Partie
III: Identification des secteurs d'intervention
de l'ingénieur
biomédical
1
- Evaluation du risque infectieux et du niveau de traitement requis
La
maîtrise de la contamination dans les établissements hospitaliers
est un vaste chantier, un programme immense dont on peut déjà
parier qu'il faudra au moins une génération pour l'accomplir.
Si la tâche n'est pas simple, c'est que le sujet comporte des problématiques
multiples. En effet, la maîtrise de la contamination dans les établissements
de santé passe par la formation et la sensibilisation d'une population
aussi nombreuse qu'hétérogène: du médecin au
patient, en passant par les infirmières, les familles, les intervenants
extérieurs, ·
De
plus, elle suppose la mise en place de moyens (équipements, formations,
·) qui représentent des investissements lourds, dans un secteur
de notre économie sous haute surveillance financière. On
compte en France 3 856 hôpitaux et cliniques, avec une moyenne de
3 000 dispositifs médicaux par établissement. Aujourd'hui,
50 % des structures hospitalières publiques bénéficient
d'une équipe spécifiquement attachée à la gestion
des dispositifs biomédicaux contre 20 % dans les cliniques. Seulement
20 à 30 % des établissements hospitaliers sont équipés
de logiciels de Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur (GMAO).
Ces chiffres sont éloquents et ne constituent, en plus, que des
réponses partielles aux infections nosocomiales.
Nous
allons essayer de définir, au cours des pages qui vont suivre, de
quelle manière l'ingénieur biomédical peut participer,
dans le respect du cadre réglementaire et normatif, à la
réduction du risque encouru, tant par le patient que par le personnel
hospitalier et le personnel de maintenance tous amenés à
entrer en contact avec le dispositif médical.
Assurer
la sécurité des patients et des personnels vis-à-vis
du risque infectieux est une exigence essentielle pour toute structure
de soins. Deux mécanismes peuvent être retenus pour montrer
que les germes de l'environnement peuvent être à l'origine
d'infections nosocomiales: les interactions constantes entre l'environnement
inanimé et l'individu ainsi que la contamination fréquente
des objets de l'environnement, parfois par des germes humains pathogènes.
Pour
des raisons à la fois pratiques et économiques, la maîtrise
de l'environnement microbien ne peut être qu'adaptée aux risques
liés aux patients et/ou aux soins. Dans cette optique, il s'avère
nécessaire d'identifier les facteurs de risque de biocontamination,
d'évaluer les risques infectieux pour les patients et de maîtriser,
en fonction de la vulnérabilité des patients, l'ensemble
des sources potentielles de biocontamination de l'environnement.
En
fonction de la nature du tissu avec lequel le dispositif médical
est en contact lors de son utilisation, trois niveaux de risque infectieux
peuvent être pris en considération. Face à ces niveaux
de risque infectieux, il est possible de faire correspondre trois niveaux
de traitement requis.
Tableau 1 : Classement des
dispositifs médicaux et niveau de traitement requis
Destination
du matériel
|
Classement
du matériel
|
Niveau de risque
infectieux
|
Niveau de traitement
requis
|
Introduction
dans le système vasculaire ou dans une cavité ou tissu stérile
quelle que soit la voie d'abord.
Exemples:
instruments chirurgicaux, implants, pinces à biopsie, arthroscopes,
haut niveau*petite instrumentation pour pansement
|
Critique
|
Haut risque
|
Stérilisation
ou usage unique stérile à défaut
Désinfection
de haut niveau(1)
|
En
contact avec muqueuse, ou peau lésée superficiellement.
Exemples: gastroscopes,
colonoscopes, ·
|
Semi-critique
|
Risque médian
|
Désinfection
de niveau intermédiaire
|
En
contact avec la peau intacte du patient ou sans contact avec le patient.
Exemples: tensiomètres,
lits, ·
|
Non critique
|
Risque bas
|
Désinfection
de bas niveau
|
(1) La désinfection
de haut niveau en cas d'impossibilité d'appliquer un procédé
de stérilisation et s'il n'existe pas de dispositif à usage
unique stérile.
Source:
"Guide de bonnes pratiques de désinfection des dispositifs médicaux"
édité par le CTIN.
Haut
risque: ce niveau de risque correspond à l'utilisation de dispositifs
médicaux qui pénètrent dans les tissus ou cavités
stériles ainsi que dans le système vasculaire (cas des dispositifs
médicaux invasifs de type chirurgical). Le traitement requis est
la stérilisation ou l'utilisation de matériel à usage
unique stérile. Si aucune des méthodes de stérilisation
distante ne peut être appliquée, alors il faudra procéder
à une désinfection de haut niveau qui devra permettre d'obtenir
une bactéricidie, fongicidie, virucidie, ainsi qu'une sporicidie.
Risque
médian:
ce niveau de risque correspond à l'utilisation
de dispositifs médicaux en contact avec les muqueuses ou une peau
lésée superficiellement. Le traitement requis est une désinfection
de niveau intermédiaire faisant appel à un produit ou procédé
bactéricide, fongicide, virucide et tuberculocide (testée
sur Mycobactérium tuberculosis ou M. terrae selon le projet de norme
européenne EN XXXX/NF T 72-805).
Risque
bas: ce niveau de risque correspond à l'utilisation de dispositifs
médicaux qui sont en contact avec une peau saine ou qui ne sont
pas en contact avec le patient. Le traitement requis est une désinfection
de bas niveau concernant essentiellement les dispositifs non invasifs et
les surfaces. Dans ce cadre, l'utilisation de produits détergents-désinfectants
peut convenir.
Le
Comité Technique national des Infections Nosocomiales (CTIN) préconise
la prise en compte des paramètres suivants lors de la détermination
du niveau d'exigences de traitement du matériel:
- Le site anatomique de
destination du matériel.
- Le niveau d'asepsie de l'environnement
où le matériel doit être utilisé.
- La probabilité de contamination
du matériel par des liquides biologiques.
- La nature des matériaux
composant le matériel.
- Les moyens technologiques disponibles
pour le traitement du matériel.
Le
lecteur peut consulter à ce titre le tableau présent en
annexe
7 relatif aux niveaux de risques et de traitement par catégories
de dispositifs médicaux proposé à titre d'orientation
par le Comité Technique national des Infections Nosocomiales.
La
multiplication des techniques exploratoires accompagnées d'une miniaturisation
des dispositifs médicaux est sans conteste l'une des caractéristiques
majeures de l'évolution des soins au cours de ces dernières
années. Cette miniaturisation nécessite le recours à
des matériaux nouveaux, le plus souvent thermosensibles. Par ailleurs
la complexité actuelle des dispositifs, souvent non démontables,
fait qu'ils sont malaisés à nettoyer et non stérilisables.
Il
faut donc recourir, dans de nombreux cas, à des procédés
de désinfection. Ces derniers n'offrent pas les mêmes garanties
que la stérilisation et leur choix, propre à chaque dispositif,
nécessite l'étude approfondie de la compatibilité
entre les matériaux constituant le dispositif et les produits utilisés.
La
procédure de désinfection ou de stérilisation doit
être adaptée au niveau de risque. Il faut donc l'évaluer
soigneusement, au cas par cas, et ne peut résulter que d'un partage
du savoir entre les cliniciens qui assument la responsabilité de
l'acte, les personnes chargées du nettoyage, de la désinfection
et l'ingénieur biomédical responsable du dispositif.
En
effet, les responsabilités s'exercent à différents
niveaux:
-
Le
code de déontologie des médecins (décret n°
95-1000 du 6 septembre 1995) indique que le médecin, dans le cadre
de son exercice professionnel, "doit veiller à la stérilisation
et à la décontamination des dispositifs médicaux qu'il
utilise".
-
Les
règles professionnelles des infirmiers (décret n°
93-221 du 16 février 1993) rappellent la
nécessité
"du respect des règles d'hygiène dans l'application des soins,
dans l'utilisation du matériel, dans la tenue des locaux".
