Les infections nosocomiales
ou infections acquises à l'hôpital, sont responsables d'une
morbidité et d'une mortalité très importante dans
les établissements de santé. Selon les différentes
études menées en France, 5 % à 10 % des malades hospitalisés
acquièrent une infection nosocomiale. Chaque année 600.00
à 1.100.000 patients admis en court séjour développeront
donc une de ces infections du fait de leur séjour à l'hôpital.
Les établissements de moyen ou long séjour sont aussi concernés
par ces infections. Enfin, celles-ci seraient à l'origine d'environ
10.000 décès par an.
À cette réalité
inacceptable pour les patients, s'ajoute un coût financier pour la
collectivité ; 2 % à 5 % des journées d'hospitalisation
en court séjour seraient liées à l'existence de ces
infections, et plus d'un tiers du budget des antibiotiques est dépensé
pour leur traitement. En effet, outre son aspect humaniste primordial,
la prévention de ces infections hospitalières prend également
une dimension économique lorsque l'on constate l'importance des
surcoûts qu'elles génèrent.
La loi hospitalière
du 31 juillet 1991 complétée par l'ordonnance du 24 avril
1996 a prévu d'intégrer cette surveillance dans les critères
de qualité et d'efficiences de l'organisation des soins dans les
établissements de santé. L'évaluation de la pratique
médicale et l'accréditation secondaire qui en résultera
pour les établissements deviennent le cțur d'un système où
dispenser des soins de qualité est la pièce maîtresse.
La maîtrise de
la contamination dans les établissements hospitaliers est un vaste
chantier, un programme immense dont on peut déjà parier qu'il
faudra au moins une génération pour l'accomplir. Si la tâche
n'est pas simple, c'est que le sujet comporte des problématiques
multiples. De plus, elle suppose la mise en place de moyens (équipements,
formations, ·) qui représentent des investissements lourds, dans
un secteur de notre économie sous surveillance financière.
On compte en France 3 850 hôpitaux et cliniques, avec une moyenne
de 3 000 dispositifs médicaux par établissement. Aujourd'hui,
50 % des structures hospitalières publiques bénéficient
d'une équipe spécifiquement attachée à la gestion
des dispositifs biomédicaux contre 20 % dans les cliniques. Seulement
20 à 30 % des établissements hospitaliers sont équipés
de logiciels de Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur (GMAO).
Ces chiffres sont éloquents et ne constituent, en plus, que des
réponses partielles aux infections nosocomiales.
Le secteur des professionnels
de la maîtrise de la contamination voit donc s'ouvrir un nouveau
champ d'investigation immense et déterminant pour nos sociétés.
Il y a en effet, sur le sujet, un effort considérable à produire.
Nous allons essayer
de définir, au cours des pages qui vont suivre, de quelle manière
l'ingénieur biomédical peut participer, dans le respect du
cadre réglementaire et normatif, à la réduction du
risque encouru, tant par le patient que par le personnel hospitalier ainsi
que par le personnel de maintenance, tous amenés à entrer
en contact avec le dispositif médical.