nettoyage.
Figure 10: Critères de
détermination des Worst Case [source auteur]
Les durées de stockage qui correspond au temps propre
(temps maximum durant lequel le matériel est toujours
considéré comme propre) et au temps sale (temps maximum
d’attente avant de procéder au nettoyage).
Les essais de validation
Cette étape consiste, une fois le worst case et la gamme
opératoire définis, à s'assurer de la répétabilité du procédé.
Pour se faire, des essais consécutifs sont réalisés dans les
conditions du worst case sur un équipement du même groupe. Le
nombre d’essais minimum est de 3 et doivent être effectués
par une personne différente afin d’assurer la répétabilité de la
méthode.
A chaque essai, une fiche de tests est complétée et sera
associée au rapport de validation de nettoyage.
Ces fiches de tests comprennent :
Le nom de la personne qui a réalisé le nettoyage
La date du nettoyage
Les différentes étapes du nettoyage avec les données
relevées (ex : température)
L’ensemble des données brutes de l’essai de
validation
Les documents associés (gamme de nettoyage qui fige
l’état de validation)
Ces fiches sont les preuves de la validation de nettoyage, elles
doivent donc être complètes, lisibles, indélébiles et précises.
Evaluer les résultats et rédiger le rapport
L’analyse des résultats est effectuée, soit par le laboratoire
analytique soit par un laboratoire prestataire, et consiste à
vérifier la conformité des résultats avec les critères
d’acceptation.
Il y a trois résultats possibles :
Soit l’ensemble des essais est conforme ; dans ce cas le
procédé de nettoyage est validé.
Soit les essais ne sont pas tous conformes ; dans ce cas
on peut avoir une validation partielle du procédé (par
exemple le microbiologiquement propre peut être validé sans
que le physico-chimique le soit) et des essais
complémentaires devront être réalisés pour obtenir une
validation complète.
Soit les essais présentent trop de non-conformités ; dans
ce cas l’essai n’est pas validé.
L’analyse des résultats entraine la rédaction du dernier
document manquant au dossier de validation : le rapport de
validation.
Ce rapport va devoir répondre à l’ensemble
des exigences du protocole précédemment rédigé. Pour cela il
rappellera les points clés du protocole (rappels des
équipements de nettoyage, des équipements à nettoyer, de la
recette de nettoyage, de la méthodologie employée, des
conditions de validité du nettoyage) et devra ajouter :
Un résumé des données brutes des résultats obtenus dans
les fiches de tests
Les déviations détectées lors du nettoyage, leurs
impacts, leur état bloquant ou non pour la validation de
nettoyage
La conclusion finale et la présence ou non de réserve
sur cette validation
Optimiser les essais de validation
1- En début de validation :
Essais préliminaires
Cette étape consiste à réaliser plusieurs essais dit «
préliminaires », ceci dans le but de définir le worst case et
d’optimiser le procédé de nettoyage et sa mise en œuvre.
Au cours des essais préliminaires, la gamme de nettoyage peut
être modifiée de façon manuscrite, en notant les opérations
réalisées, dans le but d’obtenir un résultat visuellement
propre (celui-ci devra être visé et daté par le service
qualité).
2- En cours de validation :
Gestion des anomalies et déviations
Dans le cas d’une non-validation ou d’une validation
partielle, des fiches anomalie ou de déviation vont être
déclarées. L’ouverture de ces fiches va entrainer une analyse
des causes afin de déterminer l’origine du problème (la cause
racine) et d’optimiser les essais de validation. Ceci dans le
but d’obtenir la validation complète du procédé.
Figure 11: Gestion des fiches d’anomalie ou de déviation [source auteur]
Agir pour démontrer sa performance, sa
reproductibilité et sa fiabilité dans la méthode choisie
1- Quotidiennement
Nous avons vu précédemment que la
validation de nettoyage est dynamique et n'est pas acquise
pour toute la durée de vie de l’équipement. En effet, au
quotidien un procédé de nettoyage validé peut rapidement être
obsolète. Cette obsolescence peut être liée à :
Un changement de produit (nouveau produit)
Un changement de l'équipement total ou partiel (pièces
critiques)
Un équipement qui n'est plus qualifié
Un changement de paramètre dans le procédé de nettoyage
(ex: température de l'eau)
Un changement de désinfectant ou de détergent
Une mauvaise réflexion du protocole
L'apparition d'un nouveau Worst Case
C'est pourquoi il est nécessaire d'être informé de tout
changement lié à la validation du procédé de nettoyage et de
suivre les éléments critiques qui entraineraient la perte du
maintien de l'état validé.