-
L'arrêté du 7 janvier 1993, relatifs au secteur opératoire,
précise dans son article 8, "qu'un document, établi par
le
responsable de lâétablissement, définit et précise
(·) les procédures et les modalités de nettoyage, décontamination,
désinfection et stérilisation".
-
Enfin, l'article L. 665-5 de la loi du 1er juillet 1998 stipule
que "pour les dispositifs médicaux dont la liste est fixée
par le ministre chargé de la santé après avis de l'Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé,
l'exploitant est tenu de s'assurer du maintien de ces performances et de
la maintenance du dispositif médical" ; rôle ici bien
souvent assuré par l'ingénieur biomédical.
Par
ailleurs, il ne faut jamais perdre de vue que le matériel dit
"à usage unique" ne doit jamais être réutilisé
(circulaire
DGS/DH n° 51 du 29 décembre 1994). On pourra à ce sujet
consulter quelques articles instructifs sur la question, en particulier
ceux édités par Swiss-NOSO, " Réutilisation de
matériel à usage unique dans les hôpitaux", volume
5, n°2, juin 1998 et " Réutilisation de dispositifs médicaux
à usage unique: prise de position des centres nationaux de référence
pour l'hygiène hospitalière en Allemagne", volume 6,
n°2, juin 1999. Ces articles sont disponibles en ligne sur le site
Web à l'adresse suivante: http://www.hospvd.ch/swiss-noso.
2
- L'achat des dispositifs médicaux
Cette étape est primordiale
car elle est la première à être mise en țuvre lors
du cycle de vie d'un dispositif médical dans l'enceinte de l'établissement
de santé. Plus cette étape sera réalisée avec
minutie et réflexion, moins les mesures correctives qui découleront
de cet achat seront importantes et complexes.
L'ingénieur
biomédical a ici la possibilité d'intervenir en amont du
processus de lutte contre les infections nosocomiales et d'anticiper la
réalisation de procédures de désinfection fastidieuses
et coûteuses, en choisissant le matériel de manière
éclairée.
Il
est conseillé de privilégier, lors de l'achat, les dispositifs
médicaux dont la conception (forme, matériaux) permet d'éliminer
les niches microbiologiques inaccessibles aux techniques de nettoyage usuelles
et d'éviter la formation d'un biofilm.
Il
sera également essentiel, lors du choix de nouveaux matériels,
de tenir compte des procédés de traitement (stérilisation
ou désinfection) préconisés par le fabricant afin
de privilégier les dispositifs médicaux pouvant subir le
niveau de traitement adapté au risque infectieux lié à
leur utilisation. Ces exigences doivent figurer dans le cahier des charges
rédigé lors de tout achat d'instruments.
Il faudra
donc tenir compte:
-
de la méthode de désinfection et de son efficacité.
- des produits supportés
par le dispositif médical en veillant à ce que ces produits
de désinfections n'induisent pas d'altération des surfaces,
de changement de propriété des matériaux.
- de la thermorésistance
du dispositif médical.
- des éventuelles restrictions
ou contre-indications concernant le dispositif médical.
Il
sera donc utile pour tout achat de dispositif médical d'obtenir
auprès du fabricant une description très précise de
la procédure de désinfection et/ou de stérilisation
ainsi que des recommandations quant aux produits désinfectants à
employer.
3
- L'aménagement des locaux et les travaux de construction
Le Dr P. Botti estime, dans l'ouvrage
collectif "Hygiène Hospitalière", que les hygiénistes
et les architectes devraient țuvrer main dans la main. Or hygiène
et architecture suivent chacune des chemins parallèles en essayant
de se rencontrer de temps en temps, mais souvent trop tôt ou trop
tard.
En
effet, généralement l'hygiéniste à l'égard
d'un projet de type hospitalier est conscient du but à atteindre,
car il a un vécu, une pratique des lieux et un ensemble de connaissances
qui viennent compléter cette pratique. Il est donc en position de
recommander ou de proscrire les solutions techniques mises en jeu. A l'inverse,
l'architecte, tout en sachant comment assurer la réalisation, ne
peut en général se substituer au savoir et au vécu
du médecin. Il ne se pose pas obligatoirement les questions qu'il
ne soupçonne pas a priori. Certes, un cahier des charges peut servir
de référence en ce qui concerne les résultats à
atteindre ou les erreurs à éviter. Mais la réalité
nous prouve le contraire, car la plupart du temps, quand l'hygiéniste
visite des locaux, les jeux sont faits, les améliorations trop coûteuses,
les responsabilités mal établies et les travaux faits sont
entérinés.
Les
projets de construction et de rénovation des hôpitaux peuvent
être à lâorigine dâinfections chez certains groupes de patients,
en particulier ceux qui sont immunodéprimés. De toute évidence,
il faut adopter une approche proactive afin de prévenir dans la
mesure du possible les infections nosocomiales liées aux travaux
de construction, notamment la prévention de l'aspergillose.
Selon
le décret du 6 mai 1988, parmi les missions attribuées au
CLIN, se trouve mentionné un avis consultatif sur les aménagements
des locaux à la demande des directeurs d'établissement. De
plus, les "Cent Recommandations" éditées par le Conseil
supérieur d'hygiène publique de France, mentionnent clairement,
dans le chapitre
"Hygiène de l'environnement hospitalier", recommandation
n°51, l'entretien des locaux, sols et surfaces, dont le corollaire
est un choix judicieux des matériaux de revêtement.
À
cette fin, il faut constituer une équipe pluridisciplinaire pour
planifier et mettre en țuvre les mesures préventives pendant toute
la durée du projet de construction. Les professionnels en prévention
des infections devraient être appelés à participer
activement à toutes les étapes du projet de construction
et de rénovation. Ils jouent un rôle de premier plan en éduquant
le personnel et en veillant à ce que les mesures préventives
soient définies, appliquées et maintenues.
Si
l'ingénieur biomédical n'est pas directement concerné
par ces travaux, car il n'est ni l'architecte, ni le médecin hygiéniste,
il n'en reste pas moins fortement impliqué lorsqu'il s'agit de locaux
à usage spécifique (blocs opératoires, salles de réanimation,
stérilisation centrale, ·). De ce fait, il se trouve généralement
impliqué dans ce type d'ouvrage, ne serait-ce que pour effectuer
quelques préconisations ou suivre les appels d'offres. S'il ne lui
est pas demandé de remplacer les experts et spécialistes
de tous bords, il peut par contre, grâce à sa double culture,
médicale et technique, permettre que le dialogue soit établi
au cours du processus d'élaboration du projet entre l'architecte
et le CLIN.
Eléments
à prendre en compte:
L'espace
hospitalier est hiérarchisé en fonction de la population
microbienne qu'il est susceptible d'héberger. il est possible de
distinguer quatre zones :
la
zone stérile = "entrée interdite". En effet, dès
qu'un individu y pénètre, cette zone cesse d'être stérile.
La
zone propre = "Réglementation", dans laquelle il sera possible
de distinguer trois sous-zones: la zone ultrapropre (salle d'opération),
la zone très propre
(salle de soins, salle de réveil),
la zone propre (services).
La
zone sale = "danger", subdivisée en deux sous-zones: la zone
sale (chambre d'isolement curatif), la zone très sale (isolement
absolu, stockage des déchets).
La
zone sociale, représenté par les espaces communs, bureaux,
salles de détente, couloir, escalier. Ce sont des zones inclassables
qui reçoivent une population variée.
Il est
clair que les communications entre ces quatre zones doivent être
contrôlées et réglementées afin d'éviter
tout transfert de souillure. Ceci va générer deux types d'espace
: les zones à accès libre et les zones à accès
réglementé.
