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Si vous arrivez directement sur cette page, sachez que ce travail est un rapport d'étudiants et doit être pris comme tel. Il peut donc comporter des imperfections ou des imprécisions que le lecteur doit admettre et donc supporter. Il a été réalisé pendant la période de formation et constitue avant-tout un travail de compilation bibliographique, d'initiation et d'analyse sur des thématiques associées aux technologies biomédicales. Nous ne faisons aucun usage commercial et la duplication est libre. Si vous avez des raisons de contester ce droit d'usage, merci de nous en faire part . L'objectif de la présentation sur le Web est de permettre l'accès à l'information et d'augmenter ainsi les échanges professionnels. En cas d'usage du document, n'oubliez pas de le citer comme source bibliographique. Bonne lecture... 


  GESTION DE LA CRITICITÉ DES DISPOSITIFS MÉDICAUX DU CENTRE HOSPITALIER DE CALAIS

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Centre hospitalier de CALAIS

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www.utc.fr
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  David CASTELAIN
Référence à rappeler : Gestion de la criticité des dispositifs médicaux du centre hospitalier de CALAIS, David CASTELAIN, projet de stage, Certification Professionnelle ABIH, UTC, 2013
URL : http://www.utc.fr/abih ; Université de Technologie de Compiègne
RÉSUME

Les dispositifs médicaux sont de plus en plus présents dans les actes de soins et ils dépendent de plus en plus à la remise en bonne santé des patients. Les praticiens de la santé, utilisent ces dispositifs en comptant sur leur fiabilité et leur disponibilité. Le bon état de fonctionnement attendu par l’utilisateur doit être opérationnel pour garantir une partie des résultats de l’activité de soins.
La gestion de la criticité des dispositifs médicaux durant toute leur phase d'exploitation est une évolution de la qualité qui a pour objectifs de garantir une qualité de soins aux patients, de maîtriser des dangers et leurs effets, d'assurer la pérennité de l'établissement et de garantir un fonctionnement optimal.

Mots clés : Criticité, danger, fiabilité, maîtrisé, assuré

ABSTRACT

Medical devices are increasingly present in acts of care and they depend more on the delivery of healthy patients. The health practitioners, using these devices relying on their reliability and availability. The condition expected by the user operation must be operational to ensure some of the results of the activity of care.
 Management criticality of medical devices throughout their operating phase is a quality change which aims to ensure quality care for patients, control of hazards and their effects, to ensure the sustainability of the establishment and ensure optimal operation.
 
Keyword: criticality, risk, reliability, control, provided

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Remerciements

Je tiens à remercier Monsieur VERFAILLIE Stéphane, ingénieur biomédical, qui m’a accompagné pendant le stage sur la mise en place de la criticité des dispositifs médicaux au sein de l’établissement.

Je tiens à remercier toute l’équipe du service biomédical du CH de Calais, LUCINSKI David, PLANQUE Kévin et VUYLSTEKE Stéphane, pour leur accompagnement durant ces trois mois de stages, pour leur bonne humeur et leur partage de connaissances.

Je remercie également Monsieur FELAN Pol-Manoël pour sa disponibilité pendant ce stage, pour ses précieux conseils.


Sommaire


Résumé
Abstract
Remerciement
Abréviations
Introduction

1. Le centre hospitalier de calais
a. Historique
b. L’hôpital aujourd’hui
c. Les chiffres du centre hospitalier
d. Le service biomédical

2. Les dispositifs médicaux et leur criticité
a. Définitions
b. Marquage CE et Classe
c. Contexte actuel
d. Les différentes méthodes de calcul de la criticité

3. La criticité au sein du CH de Calais
a. Problématique et enjeux de l’évaluation de la criticité
b. Mise en application
b1. Feuille de mise en service
b2. Procédure en cas de panne d’un DM critique
c. La validation des procédures
d. Intégration de la criticité à la GMAO

Conclusion
Perspective d’avenir
Références bibliographiques
Table des illustrations
Table des annexes

 

Abréviations

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HAS : Haute Autorité de Santé
EHPAD :
Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes
CH :
Centre Hospitalier
EEG:
Electro-Encéphalogramme
EMG:
Electromyogramme
ORL:
Oto-Rhino-Laryngologie
EFR:
Exploration Fonctionnelle Respiratoire
USC:
Unité de Surveillance Continue
GMAO: Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur
CE:
Conformité Européenne
DM:
Dispositif Médical
UE:
Union Européenne
AMDEC:
Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité
NF :
Norme Française
MACE: Méthode d’Analyse de la Criticité des dispositifs Médicaux en Exploitation
GED:
Gestion Electronique de Document