Pour cela des outils peuvent être utilisés comme:
L'analyse de risque des éléments critiques d'un
équipement
Des formulaires de suivi des changements
2- Annuellement
Dans la validation de nettoyage l'étape
qui consiste à maintenir un état validé du procédé de
nettoyage s’appelle la revalidation. Celle-ci consiste à
effectuer une surveillance annuelle du procédé de nettoyage.
Le maintien de l'état validé se base sur la validation d'un
essai en s'appuyant sur les documents qui ont servi à la
validation initiale, c’est-à-dire la procédure et le
protocole.
Mais l'état validé est également prononcé sur la base d'une
revue, des réclamations, des déviations et des résultats hors
spécifications liés aux procédés de nettoyage.
Au cours de cette revue la nécessité de mettre à jour ou
revalider certains éléments est évaluée afin d’assurer et
d’apporter la preuve du maintien de l’état validé. À la vue
des résultats obtenus, l’état de validation est maintenu ou
non.
Capitaliser en améliorant l'existant et en
communicant : Gestion documentaire
Lors d'une validation de nettoyage, les
documents existants peuvent être modifiés ou être supprimés
dans un but d'amélioration continue et plus particulièrement
de passer d'une étape de contrôle à une étape supplémentaire
dans la maîtrise du processus.
Ces modifications concernent principalement le système
documentaire et peuvent provenir de réflexion lors de
réunions, lors d’essais mais peuvent aussi venir d'erreurs qui
ont été soulevées. Au niveau du système documentaire, un
historique des modifications permet de voir l'amélioration
entre l'état initial du document et ce qu'il est devenu.
Assurer une veille documentaire permet d'assurer une meilleure
traçabilité de l'information, du travail accompli et est la
preuve de l'amélioration continue. Elle assure également le
rôle de communication auprès du personnel concerné par
les modifications.
Figure 12: Cycle de vie d'un document [source auteur]
11.1
Application à un cas concret : la validation de
nettoyage des fondoirs mobiles
Problématique
D'après le VMP, les fondoirs mobiles du
site font partie des équipements pour lesquels il n’existe pas
de preuve documentée de l’efficacité de nettoyage. Dans un
contexte d'inspection mais aussi pour vérifier que le
nettoyage des fondoirs mobiles est bien maîtrisé, le projet de
validation de nettoyage de ces équipements a donc été engagé.
Afin d'éviter des coûts trop onéreux et un délai de validation
trop long, il a été décidé d'effectuer une validation de
nettoyage en groupant l'ensemble des fondoirs mobiles. De
plus, les fondoirs mobiles interviennent dans de nombreux
procédés de fabrication ce qui rend la validation de nettoyage
produit par produit difficilement réalisable.
Figure 14:
Présentation d'un fondoir mobile utilisé pour la production
de produit de soins [source auteur]
L'objectif est donc d'apporter les preuves
documentées que le procédé de nettoyage des fondoirs mobiles
est capable de nettoyer et de désinfecter de manière efficace
et reproductible l'ensemble des fondoirs mobiles.
Ce projet fait intervenir la responsabilité de plusieurs
secteurs :
l'assurance qualité
la fabrication
le laboratoire microbiologique
la salle de lavage
Analyse documentaire
1- De la procédure de nettoyage des fondoirs mobiles
L'ensemble du procédé de nettoyage des fondoirs mobiles est
discuté lors de la réunion entre le responsable de la salle de
lavage, les laveurs et le responsable du laboratoire.
Il s'agit d'un nettoyage 100% manuel, avec 6 étapes :
Prélavage (eau adoucie chaude)
Nettoyage (eau adoucie chaude + détergent) avec brossage
des parois, de l'agitateur et nettoyage de la vanne de
fond par un goupillon
Rinçage à l'eau adoucie chaude
Désinfection par la station de désinfection
Rinçage à l'eau adoucie chaude
Séchage
Suite à cette réunion la procédure de nettoyage est mise à
jour avec le procédé de nettoyage des fondoirs mobiles.