En
ce qui concerne les circuits et les flux, on distinguera le circuit humain,
qui concerne le personnel, les malades, les visiteurs et le circuit des
matières inertes, qui concerne le matériel propre ou sale,
le linge propre ou sale, les déchets, l'alimentation. Tous les circuits
sont basés sur la notion de protection du "propre" et du "sale"
ainsi que sur la notion de progression du propre vers le sale.
Deux
types de circuits peuvent être envisagés à ce jour:
le double circuit et la circulation unique.
Le double circuit:
Il comporte une individualisation de
deux circuits : un circuit sale et un circuit propre. Deux variantes sont
possibles:
-
Le sens unique ou tout entre du côté propre et tout ressort
du côté sale.
-
Une circulation codifiée ou la circulation propre est réservée
à l'entrée et à la sortie des malades et du personnel
ainsi qu'à l'entrée du matériel propre. La circulation
sale est alors réservée à la sortie du linge sale,
du matériel souillé et des déchets.
L'inconvénient
de ce type de circuit est qu'il concentre l'essentiel du trafic des personnes
dans le couloir "propre", ce tend à donner aux utilisateurs un sentiment
de
sécurité pernicieux, alors que le couloir dit "sale", peu
fréquenté, doté d'un personnel spécifique et
faisant l'objet de soins particuliers, reste finalement propre. De plus,
cette solution est coûteuse en surface et en personnel
La circulation unique:
Tout transite par le même couloir.
Tout le matériel doit être protégé dans un conditionnement
fermé et étanche. C'est la solution actuellement la plus
avantageuse, qui permet un gain d'espace et nécessite moins de personnel.
La qualité de la circulation est évaluée par la facilité
de manțuvre, la possibilité de croisement et l'emplacement des issues.
Tous les éléments gênants ou mal intégrés
dans les circulations sont à proscrire
Rôle du personnel de maintenance
et des ingénieurs hospitaliers:
Il importe de noter que câest le personnel
de maintenance qui pourrait être appelé à faire le
travail selon le type de travaux de construction qui sont effectués
dans les établissements de soins de santé. De même,
ce sont parfois des ingénieurs qui conçoivent le projet.
Aussi, nous abordons leur rôle dans cette catégorie en même
temps que celui des entrepreneurs.
Les
ingénieurs, le personnel de maintenance et les entrepreneurs également
doivent se conformer aux codes du bâtiment et de prévention
des incendies ainsi quâà des normes professionnelles dans lâexécution
de projets de construction. Leurs tâches consistaient à planifier
et exécuter des travaux de construction ou de rénovation
et à réparer les structures, lâéquipement et les services
dans les établissements de soins de santé. De plus, ils doivent
surveiller et évaluer le système de ventilation dans la zone
où se déroulent les travaux et les aires adjacentes afin
de sâassurer quâil fonctionne correctement, non seulement avant le début
des travaux mais aussi pendant toute leur durée et à la fin
de ceux-ci. Pour ce faire, ils doivent mesurer le débit dâair, la
pression dâair et le nombre de renouvellements dâair à lâheure.
Ces
tâches englobent lâévaluation, le nettoyage et la vérification
de lâintégrité des filtres et des canalisations. Les ingénieurs,
le personnel de maintenance et les entrepreneurs doivent également
ériger un écran anti-poussière et prévenir
les infiltrations de poussière dans les zones adjacentes pendant
le projet de construction. Les entrepreneurs ont la responsabilité
de veiller à ce que le chantier soit exempt de débris.
De
plus, si la plomberie de lâhôpital est touchée par les travaux,
câest à eux que revient la tâche dâen contrôler lâintégrité,
de rechercher les fuites et de réduire au minimum le nombre de conduites
en cul-de-sac. Les ingénieurs et le personnel dâentretien peuvent
aider à enseigner aux entrepreneurs les pratiques de construction
sécuritaires pendant quâils travaillent dans des établissements
de soins de santé. Etant donné que ce sont ces professionnels
qui exécutent les travaux de construction, les professionnels en
prévention des infections devraient être en contact avec eux
pendant les travaux. Ces derniers, en collaboration avec les gérants
de projet, doivent veiller à ce que les mesures préventives
soient appliquées et observées pendant toute la durée
du projet. Ils peuvent donc donner des conseils aux ingénieurs,
au personnel de maintenance et aux entrepreneurs quant aux mesures préventives
indiquées pour les travaux en cours.
Une
fois le projet terminé, ils devraient revoir et évaluer lâefficacité
des mesures préventives avec les autres membres du comité
de planification du projet de construction pour déterminer les résultats
positifs et tout problème qui pourrait être survenu.
4
- Méthode et organisation de la désinfection des dispositifs
médicaux
Les utilisateurs de dispositifs médicaux
doivent veiller à la désinfection des dispositifs qu'ils
utilisent. Il importe donc que, dans le respect des recommandations nationales,
chaque établissement de santé mette en place des procédures
de désinfection, validées par le Comité de Lutte contre
les Infections Nosocomiales (CLIN), avec le soutien des différents
partenaires de l'établissement et l'aide technique de l'équipe
opérationnelle d'hygiène hospitalière, telles
que définies pour leurs missions respectives par la circulaire n°
17 du 19 avril 1995.
Le
nettoyage, la désinfection ou la stérilisation de lâéquipement
servant aux soins des patients jouent un rôle important pour ce qui
est de freiner la transmission des infections liées au traitement
du matériel réutilisable. La grande variété
de types et de compositions du matériel médical et la grande
diversité de méthodes de nettoyage, de désinfection
et de stérilisation et le nombre de combinaisons possibles font
en sorte quâil est difficile de choisir les procédés, les
méthodes ou les produits qui conviennent le mieux.
Le
choix de la méthode de traitement dâun instrument est fonction de
lâusage auquel il est destiné.
"Le nettoyage doit toujours
précéder la désinfection ou la stérilisation.
Un article qui nâa pas été nettoyé ne peut être
désinfecté ni stérilisé avec sûreté".
Un
désinfectant est un produit capable d'éliminer ou de tuer,
par action directe, les micro-organismes indésirables, ainsi que
d'inactiver les virus. Sous le nom de désinfectants circulent encore
dans le commerce trop de produits mal définis. L'éducation
de l'utilisateur comme celle du fabricant n'est pas encore achevée,
mais on commence à bien séparer l'action nettoyante, nécessaire
avant la désinfection de l'action désinfectante proprement
dite.
Action
de nettoyage:
Elle
est obtenue par l'eau, les savons, les détergents tensioactifs.
Elle élimine physiquement une partie des micro-organismes à
détruire, les rejetant vers les eaux usées. En langue française
courante, ce nettoyage correspond à la propreté visible,
et est de ce fait aisément vérifiable. En pratique, le nettoyage
manuel doit toujours suivre la décontamination, même si certains
produits détergents-contaminants sont censés combiner les
deux actions.
Actions
de désinfection :
Elle
est obtenue par les désinfectants et s'exerce pour détruire
les germes dangereux grâce à un pouvoir germicide répondant
aux normes AFNOR NF T 72. La différence entre la désinfection
et la décontamination réside dans la nécessité
d'une action bactéricide pour la première, alors qu'une action
bactériostatique peut être suffisante pour la deuxième.
a
- Choix des désinfectants et des dispositifs de désinfection
Les procédés, produits
et appareils utilisés pour des infections par voie aérienne
en cas de maladie à déclaration obligatoire sont soumis à
un agrément par le Ministère de la Santé après
avis du conseil supérieur d'hygiène publique de France (décret
n°67-743 du 30 août 1967 et arrêté de 25 mars 1992).
Cet agrément permet aux utilisateurs de disposer de procédés
dont l'efficacité a été évaluée selon
des méthodes d'études normalisées en rapport avec
un cahier des charges qui précise leur efficacité sur les
bactéries, spores bactériennes, champignons, virus.