Introduction 

  
La notion de risque dans les établissements de santé est d’abord associée aux interventions médicales et chirurgicales, et donc à la notion de sécurité du patient. Mais au-delà, il faut également considérer les risques concernant les dispositifs médicaux autant au niveau de la conception qu’à celui de l’exploitation en établissement de santé (de leurs mises en service à leurs réformes).
En juin 2009, la Haute Autorité de Santé (HAS) a demandé aux établissements, de par sa certification V2010 qui est obligatoire dans tous les établissements de santé publics et privés en France, une démarche qualité afin d’évaluer la gestion de leur dispositifs médicaux. Cette certification consacre notamment un item engageant les établissements de santé à garantir la continuité des soins délivrés aux patients et plus précisément le critère 8K qui préconise l’existence « d’une procédure (équipements de secours, solution dégradée ou dépannage d’urgence) permettant de répondre à une panne d’un équipement biomédical critique est formalisée et est opérationnelle. » [1]
Mon projet consiste à mettre en place une gestion de la criticité des dispositifs médicaux au sein de l’établissement (méthodologie, outils diagnostics, mise en œuvre). L’évaluation de la criticité permettra la hiérarchisation des dispositifs médicaux en fonction de leur nature et de leur utilisation par les services de soins. Elle permettra également de mieux organiser les maintenances correctives et préventives, la formation technique et le renouvellement de ces matériels.


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1.    Le centre hospitalier de Calais

a.    Historique

localisation de la ville de CALIS
Figure 1: Localisation de CALAIS



Il y a 120 ans naissait le premier hôpital de Calais. En effet, c’est le 26 janvier 1887 que s’achèvent les travaux débutés 4 ans plus tôt. Parallèlement au progrès de la médecine, époque de début de la médecine moderne, Calais ce dote donc d’un hôpital.
Malgré la création d’un service de maternité en 1950 et l’ouverture de nouveaux services dans les années 1960, les infrastructures demeurent démodées ; la construction d’un hôpital en 1975 permet d’offrir à la population calaisienne un établissement moderne, auquel s’ajoutera un nouveau plateau technique.
En 2007, ce n’est pas moins de trois nouvelles activités qui ont été ouvertes au public : consultations avancées de chirurgie infantile, unité de surveillance continue, unité de chirurgie ambulatoire. D’autres services se sont vus attribuer un nouvel espace plus performant et plus accueillant, c’est le cas des nouveaux locaux pour les consultations de gynécologie-obstétrique ou du nouveau plateau technique pour la réadaptation cardiaque et pour la réhabilitation respiratoire. Sans oublier l’ouverture du nouvel EHPAD, la Roselière, sur le site du Virval [2].

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b.    L’hôpital aujourd’hui


Le 3 décembre 2012, a été inauguré le tout nouvel hôpital de Calais situé sur le site du Virval. L’enjeu de la reconstruction de l’hôpital, est d’inscrire le centre hospitalier dans un projet de service public au niveau du bassin de vie littoral et de permettre aux habitants de Calais et de sa région de bénéficier, à proximité de chez eux, d’une offre de soins hospitaliers la plus large et la plus complémentaire [3].
C’est dans cet objectif qu’a été choisi le parc d’activités du Virval. Dédié à la santé, à l’innovation et au service, situé au sud-est de l’agglomération de Calais, il est facilement accessible depuis le centre-ville et la rocade de la ville. Le site permet également le regroupement des structures hospitalières ainsi que la mise en commun de moyens, notamment logistiques. Un véritable pôle de santé est ainsi créé, comprenant l’EHPAD, le foyer de vie et la clinique psychiatrique du Virval.

image

Figure 2: localisation de l’hôpital de Calais
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c.    Les chiffres du centre hospitalier


D’une superficie de plus de 60 000 m², le nouvel hôpital de Calais dispose d’une capacité totale d’accueil de 502 lits et places [4]. Il a été conçu de manière à faciliter la venue et le séjour des patients, notamment grâce à une organisation en 3 grands secteurs :
En 2011 l’hôpital a enregistré 41 379 entrées, 286 802 journées d’hospitalisation dont 127 370 d’hébergement en HEPAD, 2 172 naissances, 6 051 interventions chirurgicales, 72 644 consultations externes médecines chirurgie obstétrique.