2- Des prérequis
L'ensemble des prérequis essentiels à la validation de
nettoyage sont ensuite vérifiés et sont représentés dans le
schéma ci-dessous :
Figure 15: Application
de la méthode 5M pour valider les prérequis [source auteur]
Après les avoir énuméré, il est nécessaire
de les valider. Tous sont validés sauf deux prérequis qui ont
nécessité soit une investigation soit des actions
supplémentaires pour pouvoir s'engager dans la validation de
nettoyage :
La formation des opérateurs pour le nettoyage des
fondoirs mobiles n'est pas formalisée .La validation de la
formation de l'opérateur a donc été validée en s'appuyant
sur la fiche de poste et à sa prise des connaissances des
procédures (notamment la procédure de nettoyage des
équipements en salle de lavage).
La qualification de la station de désinfection est
absente : Celle-ci a été effectuée dans le but de vérifier
la bonne quantité de désinfectant délivrée par la station
de désinfection.
Analyse des pratiques
Un audit de conformité du nettoyage d'un
fondoir mobile est effectué pour trois raisons :
Vérifier que la procédure de nettoyage des fondoirs
mobiles est bien respectée et qu'il n'y a pas de dérive
dans la pratique quotidienne du nettoyage. Mais aussi
vérifier que la procédure est bien écrite et qu'il ne
manque pas d'étape ou de détail important.
Rappeler aux opérateurs leurs rôles dans la validation
de nettoyage et l'importance d'avoir une pratique
standardisée.
Faciliter la rédaction du protocole de validation des
fondoirs notamment pour visualiser le matériel à nettoyer
(les zones à risques et les parties démontables des
fondoirs) et comprendre d'avantage les étapes du procédé
de nettoyage.
Rédaction du protocole de validation
Le but de ce protocole est de décrire de manière précise et
détaillée, le déroulement de la validation de nettoyage des
fondoirs mobiles.
1- L'identification des WC :
La stratégie employée décidée, est basée
sur l'identification des worst case, ainsi pour la validation
de nettoyage des fondoirs mobiles 3 worst case sont identifiés
:
WC Équipement : Celui-ci est déterminé lors de la
réunion de validation de nettoyage suite à la réalisation
d'un inventaire des fondoirs mobiles utilisés en
fabrication. Le fondoir sélectionné est celui qui a la
contenance la plus grande et qui possède une vanne de fond
non démontable car ces 2 critères font qu'il sera plus
difficile à nettoyer qu'un autre.
WC Produit : Celui-ci est déterminé en fonction
de l'expérience des préparateurs, des laveurs, du
responsable process et du responsable du secteur
fabrication. Après analyse c'est la phase d'un produit UV
qui est choisi en WC car celui-contient des oxydes de zinc
et des filtres solaires qui sont très difficiles à
nettoyer.
WC Procédé : Celui-ci est déterminé suite à
l'analyse des pratiques en salle de lavage. En effet la
forte consommation d'eau peut entrainer des variations de
température, c'est pour cela que la validation de
nettoyage est effectuée avec de l'eau froide. Si le
nettoyage est validé avec de l'eau froide, l'eau chaude ne
pourra être que favorable à l’efficacité du nettoyage.
2- Les points de prélèvements :
En accord avec le responsable de
l'assurance qualité et le technicien de microbiologie, les
points de prélèvement correspondent aux zones critiques de
l'équipement. Ces zones critiques sont les zones identifiées
comme étant les zones les plus difficiles d'accès pour le
nettoyage et sont identiques pour l'ensemble des fondoirs
mobiles.
3 zones critiques sont identifiées :
Les parois : car c'est la surface la plus grande à
nettoyer, le risque est d'avoir un nettoyage non homogène.
La vanne de fond : car c'est la zone la plus basse de
l'équipement avec une forte concentration de produit. Par
conséquent c'est une zone où par gravité les particules
peuvent se retrouver piégées.
L'hélice : car elle présente de nombreux recoins
difficiles à nettoyer.
3- Les méthodes de prélèvements :
Afin d'identifier les germes et récupérer
les traces potentielles de produit cosmétique ou de produit
nettoyant restés après nettoyage et séchage des fondoirs
mobiles, il est nécessaire d'utiliser des méthodes de
prélèvement efficaces.