Les
produits désinfectants de dispositifs médicaux sont soumis
à la législation européenne sur les dispositifs médicaux,
obligatoire depuis le 14 juin 1998. En effet, la directive européenne
93/42/CEE, transposée en droit français par la loi n°
94-43 et le décret n° 95-292 relatifs aux dispositifs médicaux,
indique que "les désinfectants de dispositifs médicaux
sont des dispositifs médicaux".
Cette
mesure a pour effet de fixer pour les désinfectants, les mêmes
objectifs que pour l'ensemble des dispositifs médicaux, c'est à
dire la levée des entraves à la libre circulation au sein
de la communauté européenne. Dans ce but, le marquage CE
des dispositifs médicaux est une uniformisation des modalités
de mise sur le marché. Nous rappellerons ici que le marquage CE
est une attestation indiquant que le dispositif médical est conforme
aux exigences essentielles fixées par la directive européenne
93/42/CEE et énoncées dans le décret n° 95-292.
Ces exigences essentielles, relatives à la conception, à
la construction et à l'information (étiquetage et notice
d'utilisation) fournie par le fabricant, ont pour objectif de garantir
la sécurité des patients et des utilisateurs.
La
stratégie du choix des produits désinfectants dans un établissement
de soins fait intervenir différents partenaires : hygiéniste,
pharmacien, médecin du travail, dermatologue, utilisateurs, directeur
des services économiques, CLIN, ainsi que l'ingénieur biomédical.
Elle doit être le résultat d'une démarche comportant
plusieurs étapes :
le
recensement des besoins
la rédaction d'un cahier
des charges
la réalisation d'essais pratiques
l'analyse de la conformité
au cahier de charges des produits présentés
enfin le choix des désinfectants
retenus.
L'ingénieur
biomédical pourra trouver plus particulièrement sa place
dans l'examen des dossiers techniques. Plusieurs points doivent être
vérifiés si pour lesquels il pourra apporter sa participation:
la composition du produit, l'étude des normes et des conditions
de leur réalisation, les éventuelles incompatibilités,
les durées de conservation, l'étiquetage. Il est possible
de consulter à cet effet le tableau en annexe
8 concernant les principales catégories de désinfectants
ainsi que leurs avantages et inconvénients.
L'ingénieur
biomédical doit pouvoir apporter ses connaissances lors de l'étude
de la composition qualitative et quantitative des produits permettant ainsi
de mieux évaluer les incompatibilités avec certains matériaux
ou revêtements mais également les risques toxicologiques.
Parfois le fabricant soulignera ces incompatibilités. Il sera donc
nécessaire de vérifier la cohérence de l'étiquetage
avec les données du dossier technique.
Eléments
à prendre en compte:
Un
désinfectant
de l'environnement doit être compatible avec l'eau dure et sans danger
pour le matériel. De ce point de vue, le chlore est corrosif pour
les métaux; les phénols peuvent altérer le caoutchouc
et les matières synthétiques. Bon nombre de désinfectants
(chlore, aldéhydes, ammoniums quaternaires) sont activés
par les protéines, donc par les résidus organiques. Les agents
cationiques, tels que la chlorhexidrine et les ammoniums quaternaires précipitent
en présence de dérivés anioniques (savons et plusieurs
détergents) et perdent leur efficacité.
Des
normes européennes ont été publiées ou sont
en cours de rédaction. Elles permettront de disposer d'une base
technique pour autoriser le marquage CE pour les désinfectants de
dispositif médicaux dans le cadre de la directive 93/42. La disponibilité
actuelle de l'état d'avancement des travaux de normalisation des
essais relatifs aux antiseptiques et désinfectants est consultable
dans le "guide de bonnes pratiques de désinfection des dispositifs
médicaux" édité par le CTIN.
Le
choix d'un produit désinfectant est l'aboutissement de toute une
démarche pluridisciplinaire qui commence par l'élaboration
d'un cahier des charges précis définissant les objectifs
à atteindre et les critères d'efficacité exigés
pour les produits faisant l'objet d'appels d'offres. L'étude attentive
des dossiers techniques est indispensable pour dresser une liste de produits
répondant aux critères du cahier des charges. Enfin, une
étude sur le terrain peut compléter avantageusement l'étude
des produits puisqu'elle permet d'évaluer d'autres paramètres
comme la qualité du nettoyage et la tolérance par le personnel.
b
- Assurance Qualité et Désinfection
Les dernières réformes
de santé (loi du 31 juillet 1991, ordonnance n°96-346 du 24
avril 1996) incitent au développement de démarches qualité
au sein des établissements de santé.
La
mise en țuvre d'une démarche qualité a pour objectif la satisfaction
des patients, elle passe par l'optimisation des ressources disponibles,
la maîtrise des coûts et des délais, la clarification
des responsabilités, l'adaptation des formations aux objectifs fixés,
l'écriture des savoir-faire. La prise en compte de la qualité
s'appuie sur l'utilisation et l'adaptation, par des professionnels de santé,
de concepts et méthodes définies dans le domaine industriel
par les normes de la série ISO 9000.
En
raison de l'actuelle évolution des normes ISO 9000, nous ne détaillerons
pas ici l'ensemble des paramètres constituant une démarche
qualité. En effet, les remarques et suggestions que nous pourrions
formuler ici risqueraient de se trouver rapidement obsolètes.
c
- Recommandations spécifiques pour certains dispositifs médicaux
En ce qui concerne la désinfection
des dispositifs médicaux, des recommandations ministérielles,
diffusées sous forme de circulaires, ont été élaborées
pour traiter de problèmes particuliers tels que la désinfection
des endoscopes (circulaire DGS/DH n°236 du 2 avril 1996), les
précautions à observer pour la prévention de la maladie
de Creutzfeldt- Jacob (circulaire DGS/DH n°100 du 11 décembre
1995). Ces circulaires indiquent les étapes de traitement du matériel
et sont destinées à servir de base pour l'élaboration,
au niveau local, de protocoles spécifiques.
Désinfection
des générateurs de dialyse.
Trois
risques infectieux importants peuvent être identifiés en hémodialyse:
le risque lié à la contamination microbiologique du dialysat,
le risque de transmission virale, le risque d'infection à pyogènes.
Le risque
lié à la contamination microbiologique du dialysat se rapporte
au fait qu'il a été démontré que des micro-organismes
ou les endotoxines présents dans le dialysat sont capables de traverser
la membrane de dialyse et de contaminer le sang du malade.
Le risque
de transmission virale existe pour le personnel et les patients. On peut
noter une prévalence élevée de l'hépatite B
et de l'hépatite C chez les malades hémodialysés.
Il existe deux modes de transmission virale en hémodialyse: la transmission
manuportée et la transmission par le générateur.
Le risque
d'infections à pyogènes provient essentiellement de l'utilisation
permanente des accès vasculaires (ponctions de la fistule artério-veineuse
Le
fabricant doit indiquer la procédure de désinfection adaptée
au générateur (norme AFNOR NF S 90-304). L'entretien
du générateur nécessite la réalisation de trois
étapes principales : le détartrage, la désinfection,
le rinçage.
Désinfection
des endoscopes.
La complexité du matériel
endoscopique et le risque infectieux qui lui est lié, bien qu'imparfaitement
évalué, sont à l'origine des nombreuses recommandations
concernant l'entretien du matériel d'endoscopie.
La
circulaire DGS/DH n°236 du 2 avril 1996 a précisé
les
modalités de désinfection de ces endoscopes dans les lieux
de soins en donnant des éléments permettant de mettre en
țuvre une procédure de désinfection. En ce qui concerne
les endoscopes souples ou rigides destinés à pénétrer
dans une cavité naturelle non stérile, il convient de se
référer aux modalités de traitement décrites
dans le guide de "Bonnes pratiques de désinfection des dispositifs
médicaux" édité par le CTIN au chapitre 10. Pour
les endoscopes destinés à pénétrer dans une
cavité naturelle stérile, il convient de se référer
aux modalités de traitement décrites dans le guide de
"Bonnes
pratiques de désinfection des dispositifs médicaux" édité
par le CTIN au chapitre 11.
