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Quatrième de couverture

Aux amateurs de littérature numérique, le web offre en deux clics l’œuvre et son envers, son mystère et une partie de ses clefs, le spectacle et sa machinerie intellectuelle ou technique. Qu’on l’appelle « littérature électronique », « e-littérature », « cyberlittérature » ou « littérature numérique », cette littérature n’aurait pas de réalité sans le support numérique et le dispositif informatique, grâce auxquels l’œuvre est produite, lue et souvent agie.

L’ambition de cet ouvrage est de faire entrer le lecteur dans l’univers des œuvres numériques, en interrogeant au passage le modèle classique de l’édition. Les auteurs ont choisi d’observer deux dispositifs collectifs : autrement dit, deux lieux sur le web où deux communautés d’acteurs livrent simultanément quelques-unes des clefs essentielles de leur raison sociale dans le domaine littéraire en ligne. Du territoire occupé sur le réseau au geste d’une écriture qui revendique son originalité, en passant par la possible émergence d’un modèle inédit d’édition, il ne s’agit pas moins que de se demander si, finalement, ce que l’on désigne par « littérature numérique » n’est pas l’expression d’un nouveau paradigme pour la littérature.

Introduction de l'ouvrage

Aux amateurs de littérature numérique, le web offre en deux clics l’œuvre et son envers, son mystère et une partie de ses clefs, le spectacle et sa machinerie intellectuelle ou technique.

Cette dualité de points de vue est un des caractères constitutifs du web, qui peut être considéré, à la fois, comme le domaine par excellence de l’instantané et de l’interaction et comme le lieu d’une myriade de mémoires et de stockage de traces. Elle se décline de multiples façons, et certains en usent savamment : le blog du journaliste nous guide dans les coulisses de l’information diffusée par les médias ; le site de l’homme politique s’ouvre à des propos plus personnels ; on suit au jour le jour les périples d’une expédition tandis que National Geographic nous en livre la contribution scientifique. Certes, ces envers sont aussi des mises en scène, mais le web s’en nourrit comme nul autre « système d’information » avant lui.

L’étude proposée a été fortement motivée par le désir d’observer cet envers du décor, dans un domaine, la « littérature numérique », qui a largement exploité depuis les débuts de l’informatique nombre de solutions astucieuses et fascinantes où dialoguent l’acte d’écrire (y compris du code) et son produit final. Au point, d’ailleurs, de confondre explicitement parfois les deux, dans le cas des œuvres ouvertes et collaboratives en réseau. La présence du domaine de la littérature (« numérique » ou non) sur le web semble d’ailleurs très marquée par l’exercice de ce dialogue : les « ateliers d’écriture » en ligne y fleurissent ; certaines grandes maisons d’édition incitent les auteurs publiés à alimenter un site web personnel ; des écrivains mobilisent le réseau pour faire état de l’avancement de leurs œuvres dans une perspective génétique, tandis que des cercles de lecteurs avertis disposent eux aussi de forums, de newsletters ou de blogs. Mais plus encore : le web, comme système hypertexte décentralisé et ouvert, assure souvent, dans un même espace informationnel, le couplage des pratiques et des productions, la coexistence des formes artistiques et de leurs systèmes de médiation.

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C’est sur cet horizon encore peu exploré que s’est focalisée notre étude : le désir d’observer « la littérature à l’œuvre » sur réseau numérique. En ce sens, il faut la considérer comme un aspect complémentaire d’études déjà publiées ici même dans cette collection : L’Outre Lecture (1) , par exemple, s’est interrogée sur les modalités de la « lecture » sur le web ; Lire, écrire, récrire (2) analyse les formats sémiotiques des « écrits d’écran ». Cette fois-ci, nous voudrions emmener notre lecteur dans quelques lieux du réseau où des « acteurs » ou des « praticiens » de la littérature se définissent, individuellement ou collectivement, se rencontrent (eux ou leur public), construisent des projets communs en nous laissant la possibilité d’observer l’atelier technique et social de « l’œuvre » et les parcours « d’auteurs ». Il faut avouer que nous contribuons ainsi à l’enthousiasme général des chercheurs en Sciences Humaines et Sociales pour l’étude de la « vie sociale » sur les réseaux, le web offrant un terrain riche de données d’usages, accessibles comme jamais auparavant. « Communautés de joueurs en ligne », « cercles de bloggeurs politiques », « réseaux d’acteurs de la démocratie participative » ou encore « cercles de consommateurs » : qui n’a pas encore fait aujourd’hui du web son terrain d’observation où sont prélevées, décrites et formalisées théoriquement les traces de l‘activité en ligne ?