L'analyse des différentes méthodes de prélèvement est réalisée
en amont par l'assurance qualité centrale, et existe depuis
les débuts de la validation de nettoyage.
Cette analyse précise que :
L’écouvillonnage est le moyen de prélèvement le plus
adapté pour identifier la présence de contamination.
La récupération des eaux de rinçage est la plus adaptée
pour la recherche de traces et aussi pour les zones
difficiles d'accès.
Ainsi pour un essai de validation : 3 écouvillonnages sont
réalisés sur les 3 zones à risque et 20L d'eau de produit sont
utilisés pour l'analyse des eaux de rinçage.
4- Les analyses et leurs critères d'acceptation :
Les méthodes d'analyses pour la validation
de nettoyage des fondoirs mobiles sont sélectionnées sur les
critères de choix suivants:
Des exigences réglementaires
Des moyens disponibles sur site (utilisation des
méthodes d'analyses utilisées en routine par le
laboratoire et validées par l'entreprise)
De la précision des méthodes à détecter les particules
souhaitées afin de garantir la spécificité, la
sensibilité, l'exactitude et la durée d'exécution de
l'analyse
De faciliter la mise en œuvre de la méthode
Pour les analyses microbiologiques deux méthodes sont
choisies :
Méthode de contrôle microbiologique par filtation des
eaux de rinçage
Méthode de contrôle des surfaces
Pour les analyses physico-chimiques trois méthodes sont
choisies :
Méthode de la conductivité
Méthode de recherche des substances oxydables par
titration
Méthode de recherche des traces de produits nettoyant
par HPLC, par titrage, par bandelette
Ces méthodes sont soit quantitatives soit qualitatives et sont
comparées aux critères d'acceptation présentés dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 3: Les
critères d'acception utilisés pour la validation de
nettoyage des fondoirs mobiles [source auteur]
Déroulement des essais, optimisation et validation :
Un premier essai est effectué avant la
validation finale du protocole. Cet essai est dit
"préliminaire" car il permet d'optimiser le protocole en
soulevant trois points d'amélioration :
La validation du temps propre : en effet il est
important de définir ces durées de manière optimale car un
matériel qui dépasse ce temps ne pourra pas être utilisé
avant d'être à nouveau nettoyé. Les fondoirs mobiles sont
des équipements utilisés quotidiennement, la validation du
temps propre est donc effectuée sur le temps d'un
week-end.
La validation du temps sale : Ce temps correspond au
temps d'attente avant nettoyage. Il était initialement
fixé à 5min, il est irréaliste car des fondoirs peuvent
attendre plus de 5 min dans le SAS avant d'être lavés. Ce
temps est donc allongé à 30min.
Le nombre de zones à risques qui au départ n'étaient que
2 sont passées à trois après cet essai avec ajout de
l'hélice (élément majeur du fondoir mobile et au cœur du
produit cosmétique lors de la fabrication).
Après finalisation du protocole et validation par l'ensemble
des parties concernées, les essais sont réalisés par le
technicien du laboratoire de microbiologie.
Bien que la réglementation n'exige que 3 essais concécutifs
pour la validation du nettoyage, 4 essais sont réalisés pour
valider la reproductibilité d'un nettoyage 100% manuel.
Il faut savoir que la validation de nettoyage est un processus
qui peut être très long car il dépend de nombreux facteurs:
le temps d'analyse des résultats (un mois de délai
environ pour les analyses choisies).
la fréquence de fabrication du produit choisi identifié
comme WC (pour les fondoirs mobiles, la prochaine
fabrication est prévue en Septembre). Il est donc décidé
de réevaluer le WC produit pour identifier un nouveau WC
avec des délais de fabrication plus courts.
la disponibilité de l'équipement (pour un temps propre
qui doit être validé à 1 mois, cela signifie que les
prélèvements seront réalisés un mois après le nettoyage et
par conséquent que l'équipement ne peut pas être utilisé
entre temps).
Afin de présenter l'analyse des résultats, un tableau de
synthèse (ci-dessous) est et sera complété au fur et à mesure
des 4 essais de validation.
L'essai préliminaire n'est habituellement pas représenté dans
ce tableau, il est ajouté uniquement dans le but d'avoir une
vision concrète des résultats obtenus.