Pour cela l’hôpital peut assurer cette activité grâce :


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d.    Le service biomédical

atelier
                biomédical
accueil atelier
                biomédical
Figure 3 : atelier biomédical
Figure 4 : accueil atelier biomédical


Le service biomédical est constitué d’un ingénieur biomédical et de trois techniciens supérieurs. Le service est situé au niveau -1 du bâtiment (annexe 1), a en charge 3216 dispositifs médicaux (chiffre 2012). Chaque technicien est « référent » de plusieurs secteurs d’activités dont il a pour mission la planification et la réalisation des maintenances préventives (interne ou externe), mais reste néanmoins formé, informé et apte à dépanner sur la totalité du parc de l’établissement. Le CH de CALAIS possède également un service de dialyse qui est composé de 12 postes et qui est une unité délocalisée de l’hôpital de Boulogne/mer.

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organigramme

Figure 5 : Organigramme du service biomédical

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L’activité des techniciens biomédicaux :


2.    Les dispositifs médicaux et leur criticité

a.    Définitions

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Dispositifs médicaux : « On entend par dispositif médical tout instrument, appareil, équipement, matière, produit, à l'exception des produits d'origine humaine, ou autre article utilisé seul ou en association, y compris les accessoires et logiciels nécessaires au bon fonctionnement de celui-ci, destiné par le fabricant à être utilisé chez l'homme à des fins médicales et dont l'action principale voulue n'est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou immunologiques ni par métabolisme, mais dont la fonction peut être assistée par de tels moyens. Constitue également un dispositif médical le logiciel destiné par le fabricant à être utilisé spécifiquement à des fins diagnostiques ou thérapeutiques ». [6]

Criticité : « Combinaison de la sévérité d’un effet et de la fréquence de son apparition, ou d’autres attributs d’une défaillance, comme une mesure de la nécessité d’un traitement ou d’une atténuation » (norme EN 60812, procédure d’analyse des modes de défaillance et de leurs effets). [7]

Selon cette norme, la criticité C peut être considérée comme la résultante de la gravité G des conséquences sur un patient d’un danger potentiel dont l’apparition avec une probabilité P serait Non-détectable et Non-maîtrisable selon un niveau estimé à N soit :

C = G x P x N

b.    Marquage CE et Classe des DM


Le marquage CE apposé sur un dispositif médical (DM) signifie que ce DM est conforme aux exigences juridiques dites essentielles en matière de santé, de sécurité, telles qu’elles sont stipulées dans les directives de l’Union Européenne. Il signifie « marquage Communauté Européenne ». C’est l’entreprise qui doit faire la preuve de la conformité de son produit aux exigences essentielles de la directive impliquée (figure 6), avant d’être autorisée par l’organisme notifié à apposer le marquage CE (sauf pour les DM de classe I où il n’y a pas d’intervention d’un organisme notifié). C’est l’Union Européenne (UE) qui a élaboré le programme de marquage CE dans le but de faciliter les échanges commerciaux entre les pays membres tout en diminuant leurs coûts. Le marquage CE, une fois apposé, permet ainsi la mise sur le marché du dispositif dans tous les états membres de l’Union Européenne et de l’Espace Economique Européen. Il constitue de fait une reconnaissance mutuelle des législations harmonisées entre les Etats membres.

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directives
 
Figure 6 : Implication des directives selon le type de DM



Les dispositifs médicaux relevant de la directive 93/42 sont répartis en 4 classes avec pour chacune des modalités précises d’évaluation de la conformité.

Classe I : Risque potentiel faible (instruments chirurgicaux réutilisables, dispositifs médicaux non invasifs, dispositifs médicaux invasifs à usage temporaire)

Classe IIa : Risque potentiel modéré (dispositifs médicaux invasifs à court terme, dispositifs médicaux invasifs de type chirurgical à usage unique)

Classe IIb : Risque potentiel élevé (dispositifs médicaux implantables long terme)

Classe III : Risque potentiel critique (dispositifs médicaux implantables long terme en contact avec le cœur, le système circulatoire central ou le système nerveux central, dispositifs médicaux implantables résorbables, implants mammaires, implants articulaires de hanche, de genou et d’épaule …) [8]

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courbes des classes
 
Figure 7 : Les différentes classes de DM


c.    Contexte actuel

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La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en juin 2009 une certification (V2010) qui est obligatoire pour tous les établissements de santé privé et public en France. Cette certification est une procédure d’évaluation externe des établissements de santé, réalisée par des experts de la HAS. Elle contient 28 références et 82 critères, dont un critère, le 8K, qui s’intitule : « gestion des équipements biomédicaux ». Il est réparti en trois étapes : prévoir, mettre en œuvre, et évaluer/améliorer. [1]

critère 8k

Figure 8 : Critère 8K de la certification V2010


Dès lors, les établissements de santé, et plus particulièrement les services biomédicaux, ont tentés de définir le taux de criticité de leurs dispositifs médicaux grâce à plusieurs méthodes existantes.