Dans notre cas, c’est vers les processus d’édition et de diffusion des œuvres littéraires sur le web que s’est portée notre attention : comment s’y définissent les acteurs ? A travers quels types de formatage ou de filtrage une œuvre est-elle polie, lissée ? A quel titre, et par quels mécanismes, « auteurs » et « lecteurs » se définissent-ils ? Les modèles de sociabilité qu’ils engagent sur le web sont-ils hérités des pratiques d’édition imprimée ? Sinon, comment se renouvellent les « formes politiques » ou « sociales » de l’édition en ligne ?

Pour interroger les modes de sociabilité associés aux pratiques éditoriales en ligne nous avons choisi de focaliser notre attention sur un dispositif collectif, e-critures.org, qui regroupe certains acteurs de la « littérature numérique ». Les raisons de ce choix sont multiples, en commençant peut-être par l’intérêt que nous portons à ce champ de pratiques originales depuis quelques temps (3). Qu’on l’appelle « littérature informatique », « littérature électronique », « e-littérature », « cyberlittérature » ou « littérature numérique », il semble se caractériser par une sorte de tradition de l’innovation formelle et théorique propice à nos investigations. Depuis plus de trente ans, des auteurs créent des œuvres littéraires sur ordinateur. Leur l’objectif n’est pas de diffuser des textes littéraires sur un support électronique, CD-ROM ou site web, mais de réaliser des œuvres spécifiquement conçues pour le numérique, en s’efforçant d’exploiter certaines de ses caractéristiques : technologie hypertexte, dimension multimédia, interactivité... On pourrait penser à la transposition d’ouvrages de la collection « Un livre dont VOUS êtes le héros », qui proposent au lecteur de choisir entre plusieurs parcours possibles ; la technologie hypertexte permet en effet de mettre en place de telles histoires à structure arborescente. En fait, les voies explorées par les œuvres de littérature numérique s’avèrent plus diversifiées : elles peuvent bien sûr prendre la forme de récits hypertextuels, mais également de poèmes animés, d’œuvres fondées sur le principe de la génération de texte, de créations collectives en ligne... Dans tous ces cas, l’œuvre a été produite avec un ordinateur et c’est via un ordinateur qu’elle sera lue et souvent agie. Cette « littérature » n’aurait donc pas de réalité sans le support numérique et le dispositif informatique, d’où le terme « numérique ». L’avènement du web comme réseau hypertexte ouvert et à grande échelle est venu renouveler ces dernières années les premiers cadres de la littérature numérique, et il ne nous est pas apparu abusif de parler d’un courant spécifiquement dédié à l’exploitation de ses propriétés.

Il nous semblait également utile de contribuer au repérage d’œuvres, d’auteurs, de public(s) ou de mécanismes d’édition sur le web pour enrichir les références déjà connues du domaine ou pour répondre aux questions que se posent légitimement documentalistes ou bibliothécaires sur la nature et l’étendue de ces pratiques. Or l’enquête nous offrait précisément la chance de voir à l’œuvre une communauté d’acteurs tournés résolument vers l’exploitation artistique des potentialités du réseau et des dispositifs numériques.

Mais, comme notre lecteur l’aura déjà noté, les guillemets sont souvent de mise quand nous voulons parler d’« auteurs », de « lecteurs », d’« œuvres », d’« édition » ou de « littérature » de ce nouveau domaine très éloigné des notions habituelles de pièce de poésie, de roman ou de nouvelle. A notre sens, ces guillemets traduisent le double enjeu de l’enquête, et résument presque l’ensemble de ses objectifs. En premier lieu, ils représentent nos hésitations (ou celles aussi parfois des acteurs eux-mêmes) à projeter sur des pratiques aussi inédites les formes conceptuelles par lesquelles on conçoit spontanément l’œuvre littéraire et ses cadres socio-techniques. C’est au contact de la littérature numérique (au moins autant que dans certaines expériences de la littérature moderne au XXe siècle) que l’on s’aperçoit combien notre vocabulaire et notre découpage des mots en choses ont contribué à naturaliser une configuration qui a longtemps semblé aller de soi : l’œuvre littéraire a des qualités linguistiques formelles, se donne matériellement sous la forme d’un « texte » incarné sur un support, elle est le produit d’auteurs, elle est évaluée (sous une forme ou sous une autre), classée en genres ou en familles, diffusée (en général sous forme imprimée) et, enfin, lue ou déchiffrée par un public (on l’espère conquis). Les œuvres numériques interrogent parfois profondément, on le verra, l’ensemble de ces cadres conceptuels mais aussi les rôles des acteurs ou la dimension technique des dispositifs d’édition. Dans le cadre de notre étude, l’important fut de repérer les indices techniques, discursifs et symboliques de l’intensité de ce débat fécond sur les formes de l’œuvre littéraire ou artistique, dévoilant à l’observateur à partir d’e-critures cet « envers » matérialisé par des dispositifs, des arguments, des discussions ou des polémiques. ll ne s’agit donc pas de trouver ce qu’est la littérature numérique mais de comprendre les débats qui accompagnent ses pratiques, les rôles que les acteurs s’y voient jouer, de décrire les dispositifs techniques (et les scénarios) par lesquels on l’appréhende et les rouages, parfois inédits, de son édition.