En
ce qui concerne les automates de désinfection des endoscopes, considéré
également comme des dispositifs médicaux, ces derniers doivent
avoir le marquage CE depuis le 14 juin 1998. A l'heure actuelle, aucune
méthodologie standardisée officielle n'existe permettant
d'évaluer l'efficacité des machines automatiques d'entretien
des endoscopes (nettoyage et désinfection). Un projet de norme verticale
CEN est en cours d'élaboration. Par ailleurs, un certain nombre
d'équipes ont déjà publié des travaux permettant
de dégager quelques grandes orientations. L'ingénieur biomédical
pourra s'y référer en consultant le guide de "bonnes pratiques
de désinfection des dispositifs médicaux" édité
par le CTIN au chapitre 10. De plus, dans le cadre de la matériovigilance,
la lettre circulaire n°987262 du 15 juillet 1998 indique les points
à examiner lors de l'achat et de l'utilisation en routine des machines
pour le nettoyage et la désinfection des endoscopes.
Prévention
des infections liées aux ventilateurs et accessoires.
Les
infections respiratoires nosocomiales représentent, en fréquence,
la deuxième localisation des infections nosocomiales et la première
en réanimation. Toutefois, l'incidence de ces infections est extrêmement
variable selon les études, allant de 10 % à plus de 60 %
des patients ventilés, ce qui est en particulier lié à
une grande variabilité dans les critères diagnostiques utilisés
et au type de patients étudiés. Parmi ces infections, les
pneumopathies nosocomiales représentent la forme la plus grave:
elles concernent environ 20 % des patients ventilés plus de 48 heures.
Le
matériel utilisé pour l'assistance ventilatoire doit faire
l'objet d'une attention particulière afin de réduire les
risques infectieux associés à son utilisation. L'ingénieur
biomédical aura à charge de vérifier la compatibilité
des dispositifs médicaux utilisés avec les techniques d'entretien
et de désinfection. Il est recommandé d'utiliser des sondes
d'intubation et des canules de trachéotomie stériles et à
usage unique. Les ballons de ventilation manuelle (type AMBU) et les masques
utilisés pour la ventilation devront être stérilisés
ou soumis à une désinfection entre deux patients si la stérilisation
n'est pas envisageable. Les tuyaux doivent également être
stérilisés entre chaque utilisation.
Le
Comité Technique national des Infections Nosocomiales, dans
l'ouvrage
"100 recommandations" précise que lorsqu'un humidificateur chauffant
est utilisé, celui-ci doit être rempli avec de l'eau stérile.
Le liquide stagnant dans les tuyaux et le piège à eau, doit
être éliminé afin de ne jamais refouler vers le patient
ou l'humidificateur. Les circuits des respirateurs sont classiquement changés
de façon périodique chez un même patient. La fréquence
idéale de changement n'est pas encore connue et il semble possible,
en fonction de la littérature récente, de ne changer les
circuits qu'entre chaque patient, ou bien en cas de souillure visible.
Les blocs exploratoires doivent être stérilisés entre
chaque patient. Un carnet de bord indiquant les dates de changement des
circuits, ainsi que les cycles de stérilisation ou de désinfection
et mis en place pour chaque ventilateur.
Prévention
des infections liées aux cathéters
Du
fait de la multiplication des traitements administrés par voie veineuse,
centrale ou périphérique, de l'utilisation fréquentes
de cathéters artériels et de la durée est souvent
prolongée de ces traitements, des infections locales, des bactériémies
ou septicémies à porte d'entrée vasculaire sont observées
de plus en plus fréquemment.
L'ingénieur
biomédical ne pourra ici avoir que très peu d'influence sur
la prévention de ces infections. En effet, il apparaît que
ces dernières sont essentiellement liées aux conditions d'asepsie
pratiquées lors de la pose du cathéter ainsi que lors de
sa surveillance. Les progrès pouvant être faits dans ce domaine
dépendent donc essentiellement des pratiques soignantes et médicales.
La stérilisation est l'opération
que doit subir un produit ou un objet pour devenir stérile, c'est-à-dire
exempt de tous les micro-organismes qu'il contient ou supporte. Cependant,
stériliser ne signifie pas seulement utiliser un stérilisateur.
La production d'un objet stérile ne peut être mise en țuvre
que dans le cadre d'un système qualité et doit être
conçue dans son concept global (avant, pendant et après stérilisation).
L'ordonnance
n° 96-346 du 24 avril 1996 portant sur la réforme de l'hospitalisation
publique et privée stipule que les établissements de santé
doivent développer une démarche continue de qualité
et de sécurité des soins délivrés aux patients.
Cette démarche trouve tout particulièrement son application
dans la circulaire du 20 octobre 1997 où il est précisé
que "le pharmacien, avec le soutien de la direction de l'établissement,
met en place un système qualité pour l'ensemble des opérations
de stérilisation concernant les dispositifs médicaux et ce,
en travaillant avec l'ensemble des services ou instances concernées".
Cette
volonté de faire évoluer les opérations de stérilisation
dans un cadre réglementaire résolument marqué se trouve
ainsi renforcé par la loi n° 98-535 du 1er juillet
1998 où il est mentionné à l'article 4 que les établissements
de santé doivent: "mettre en place un système permettant
dâassurer la qualité de la stérilisation des dispositifs
médicaux répondant à des conditions définies
par voie réglementaire".
L'ingénieur
biomédical, souvent associé aux décideurs hospitaliers
lors des propositions de choix d'acquisition, d'implantation et de maintenance
du matériel de stérilisation se trouve ici naturellement
placé en position dâinterlocuteur privilégié auprès
du pharmacien de par sa maîtrise des référentiels normatifs
et sa connaissance des systèmes qualité. Il lui appartiendra
donc de savoir établir une synergie entre ses compétences
et celle du pharmacien qui se trouvent ici complémentaires, afin
de favoriser le développement d'un processus d'assurance qualité
permettant ainsi de lutter efficacement contre les infections nosocomiales.
Nous proposons au lecteur de consulter à ce sujet le tableau récapitulatif
en annexe
10
se rapportant aux implications
respectives du pharmacien et de l'ingénieur en stérilisation.
Il s'agit de la mise en țuvre d'un
ensemble de méthodes et de moyens visant à éliminer
par destruction tous les micro-organismes vivants de quelque nature et
sous quelque forme que ce soit, porté par un objet parfaitement
nettoyé. Contrairement à la désinfection et à
la décontamination, ce résultat est durable dans la mesure
où le matériel est conservé en état de stérilité.
La
stérilisation appartient au domaine des probabilités. En
effet, on ne peut jamais dire que l'on stérilise à 100 %.
Il a donc été déterminé un niveau d'assurance
de stérilité selon lequel un produit sera considéré
comme stérile si on à une chance sur 106 de trouver
un germe après l'opération de stérilisation.
b
- Les méthodes de mise en țuvre
Il existe différentes méthodes
de stérilisation reconnues par la pharmacopée et utilisées
de manière courante dans les établissements de soins.
La stérilisation
à la vapeur d'eau:
C'est le procédé de
référence pour la stérilisation en milieu hospitalier.
Par l'association de la chaleur et de l'eau sous forme saturée,
on réalise une dénaturation protéique par l'hydrolyse
partielle des chaînes peptidiques. Deux types de charges peuvent
être distingués:
-
les charges à protection perméable où la vapeur d'eau
apporte la chaleur et l'eau (matériel enveloppé en sachet
papier).
-
les charges à protection imperméable où la vapeur
d'eau apporte uniquement les calories, le contenu du flacon apportant l'eau
(soluté en flacons bouchés).