Tableau 4: Résultats
pour la validation de nettoyage des fondoirs mobiles [source auteur]
Rédaction du rapport et création du dossier de
validation :
La rédaction du rapport est de la responsabilité du service de
l'assurance qualité, celui-ci est rédigé lorsque les 4 essais de
validation ont apportés les preuves suffisantes de l'efficacité
et de la reproductibilité de la méthode, avec 100 % de
conformité.
Ce rapport est validé par l'ensemble des responsables
participant à la démarche de validation de nettoyage puis
diffusé aux personnes concernées pour information et
application.
Le statut du nettoyage est alors modifié dans les VMP et passe
d’un statut non validé à un statut validé.
Le dossier de validation est alors contruit avec les éléments
suivants :
Procédure détaillée décrivant la méthode ou la recette
ainsi que les paramètres choisis
Documents de suivi
Méthodes analytiques et leur validation
Protocole de validation
Protocole de prélèvement
Feuilles de tests et résultats ainsi qu’un résumé associé
Rapport de validation
Fiches de déviation
Changes control (futurs)
Ce dossier fige l'ensemble des paramètres fixés initialement par
la procédure de validation, tout changement ou modification de
gamme entrainera un change control qui devra à son tour être
évalué comme impactant ou non pour la validation du nettoyage
des fondoirs mobiles.
Pour rappel, la problématique définie
initialement dans le chapitre I, est de diminuer le nombre
d'écarts obtenus suite à l'inspection à blanc FDA de Février
2016 dans le but d'avoir une meilleure maîtrise des procédés
de validation de nettoyage en apportant des preuves
documentées et validées par les autorités compétentes.
Grâce à la méthode détaillée dans le chapitre 2 et à son
application aux différents protocoles de validation de
nettoyage, l'ensemble des écarts FDA sont clôturés.
Ainsi, dans le tableau ci-dessous sont représentés les écarts
initialement observés et les actions apportées.
Revue des écarts FDA :
N°
Ecarts
Corrections apportées
1
Les rapports de
validation de nettoyage du matériel en salle de lavage
ne font pas référence au protocole et ne permettent
pas d’avoir une vision globale des tests réalisés
(stand alone document).
Les rapports de
validation sont améliorés, une nouvelle version
du rapport est créée avec:
-Un descriptif plus complet et précis de la
méthodologie utilisée.
-Un tableau de synthèse comprenant l'ensemble
des données brutes des analyses effectuées pour
avoir une vision globale des résultats obtenus.
Cf. Tab N°4
-Une conclusion détaillée reprenant les
objectifs du protocole
2
L’ensemble des procédés de
nettoyage en salle de lavage n’a pas de dossier de
validation pour apporter la preuve documentée de
l’efficacité du nettoyage.
Un nouveau
dossier de validation des procédés de nettoyage est
construit avec:
-
Un nouveau protocole de validation: une trame est
élaborée pour les nouveaux procédés de validation.
Pour les protocoles déjà rédigés, les informations
manquantes sont ajoutées dans le rapport de
validation.
-
Une fiche de test détaillée: une nouvelle trame est
également élaborée pour permette une meilleure
traçabilité des données brutes des essais.
Pour les anciens essais, le tableau de synthèse décrit
dans l'écart N°1 est utilisé.
-
Un rapport de validation complet et précis avec le
tableau de synthèse et une conclusion détaillée
Tableau 5:
Améliorations apportées pour répondre aux écarts FDA [source auteur]
Toutes ces améliorations sont apportées grâce à la démarche de
validation de nettoyage et aux missions effectuées en parallèle
qui sont développées très succinctement dans ce sujet et qui
concerne:
Les audits internes d'efficacité, plusieurs audits sont
réalisés en parallèle pour valider l'ensemble des rapports
de validation de nettoyage
La reprononciation de l'état qualifié des équipements est
également effectuée en parallèle de la validation de
nettoyage notamment pour d'autres équipements non détaillés
dans cette étude qui sont les machines de fabrication des
produits de soins
Cette méthode permet également de faire évoluer l'état de
validation des procédés de nettoyage présents dans le VMP. Une
représentation extrapolée sous forme de diagramme de l'état de
validation des procédés de nettoyage entre le début du stage et
la fin du stage est montrée ci-dessous.