Mais nos guillemets montrent aussi à coup sûr combien les « œuvres » rencontrées ne sont pas toujours reconnues ou socialement légitimées. C’est aussi cet « extérieur » de la littérature numérique qu’il nous a fallu qualifier en s’attachant à explorer un second dispositif, ecrits-vains.com, lui aussi dédié à l’édition en ligne d’œuvres littéraires et artistiques, mais calé sur des canons plus traditionnels et plus proches des mécanismes sociotechniques éprouvés dans le domaine de l’édition imprimée. L’objectif n’est pas ici de trouver les traces d’une polémique entre deux champs (qui n’aurait d’ailleurs pas d’intérêt dans le cadre de nos objectifs) mais seulement de construire une approche contrastive entre deux types de pratiques éditoriales et, formellement, de produits artistiques. Autrement dit, deux lieux sur le web où deux communautés d’acteurs nous livrent simultanément quelques-unes des clefs essentielles de leur raison sociale dans le domaine littéraire en ligne. D’e-critures.org à ecrits-vains.com, on peut ainsi parcourir cette partie du web francophone dédié aux pratiques littéraires et essayer de les classer en types éditoriaux. Constituer ces deux dispositifs à vocation collective comme terrains d’observation paraissait ouvrir a priori sur des différences très marquées mais, rapidement, il a fallu reconnaître la richesse des usages du réseau, les profondes complémentarités qui peuvent associer numérique et imprimé, la complexité des liens et des formes de sociabilité que les deux communautés se sont données sur le réseau mais aussi au dehors.

Il reste que les e-crituriens ont peuplé le réseau très tôt. Ils semblent s’y être installés comme à demeure, exploitant cette fois à grande échelle un univers numérique dont ils connaissent les potentialités diégétiques ou esthétiques. Le réseau, pour eux, s’annonce comme une finalité, une forme d’épreuve d’où peuvent germer de nouvelles pistes fécondes, d’autres vite abandonnées. Il semble qu’il se joue plus autour d’e-critures que le mouvement d’innovation technique qui semble caractériser le web comme espace ouvert aux transformations de façon permanente, mouvement généralement subi qui nous condamne comme simples internautes, par exemple, à « remettre à jour » nos « systèmes » ou la puissance de nos machines. Au contraire, les œuvres de « littérature numérique » accessibles depuis le web semblent mues par un mouvement systématique de mise à l’épreuve, d’examen technique autant qu’esthétique, au point d’envisager pour certains un point de rupture inévitable avec le lecteur-spectateur. En quelque sorte, une forme d’expérimentation, dans différentes directions et selon les auteurs, mais qui laisse apercevoir combien le réseau avec les e-crituriens peut aussi se transformer en laboratoire.

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Il reste à découvrir cet envers du décor sur le réseau, le « chantier » d’une littérature à l’œuvre en essayant de maintenir tout au long de l’exposé des références directes aux œuvres sur lesquelles nous nous sommes arrêtés. Adopter un déroulement en scindant les aspects problématiques de notre étude aurait signifié que nous avions réussi à réduire notre question à une série finie de problématiques identifiables. Ce n’est évidemment pas le cas ; qui peut prétendre aujourd’hui avoir résolu la question de la nature de l’objet littéraire, assigné la littérature numérique à sa place dans le champ des arts, épuisé la cartographie des pratiques sociales sur le web ? Le mieux, ici, est d’épouser les trois niveaux « photographiques » qui ont guidé notre aventure : contextualiser sur le réseau nos deux objets de prédilection, e-critures.org et ecrits-vains.com, les décrire ensuite comme des dispositifs socio-techniques où des acteurs sont appelés à jouer des rôles et, enfin, s’attacher spécifiquement aux œuvres de littérature numérique dont l’écriture rappellera en écho les options théoriques et esthétiques qu’ont élues certains des e-crituriens. Pour le dire autrement : nous montrerons que la littérature se manifeste par les traces d’une activité impliquant des acteurs dans un contexte, qu’elle est le fruit d’un travail d’édition et, enfin, qu’elle se manifeste à travers un exercice d’écriture.