Les
deux paramètres essentiels de mise en țuvre sont la température
de la vapeur d'eau ainsi que la durée du cycle. La stérilisation
est effectuée au moyen d'appareils à pression de vapeur d'eau
appelés autoclaves. Ces appareils sont constitués d'une chambre
en acier inoxydable simple ou double que l'on peut charger ou décharger
par une ou deux portes opposées. Dans ce cas, l'autoclave est dit
à double ouverture, il sert alors de barrière entre la zone
de préparation du matériel et la zone de stockage des produits
stériles. On ne peut que recommander ce circuit.
Etape
|
Elément à contrôler
|
Contrôle à effectuer
|
Périodiquement
|
Ambiance de travail
|
Contrôle
de l'air
Contrôle
des surfaces
Contrôle de la contamination initiale |
Autoclave
|
Avant
la mise en service: validation selon la norme EN 554.
Contrôle
de routine annuel par le fournisseur ou un organisme agréé.
Tous les 10 ans: épreuve
de pression |
Avant la stérilisation
|
Chargement de l'autoclave
|
Passage
optimal de la vapeur par espacement des éléments de la charge
(volume charge < 70 % volume enceinte) |
Fuite
|
Sur
stérilisateur froid:
Réalisation
du premier vide
Arrêt
de la pompe à vide
Surveillance
de la pression sur 10 minutes
Fuite max tolérée: 1,3
mbar/min |
Pénétration de
la vapeur
|
Test de BOWIE &
DICK |
Pendant la stérilisation
|
Cycle
|
Bon déroulement |
Après la stérilisation
|
Témoin de passage
|
Virage effectif |
Intégrateur physico-chimique
|
Virage effectif |
Diagramme de Regnault
|
Durée et température
de chaque phase du cycle |
Stérilité
|
Prélèvement
d'échantillons et ensemencement |
La charge
est libérée après vérification:
du test
de BOWIE & DICK.
du diagramme
de Regnault.
de l'intégrateur
physico-chimique.
des essais de stérilité
(industrie).
La
stérilisation par la chaleur sèche:
L'agent stérilisant est l'oxygène
de l'air porté à une température élevée
et provoque la dénaturation des protéines bactériennes
par coagulation.
Les
deux paramètres essentiels de mise en țuvre sont la température
de l'air ainsi que la durée du cycle. Simple et peu coûteux,
l'appareillage n'est véritablement fiable que s'il est suffisamment
perfectionné pour maintenir tous ses paramètres. En effet,
l'air utilisé comme vecteur de l'agent stérilisant est un
isolant, la température n'est alors homogène que s'il existe
un système de ventilation. On préférera donc l'utilisation
de l'autoclave à celui du poupinel.
Etape
|
Elément à contrôler
|
Contrôle à effectuer
|
Avant la stérilisation
|
Chargement du poupinel
|
Volume charge < 70
% volume enceinte |
Pendant la stérilisation
|
Température
|
Stabilité, correspondance
de la valeur programmée par rapport à la valeur mesurée |
Minuterie
|
Absence de dérive |
Après la stérilisation
|
Témoin de passage
|
Virage effectif |
Intégrateur physico-chimique
|
Virage effectif |
Indicateur biologique
|
Absence de germes |
La
stérilisation par l'oxyde d'éthylène:
L'agent
stérilisant est un gaz: l'oxyde d'éthylène qui a la
propriété d'être un puissant bactéricide, virucide
et également sporicide qui agit par alkylation des macromolécules
(ADN, ARN, protéines) des micro-organismes. C'est l'agent de stérilisation
le plus utilisé à l'heure actuelle. Il comporte un phénomène
d'adsorption important sur les matières plastiques d'où une
législation très stricte, mais reste le seul moyen utilisable
pour le matériel thermosensible.
Etape
|
Elément à contrôler
|
Contrôle à effectuer
|
Périodiquement
|
Ambiance de travail
|
Personnel
qualifié et soumis à une surveillance médicale régulière
Locaux
protégés contre les flammes et les étincelles
Présence d'une chambre de désorption |
Appareil
|
Validation annuelle
selon la norme EN 550 |
Matériel
|
Se référer
à la norme ISO 10993-7 de janvier 1996 qui fixe les doses maximales
admissibles d'oxyde d'éthylène en fonction des dispositifs
médicaux |
Avant la stérilisation
|
Chargement de l'appareil
|
Volume charge < 70
% volume enceinte |
Pendant la stérilisation
|
Cycle
|
Bon déroulement |
Après la stérilisation
|
Témoin de passage
|
Virage effectif |
Intégrateur physico-chimique
|
Virage effectif |
Diagramme d'enregistrement
|
Conformité avec
le graphique type du fabricant |
Indicateur biologique
|
Absence de germes |
c
- La stérilisation centralisée
Le rôle de cette structure
est de permettre de regrouper tous les sites de stérilisation sous
le contrôle du pharmacien afin d'obtenir une homogénéité
de fonctionnement avec la mise en place d'un système d'assurance
qualité. Le but est d'assurer une rationalisation de l'utilisation
du matériel en réalisant simultanément un gain financier
ainsi qu'un gain de temps pour le personnel infirmier tout en obtenant
une diminution du risque de faute d'asepsie.
La
stérilisation centrale doit se trouver à proximité
des blocs opératoires ou à défaut être relié
aux blocs par l'intermédiaire de deux monte-charges distincts, l'un
réservé au circuit propre et l'autre au circuit sale. Elle
est constituée de deux zones:
-
une zone sale dans laquelle s'effectuent les étapes de réception
du matériel souillé, de nettoyage et de tri.
-
une zone propre dans laquelle s'effectuent les trois étapes suivantes:
conditionnement, stérilisation, et stockage.
La
mise en place d'une traçabilité est indispensable. En effet,
si une plainte est déposée lors d'une infection après
intervention au bloc opératoire, le responsable de la stérilisation
centrale doit pouvoir démontrer que le matériel utilisé
pour intervention a bien été stérilisé selon
les bonnes pratiques de stérilisation. Le bon fonctionnement du
stérilisateur doit également pouvoir être prouvé.
Tous les contrôles en stérilisation doivent ainsi être
archivés pendant trente ans.
La
stérilisation n'est donc pas simplement une méthode d'élimination
des germes. C'est une science à part entière qui évolue
sans cesse et qui possède sa propre philosophie. Progressivement,
les contrôles a posteriori tendent à disparaître afin
de laisser la place aux contrôles en amont de l'étape de stérilisation
afin d'instaurer une véritable assurance qualité identique
à celle de l'industrie pharmaceutique. Longtemps mal considéré,
ce secteur a aujourd'hui toute l'attention des responsables hospitaliers
et l'ingénieur biomédical ne peut se permettre de l'ignorer.
Il lui appartient, ainsi qu'au pharmacien hospitalier, d'allier leurs compétences
pour assurer la maîtrise de l'ensemble des éléments
associés au processus de stérilisation et garantir ainsi
le niveau d'assurance de stérilité optimale, condition indispensable
pour la sécurité des malades.
6
- Les interventions de maintenance
La protection du personnel doit être
une des préoccupations principales de tout acteur hospitalier en
général et de l'ingénieur biomédical en particulier.
La circulaire DGS/DH n° 249 du 20 avril 1998 nous indique de façon
précise les précautions à appliquer à l'heure
actuelle pour la prévention des risques.
On
pourra également se référer aux "100 recommandations
pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales"
éditées par le CTIN. En effet, selon les recommandations
qui y sont promulguée,
une formation initiale en hygiène
hospitalière est un préalable indispensable pour tous les
professionnels de santé travaillant dans un établissement
hospitalier. Cette formation théorique et pratique doit prendre
en compte pour chaque catégorie de personnels les risques encourus
liés à leurs fonctions et à leurs pratiques professionnelles.
Les personnels des services techniques doivent, comme tout autre personnel
de l'établissement de soins, bénéficier d'une formation
théorique et pratique prenant en compte les risques spécifiques
liés à leur activité professionnelle.
Il
convient donc de faire prendre conscience à chaque acteur des risques
encourus pour lui-même mais aussi des conséquences résultant
d'erreurs ou de négligence, pour la population et l'environnement.