d.    Les différentes méthodes de calcul de la criticité

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AMDEC

L’AMDEC est une Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité, et répond à la norme NF EN 60812[11]. C’est une méthode d’analyse prévisionnelle de la fiabilité, permet de recenser les modes de défaillances potentielles dont les conséquences affectent le bon fonctionnement du moyen de production, de l’équipement ou du processus étudié. Elle permet d’estimer les risques liés à l’apparition de ces défaillances, afin d’engager les actions correctives ou préventives à apporter lors de la conception, de la réalisation ou de l’exploitation du moyen de production, du produit ou du processus. L’AMDEC se résume par une formule mathématique :

Criticité = Fréquence x Gravité x Détectabilité

F - Fréquence ou possibilité d'apparition d'une défaillance
Le terme F présente deux nuances distinctes permettant de l'estimer. La première étant la probabilité d'apparition et la deuxième étant la fréquence d'apparition. Il est défini à l'aide d'une GMAO et de l'expérience du terrain.

G - Gravité
Elle détermine le niveau de risque occasionné. Cette notion de gravité dans un établissement de soin peut être exprimée en fonction du classement des dispositifs médicaux qui leur sont attribués lors de l'analyse de risque réalisée lors du marquage CE (classe I, IIa, IIb, III).

D - Détectabilité
C'est ce paramètre qui reflète l'utilisation du dispositif médical dans son service d'affectation, il peut être différent pour le même type d'appareil utilisé dans différents services. Il est aussi le plus difficile à évaluer car un dysfonctionnement peut engendrer un arrêt ou un mauvais fonctionnement et donc entraîner diverses conséquences.


Fréquence d’apparition de la défaillance (F)

1

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Gravité des effets de la défaillance (G)

..;



Capacité de détection de la défaillance (D)

3

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La multiplication de ces critères permet ensuite d’obtenir un niveau de criticité (C) et selon ce niveau, on décide des actions (et des délais) à entreprendre :

4



PIEU

Utilisé par les exploitants de dispositifs médicaux car elle est perçue comme simple à mettre en œuvre et pragmatique sur les réalités du terrain, elle propose d’estimer la criticité en multipliant 4 paramètres évalués sur 4 niveaux. Ces quatre critères sont pondérés pour chaque type d’équipement par des valeurs allant de 0,01 à 3 (0,01 étant le paramètre ayant le plus d’importance et 3 étant le moins critique).
Plus C est faible, plus la criticité de l’équipement est élevée. Le calcul se fait selon la formule suivante :

C = P x I x E x U

P – Incidence des pannes : il s’agit de refléter la fiabilité et la fidélité de l’équipement de mesure

I – Importance de l’équipement : ce critère permet de caractériser l’influence du dispositif sur l’activité

E – Etat de l’équipement : ce critère est lié à l’âge du matériel, à sa précision et à son usure

U – Taux d’utilisation de l’équipement : ce critère est lié à la fréquence d’utilisation et au nombre d’utilisateurs

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5


A partir des criticités calculées, les équipements peuvent être classés en trois catégories :

6

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La matrice Gravité / Fréquence

Cette méthode prend en compte la gravité du dommage et la fréquence d’apparition de la panne ou du danger. En fonction de ces deux critères et en croisant les incidences, un résultat est obtenu:

7

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Ce résultat est ensuite analysé en fonction des niveaux de criticité, ici quatre niveaux déterminés.

8

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Pour conclure sur ses trois méthodes les plus couramment utilisées, plusieurs difficultés sont relevées :


Selon la méthode utilisée par les établissements de santé, les résultats obtenus ne sont pas comparables, pour un même dispositif médical, son taux de criticité sera différent selon l’établissement dans lequel il se situe et selon la méthode employée.

Lors de la partie théorique à l’université de Compiègne (de janvier à avril 2013), j’ai pris connaissance  d’une méthode plus adaptée au monde médical, et qui a été élaboré par les étudiants en Master Technologies et Territoires de Santé (TTS). Ces étudiants ont mis au point une méthode, basée sur un fichier Excel, et utilisant des cases à cocher, avec un résultat sous forme d’un taux 0-100%.
Cette méthode se nomme la méthode « MACE » (Méthode d’Analyse de la Criticité des dispositifs médicaux en Exploitation). Cet outil présente une bonne approche sur l’élaboration d’une méthode simple, et elle est basée sur 9 critères directement compréhensibles répartis de la façon suivante :

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tableau excel de criticité
 
Figure 9 : Tableur Excel de la méthode MACE

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3. La criticité au sein du CH de Calais

a.    Problématique et enjeux de l’évaluation de la criticité


Afin de cadrer les éléments du problème, l’utilisation de l’outil qualité « QQOQCP » (Qui, Quoi, Où, Quand, Comment et Pourquoi)  a été nécessaire.