Revue du nombre de procédés de nettoyage validés :
Figure 16: Etat des
lieux de la validation de nettoyage des procédés en début de
stage [source auteur]
Figure 17: Etat des lieux de la validation des procédés
attendu à la fin de stage [source auteur]
L'obligation pour les industriels de la cosmétique à répondre
à la fois aux exigences réglementaires pharmaceutiques et
cosmétiques implique la maîtrise de la validation de nettoyage
afin de prouver son efficacité, sa reproductibilité et son
contrôle.
Ce projet a donc nécessité d'étudier ces exigences
règlementaires mais surtout d'analyser de manière approfondie
la démarche de validation de nettoyage afin d'en comprendre
les points essentiels et critiques pour ensuite y apporter les
améliorations nécessaires.
Au final, ce projet a permis de faire évoluer la démarche de
validation de nettoyage d'un état de contrôle à un état de
maîtrise notamment en améliorant l'ensemble du système
documentaire associé mais aussi en validant plusieurs dossiers
de validation de nettoyage. L'état de maîtrise permet alors
d'apporter les réponses attendues aux écarts initialement
soulevés par l'audit FDA.
De manière plus générale, la démarche appliquée ici pour
améliorer les pratiques dans la validation de nettoyage pourra
être transposée à d'autres validations de nettoyage en interne
mais aussi être adaptée par d'autres entreprises en fonction
de leurs spécificités ou de leurs exigences.
D'un point de vue plus personnel, ce sujet m'a permis de
finaliser ma formation en développant mes compétences dans les
4 domaines qui correspondent aux 4 objectifs du master.
En effet, il m'a permis de développer mes aptitudes
d'adaptation à un environnement de travail inconnu en
développant mes compétences techniques sur les équipements
utilisés en cosmétique. J'ai pu également développer mes
compétences en gestion de projet et communication pour
mettre en place une démarche qualité efficace.
[1] "Chiffres clés", en ligne, disponible Site internet de
Cosmétic-valley, www.cosmetic-valley.com. Consulté en Mars 2016
[2] "Rapport d'activité 2014- Marché cosmétique", en ligne,
disponible sur www.loreal-finance.com. Consulté en Avril 2016
[3] "Réglementation des produits cosmétiques –
Questions/réponses du 11/04/2016", en ligne, disponible sur
www.ansm.sante.fr. Consulté en Avril 2016
[4] "Réglementation des cosmétiques - faq", en ligne, disponible
sur www.afnor.org Consulté en Avril 2016
[5] "Semaine-industrie - activites-industrielles -
beaute-cosmetique", en ligne, disponible sur
www.entreprises.gouv.fr. Consulté en Avril 2016
Thèses :
[6] A. Barricault, « Validation de nettoyage dans l'industrie
pharmaceutique : cas pratique d'un projet de changement de
nettoyage d'agent de nettoyage », U.F.R des Sciences
Pharmaceutiques de Bordeau, Diplôme d'état de docteur en
pharmacie, réf n°121, novembre 2014. Consulté en Mars 2016
[7] C. Bolzan, « La validation de nettoyage en industrie
pharmaceutique : validation des prérequis, principe et
application au cas particulier d'une centrale de pesées »,
Université Henri Poincaré- Nancy 1, Diplôme d'état de docteur en
pharmacie, décembre 2008. Consulté en Mars 2016
Textes réglementaires :
[8] Norme, « NF EN ISO 22716 Cosmétiques - Bonnes Pratiques de
Fabrication (BPF) - Lignes directrices relatives aux Bonnes
Pratiques de Fabrication ». Afnor, www.afnor.org, 01-janv-2008.
Consulté en Mars 2016
[9] Texte réglementaire, « Code de la santé publique, Article
L5131-1 ». Legifrance, www.legifrance.gouv.fr, Consulté en Avril
2016
[10] Texte réglementaire, « Décision du 4 décembre 2016 relatif
aux bonnes pratiques de fabrication». Legifrance,
www.legifrance.gouv.fr, Consulté en Mars 2016
[11] Texte réglementaire, « Guide to inspections of validation
cleaning processes ». FDA, www.fda.gov, Consulté en Avril 2016
[12] Texte réglementaire, « Règlement (CE) n°1223/2009 du
parlement européen et du conseil du 30 novembre 2009 relatif aux
produits cosmétiques, Parlement européen ». Publié dans le
Journal Officiel de l’Union Européenne du 22 décembre 2009
(L342/59 à L342/209). Consulté en Avril 2016