Les risques pour le personnel, hospitaliers mais également extra
hospitalier, sont essentiellement les piqûres et les coupures, par
aiguille, lames de bistouri,· Il est donc important de connaître
la conduite à tenir en cas d'accidents du travail et d'appliquer
le protocole sur les lieux du travail.
Il
appartiendra à l'ingénieur biomédical et aux techniciens
de maintenance de rédiger des protocoles précis et rigoureux
en ce qui concerne les interventions de maintenance et de les faire appliquer.
Ces protocoles seront à définir dans trois domaines distincts:
L'intervention
des techniciens de maintenance internes à l'hôpital dans les
services.
L'intervention
des commerciaux, ingénieur d'application et techniciens de maintenance
externes à l'hôpital dans les services.
La circulation
de dispositifs médicaux entre les services et l'atelier de maintenance
en vue d'une intervention.
Pour
chacun de ces domaines, il appartiendra au service biomédical, assisté
par le CLIN, de définir les protocoles associés à
ces interventions ainsi que les tenues vestimentaires, produits désinfectants,
et précautions spécifiques à mettre en țuvre.
Chaque
dispositif médical quittant son service d'affectation pour quelque
raison que ce soit et en particulier lors des opérations de maintenance
devrait être désinfecté afin d'éviter la propagation
d'une éventuelle contamination au cours de son déplacement
ainsi que lors de l'intervention effectuée par le technicien du
service biomédical.
Recommandations
spécifiques aux zones d'hygiène contrôlée:
Les interventions au sein des zones
dites "propres" telles que le bloc opératoire, effectuées
tant par les techniciens de maintenance internes à hôpital
que par les personnes déléguées par les fabricants
doit faire l'objet de mesures adéquates concernant les points suivants:
- La tenue vestimentaire hygiène
de base:
ne porter
ni bague, ni bracelet, ni montre au poignet.
revêtir
une tenue de type pyjama, de préférence en polyester coton,
composée d'une casaque rentrée dans le pantalon lui-même
enserré dans des surchaussures si elles sont montantes.
porter
une charlotte en non-tissé couvrant complètement les cheveux
dès le passage du vestiaire vers le bloc.
porter
un masque dès l'entrée en salle d'opération.
porter
des lunettes s'il y a risque de projection de liquide biologique.
-
Le
lavage antiseptique des mains sera toujours effectué avant d'entrer
dans la salle d'opération.
Par
ailleurs, l'équipe technique devrait disposer pour la maintenance
des zones propres et des dispositifs médicaux qui sont associés,
d'une trousse à outils spécifique stationnée en permanence
dans cette zone afin qu'elle ne soit pas un vecteur de la contamination
bactérienne.
7
- Le traitement de l'eau
La consommation d'eau est particulièrement
importante dans un établissement de soins. Elle est estimée
à 750 litres en moyenne par lit et par jour avec des variations
de 130 à 1300 litres, selon la taille de l'établissement.
L'eau
du réseau de distribution est utilisée pour des usages très
diversifiés, ce qui justifie de définir des objectifs de
qualité adaptés à ces différents usages:
l'eau
destinée à la consommation humaine ou eau d'alimentation
l'eau
chaude à usage sanitaire
les
eaux à usage médical
les
eaux techniques
Les
micro-organismes présents dans l'eau ou colonisant les installations
techniques peuvent être directement responsables d'effets pathologiques
à court ou à moyen terme et/ou participer à la contamination
intra-hospitalière et à l'émergence d'infections nosocomiales.
Il s'avère ainsi indispensable d'évaluer les risques liés
à chacune des utilisations de l'eau et de maîtriser, de manière
adaptée et cohérente, sa qualité en fonction de ses
différents usages. Ceci suppose la connaissance de la structure
du réseau, de sa protection, de la qualité microbiologique
de l'eau du réseau, et surtout de la qualité des eaux effectivement
distribuées dans l'établissement, en particulier pour les
eaux à usage "médical" (piscine de rééducation,
bains pour brûlés, lavage chirurgical des mains, eau pour
hémodialyse·)
Ces
risques associés à la contamination de tout ou partie du
réseau par des légionelles sont évalués, notamment
au niveau du réseau de distribution d'eau chaude conformément
au guide pratique présenté en annexe de la circulaire DGS
n°97-311 du 24 avril 1997 relative à la surveillance et à
la prévention de la légionellose.
Dans
sa tâche, l'ingénieur biomédical pourra s'appuyer sur
la circulaire DGS n° 98-771 du 31 décembre 1998
relative
à la mise en țuvre de bonnes pratiques d'entretien des réseaux
d'eau dans les établissements de santé et aux moyens de prévention
du risque lié aux légionelles dans les installations à
risque et dans celles des bâtiments recevant du public.
Il
pourra également trouver auprès de l'ouvrage collectif
"Hygiène
Hospitalière", un précieux support pour guider ses actions.
Nous ne les détaillerons pas ici, car compte tenu de la variété
des applications possibles, il semble délicat de faire une synthèse
de l'ensemble des conseils et recommandations existantes en la matière.
8
- Le traitement de l'air
Le risque infectieux mieux étudié
concernant l'environnement est celui en relation avec l'aéro biocontamination.
Malgré ce constat, le rôle de la contamination microbienne
de l'air en tant que vecteur de transmission d'infection en milieu hospitalier,
est soit surestimé soit au contraire ignoré ou contesté.
Une
démarche pragmatique de maîtrise de l'environnement microbien
est aujourd'hui proposé par la normalisation internationale portant
sur les salles propres et environnements contrôlés associés,
ISO/TC 209 (en cours d'approbation). Elles s'appliquent avec profit aux
établissements de soins et de santé et sert de base de travail
sur plusieurs points.
La
diversité des profils de patients hospitalisés et des activités
de soins pratiquées dans un établissement a rendu nécessaire,
pour des raisons à la fois pratiques et économiques, la définition
de zones correspondant au degré de risque de contamination microbienne
pour le patient. Les locaux, les technologies et le niveau de formation
du personnel nécessaire à la protection de l'environnement
du malade seront ainsi adaptés aux exigences de qualité requise.
On
détermine ainsi quatre zones à risque de biocontamination:
Zone
4: très haut risque.
Zone
3: haut risque.
Zone
2: risque modéré.
Zone
1: risque faible ou négligeable.
Au sein d'une zone risque, il est
nécessaire de déterminer, pour chacun des paramètres
de l'environnement (air, support, liquide, textile) les principaux points
critiques qui influent directement sur la biocontamination du patient.
Ces points critiques doivent être à la fois maîtrisables
et contrôlables. Cette démarche se fonde sur le système
HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point), système d'analyse
des risques et des points critiques, déjà largement utilisé
dans le domaine agro-alimentaire. Ce dernier est développé
dans une norme internationale ISO/CD 14698-1 intitulée "Technologie
des salles propres - maîtrise de la biocontamination".
Dans le cas d'une installation de
traitement d'air, il sera nécessaire de distinguer:
Les principes de conception:
Niveau de filtration de
l'air
Taux de renouvellement de l'air
Caractéristiques des flux
d'air
Surpression ou dépression
du local
Les
recommandations sur le fonctionnement en tenant compte des différents
composants de l'installation.
L'ingénieur
biomédical pourra s'appuyer sur les ouvrages référencés
en annexe tels que le "Traitement de l'air en milieu hospitalier"
édité par UNICLIMA ou les "Contrôles de l'environnement
dans les zones à haut et très haut risques infectieux"
édité par l'ASPEC.