Ce scénario de la découverte pourra sembler trop générique et applicable, en soi, à bien d’autres objets que le nôtre. Mais le déployer sur le web constitue un défi non négligeable, notamment du point de vue de la méthodologie. Par exemple, comment « relever » des « traces » numériques, manuellement ou automatiquement, avec quels outils, selon quelle précision ? A quel rythme ? Et tout d’abord, qu’est-ce qu’une « trace » ? On le devine : rien d’évident. Les méthodes d’observation du web restent encore à formaliser et à valider. Par ailleurs, pour étudier les acteurs et les dispositifs éditoriaux, le répertoire méthodologique doit encore s’enrichir : il faut associer des données extraites du réseau (tous les messages de la liste de discussion e-critures) et du « hors-réseau » (comme les interviews ou les extraits de discussions) sans oublier, à l’interface des deux dimensions, les propos des webmestres, des administrateurs de serveurs ou des responsables de rubriques. Enfin il convient d’adopter également une approche formelle et théorique, nécessaire à la découverte des œuvres comme produits d’un travail (spécifique ?) d’écriture. Le « bricolage » méthodologique s’effectuera donc ici à titre de revendication et, sous certains aspects, nous avons dû, nous aussi, « expérimenter » et considérer notre entrée sur le web comme une mise à l’épreuve de notre savoir-faire d’observateur.

A la première étape, celle de la contextualisation d’e-critures.org et ecrits-vains.com, il nous a fallu considérer le web comme un territoire occupé par deux communautés, chacune définie en soi mais aussi par des relations de « voisinage » et de degré de « proximité ». En somme, considérer le web comme un espace social, plus que comme un « système d’information », en prenant notamment en compte ce que les liens hypertextes avaient à nous apprendre sur les affinités qui se dessinaient de proche en proche depuis nos deux points de repères initiaux. Ecrits-vains.com et e-critures.org contribuent à la richesse du web tout comme, en sens inverse, ils s’y trouvent « pris ». Comme dans l’étude d’un écosystème, il importe de comprendre ce que nos deux dispositifs ont à révéler du contexte dont il ils se nourrissent. On aurait d’ailleurs tort de considérer un quelconque site web (a fortiori s’il est doté d’une vocation « collective ») comme un point isolé accessible via une adresse : les documents publiés se répondent de proche en proche par liaison hypertextuelle et s’intègrent ainsi à des ensembles plus vastes que nous avons cherché à identifier. C’est ici, peut être, que « computer sciences » et sciences humaines et sociales ont entamé un dialogue fécond depuis quelques années en explorant le web comme un réseau de « localités thématiques » où, à travers l’analyse du contenu des documents et la distribution des liens hypertextes, le réseau se dévoile comme un vaste système électif d’affinités.

De là, il s’agira d’envisager nos deux objets d’études comme deux dispositifs web à partir desquels se constituent des équipes éditoriales et se dessinent des circuits d’élaboration des œuvres et de valorisation des productions. En d’autres termes, essayer de deviner quels modèles d’organisation (voire quelles stratégies d’acteurs) en ligne sont à l’œuvre à travers, notamment, l’analyse discursive des messages déposés sur les forums ou listes de discussion. Il faudra observer à quel point et selon quels objectifs les dispositifs ont été adoptés, modifiés ou détournés pour donner naissance à des modèles originaux d’édition et de publication. Si l’édition en ligne et le recours à des revues et dispositifs électroniques peuvent apparaître aux auteurs comme une alternative à l’édition papier et à ses arcanes complexes, il n’en reste pas moins que les liens qui se tissent entre le monde de l’imprimé, ses modes de filtrage, de publication et de reconnaissance, et la littérature numérique sont complexes, et parfois surprenants.
Tous ces éléments contextuels et socio-techniques liés aux dispositifs d’édition en ligne pourront enfin entrer en résonance avec les œuvres elles-mêmes. L’objectif, ici, ne sera pas de juxtaposer une nouvelle approche, plus formelle et focalisée sur les propriétés intrinsèques des œuvres numériques. Il consistera plutôt à faire dialoguer les données déjà recueillies avec le procès de l’écriture lui-même. C’est ainsi, peut-être, que l’on pourra commencer à comprendre les enjeux liés à l’émergence d’une « textualité numérique », du geste lectoriel qui leur donne sens (les modalités de la lecture interactive) et au processus de catégorisation en genres qui y sont associés.

On le voit, la tâche n’est pas simple : du territoire occupé sur le réseau au geste d’une écriture qui revendique son originalité, en passant par la possible émergence d’un modèle inédit d’édition, il ne s’agit pas moins que de se demander si, finalement, ce que l’on désigne par « littérature numérique » n’est pas l’expression d’un nouveau paradigme pour la littérature.


1 Ghitalla Franck, Boullier Dominique et alii, L’Outre-lecture, BPI-Editions Georges Pompidou, Paris, 2004.
2 Jeanneret Yves, Emmanuël Souchier, Le Marec Joëlle (dir.) Lire, écrire, récrire : objets, signes et pratiques des médias informatisés, BPI- Editions Centre Georges Pompidou, Paris, 2003.
3 Serge Bouchardon et Evelyne Broudoux, E-critures: co-constitution d'un dispositif technique, d'un champ et d'une communauté, Esprit critique, Automne 2003.