Les
opérations de contrôle directement liées à la
qualité hygiénique de l'air distribué dans les locaux
pourront être les suivantes:
-
Différence de pression avec les zones adjacentes
-
Débits d'air soufflé et débits d'air neuf
-
Vitesse d'air et laminarité dans le cas des flux unidir indispensable d'évaluer les risques liés
à chacune des utilisations de l'eau et de maîtriser, de manière
adaptée et cohérente, sa qualité en fonction de ses
différents usages. Ceci suppose la connaissance de la structure
du réseau, de sa protection, de la qualité microbiologique
de l'eau du réseau, et surtout de la qualité des eaux effectivement
distribuées dans l'établissement, en particulier pourLE="text-indent: 1.25cm; margin-bottom: 0cm">-
Temps de décontamination particulaire ou biologique (temps nécessaire
pour qu'un niveau de contamination initialement introduit soit divisé
par10).
La ventilation
du Bloc Opératoire:
L'activité opératoire
et les mouvements du personnel augmentent la quantité de micro-organismes
en suspension dans l'air. Pour diminuer cet apport inévitable, il
faut ventiler les salles dâinterventions conventionnelles avec de l'air
filtré en associant l'air propre à l'air recyclé,
en pression positive. Le minimum est de 15 volumes par heure dont trois
volumes d'air frais. En ce qui concerne le cadre de la chirurgie orthopédique
avec la mise en place de prothèses, des systèmes de ventilation
plus performants sont recommandés. Ce sont des systèmes de
plafond soufflant, voir des salles équipées d'un flux laminaire
et/ou d'ultraviolets.
En
matière d'aménagement, la conception des plans doit avoir
pour ambition d'induire les comportements adéquats grâce aux
aménagements architecturaux. La qualité de l'air pulsé
dans les salles d'opération est essentielle. Mais il ne suffit pas
de procéder à des installations répondant à
tous les critères utiles, il faut en surveiller régulièrement
les performances, entretenir les points délicats et remplacer à
temps les éléments défaillants. Ces derniers points
sont trop souvent négligés pour de prétendues raisons
économiques. La lutte contre les infections postopératoires
doit ainsi savoir prendre en compte les facteurs humains et matériels.
9
- L'évacuation des déchets
Il existe divers types de déchets
d'activités de soins : les déchets anatomiques, les déchets
microbiologiques et de laboratoire, le sang et les liquides organiques
ainsi que les instruments tranchants ou piquants et les déchets
provenant des aires dâisolement. Les déchets infectieux représentent
environ 15 % des déchets générés par les hôpitaux
(source CTIN). Malgré cela, le terme "déchets infectieux"
est souvent utilisé comme synonyme de déchets d'activités
de soins.
a
- Risque pour la santé publique
Les
déchets d'activités de soins ne sont pas nécessairement
infectieux. Les seuls déchets qui sont effectivement associés
au risque de transmission de maladies sont les instruments tranchants ou
piquants contaminés par du sang. La capacité dâautres déchets
de causer des infections dépend de la virulence du micro-organisme,
de la réceptivité de lâhôte et de lâexistence dâune
porte dâentrée. Parce quâil nâexiste pas de méthode objective
pour déterminer le risque infectieux associé aux déchets,
il est devenu pratique courante de réglementer les déchets
que lâon soupçonne de contenir des agents pathogènes capables
d'être la cause de la maladie.
Les
déchets produits par les établissements de santé ne
sont pas plus dangereux que les déchets domestiques. Les données
montrent que les déchets domestiques contiennent cent fois plus
dâorganismes pathogènes que les déchets d'activités
de soins (cf. Rutala WA. Disinfection, sterilization, and waste disposal.
2nd ed. Baltimore: Williams & Wilkins, 1993).Par ailleurs, les
déchets des activités de soins représentent 700 000
tonnes en 1996, toutes catégories d'établissements confondues.
Cette quantité est faible comparée aux 58 millions de tonnes
annuelles de déchets urbains ménagers, mais son impact psychologique
est majeur.
b
- Traitement et élimination des déchets
Conjointement avec le Ministère
de la Santé chargé de l'Environnement, le Ministère
de la Santé, et de la Protection sociale a publié en 1988
un ensemble de recommandations dans le "Guide sur l'élimination
des déchets hospitaliers" actualisé le 1er
septembre 1990.
Le
circuit du traitement de ces déchets comporte les étapes
suivantes:
-
le
tri: c'est un acte obligatoire imposé par la réglementation
depuis 1978 qui précise que "tout déchet provenant d'un
établissement hospitalier doit faire l'objet d'un tri en deux catégories
principales au moins; les déchets contaminés et les déchets
assimilables aux ordures ménagères".
-
le
conditionnement pour lequel il est précisé que "tout
récipient servant à la collecte et au transport des déchets
contaminés doit être identifié, étanche, nettoyé
et désinfecté intérieurement et extérieurement
après usage".
-
la
collecte et le transport intra-hospitalier.
-
le
stockage.
Le
traitement proprement dit se fait soit par mise en décharge, procédé
qui sera interdit à partir du 1er juillet 2002, ou par
incinération en usine spécialisée (U.I.O.M.).
L'incinération
est un procédé de conversion de matériaux combustibles
en cendres non combustibles, ce qui permet dâobtenir une réduction
de 90 % du volume et de 75 % de la masse des déchets. Les gaz sont
libérés dans lâenvironnement et les résidus peuvent
être enfouis dans une décharge.
Selon
la législation en vigueur, le traitement des déchets produit
par les établissements hospitaliers et assimilés doit s'effectuer
par incinération. Or depuis les années 1988, est apparue
une alternative à l'incinération. Le principe en est le suivant:
après broyage de ces déchets, un traitement particulier de
désinfection les rend assimilables à des déchets domestiques
et leur permet alors de prendre la même filière d'élimination.
Deux procédés existent actuellement, ils font appel soit
à une désinfection chimique par trempage désinfectant,
soit à une désinfection physique par vapeur d'eau à
150 °C et maintien en température par micro-ondes.
c
- Sécurité des personnes qui manipulent les déchets
Les personnes qui manipulent les
déchets infectieux courent un risque dâêtre exposées
à des pathogènes provenant des contenants dâinstruments tranchants
ou piquants et de fuites de déchets infectieux. Il est nécessaire
à ce titre d'établir des procédures écrites
afin de promouvoir la sécurité des personnes qui sont appelées
à manipuler les déchets et solliciter leur participation
à lâélaboration de ces politiques et procédures.
On
peut toutefois effectuer les recommandations suivantes en la matière:
-
Les personnes qui manipulent les déchets devraient porter de lâéquipement
protecteur adapté au risque (chaussures de sécurité
et gants de travail épais).
-
Il faut offrir lâimmunisation contre lâhépatite B aux personnes
qui manipulent les déchets.
Nous avons, au cours des précédents
chapitres, effectué une analyse transversale des différents
domaines concernés par les infections nosocomiales. Nous avons essayé
d'aborder les secteurs où cette question nous semblait prendre une
importance cruciale. Nous espérons que l'ingénieur biomédical
aura su trouver au cours de ces lignes les informations nécessaires
pour mener à bien son travail quotidien et veiller ainsi au respect
d'une démarche adaptée au risque infectieux, au dispositif,
ainsi qu'à son environnement.
Il
serait utile, que les fabricants puissent également y trouver matière
à réflexion car ils ont aussi la responsabilité d'améliorer
la conception de ces matériels, de permettre pour ceci un entretien
compatible avec le type d'utilisation qui en est fait ainsi que les produits
et méthodes adaptées à cet entretien. Il semble en
effet difficile de trouver une solution acceptable tant pour le patient
que pour le personnel hospitalier qui utilise les dispositifs médicaux
ainsi que pour les techniciens de maintenance, tant que les fabricants
n'intégreront pas pleinement cette question dès les phases
de conception de leurs matériels.
L'ingénieur
biomédical se place ici en interlocuteur privilégié
de par sa position "charnière" entre le milieu médical et
le milieu industriel, pour pouvoir valoriser cet aspect et permettre aux
futurs dispositifs d'intégrer pleinement ces notions de sécurité
tant pour le patient que pour les utilisateurs.