QQOQCP

Figure 10 : Outils qualité (QQOQCP)


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L’objectif de mon projet de stage est de mettre en place le calcul du taux de criticité des dispositifs médicaux de leurs mises en service jusqu’à leurs réformes, mais plus particulièrement de mettre en place des procédures en cas de panne d’un dispositif biomédical critique dans les différents services. L’intérêt de mettre en place ces procédures, est de garantir une qualité, une sécurité et une continuité des soins délivrées aux patients.


b.    Mise en application

b1. Feuille de mise en service


Lors de mon arrivée au service biomédical du centre hospitalier de Calais, la criticité des dispositifs médicaux étaient évoquée et abordée, mais rien de concret n’était mis en place. Le service biomédical avait rédigé une procédure de mise en service de nouveaux dispositifs médicaux dont il avait inclus un tableau de calcul de la criticité avec la méthode  PIEU .

La première étape de mon travail était de comprendre le mode de fonctionnement de l’atelier biomédical et leurs attentes vis-à-vis de l’évaluation de la criticité. Nous avons fait le point ensemble des différentes méthodes existantes ainsi que celle qui a été élaboré par les masters, et nous en avons conclu que la méthode MACE serait intéressante à mettre en œuvre sur le site de Calais.


Dans un premier temps nous avons rédigé une procédure de mise en service pour les nouveaux dispositifs médicaux et nous y avons intégrés la méthode MACE. Le service biomédical possédant une tablette tactile fonctionnant sur Windows Vista, nous avons utilisé le logiciel « InfoPath » qui fait partie du pack Microsoft Office. Ce logiciel gratuit permet d’entrer directement sur la tablette les informations du dispositif médical (numéro de série, fournisseur, date de mise en service, service concerné, …) et par la même occasion faire signer le personnel  soignant qui est formé lors de cette mise en service. (annexe 2

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 tablette
Figure 11 : Tablette tactile Lenovo X61

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D’abord nous entrons les informations du DM (marque, numéro de série, modèle,…)

tablette
 
Figure 12 : Page 1 du logiciel InfoPath sur tablette tactile

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Ensuite nous avons intégrés la méthode de calcul de la criticité en fichier joint qui permet d’établir le taux de criticité lors de la mise en service.

tablette
 
Figure 13 : Page 2 du logiciel InfoPath sur tablette tactile

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En ouvrant le fichier, nous accédons au fichier Excel de la méthode MACE qui permet de faire le calcul de la criticité.

tablette
 
Figure 14 : Fichier Excel de la méthode MACE

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Une fois le tableau rempli, nous obtenons un résultat en pourcentage

tablette
 
Figure 15 : Résultat en % de la méthode MACE

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Ce pourcentage obtenu, nous pouvons le retranscrire dans la feuille de mise en service, et vérifier son taux par rapport au tableau comparatif.

tablette
 
Figure 16 : Report du résultat dans la feuille de mise en service

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Cette fiche intègre également les formations utilisateur faites lors de la mise en service du dispositif médical.

tablette
 
Figure 17 : Émargement pour les formations utilisateurs

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Une fois cette feuille de mise en service complétée, les techniciens biomédicaux peuvent enregistrer la feuille directement dans Aset+. L’intérêt d’utiliser le logiciel InfoPath sur tablette permet de gagner du temps, on peut remplir la fiche directement dans le service. Ce logiciel permet d’intégrer le calcul de criticité car nous utilisons un fichier Excel,  mais également de faire signer le personnel formé à l’utilisation du dispositif directement dans la feuille de mise en service. Tout ceci répond également à l’objectif du service qui est de « zéro papier ».

b2. Procédure en cas de panne d’un DM critique

La deuxième étape de mon projet était de mettre en place une procédure pour palier à une éventuelle panne d’un dispositif médical jugé critique. Cette procédure permettrait au service de soins d’avoir un support papier où seraient référencés les dispositifs médicaux jugés critiques, le nombre de dispositifs médicaux de secours, leurs emplacements et la conduite à tenir en cas de panne de ceux-ci.

La procédure se compose de cinq chapitres au minimum:
  1. Les objectifs de la procédure
  1. Le domaine d’application
  1. Un glossaire
  1. Un annuaire
  1. L’exécution (comment avons-nous fait ce calcul de criticité)
  1. Procédure 1 (une procédure pour un type de dispositif médical, ex : défibrillateurs)
  1. Procédure 2(ex : procédure pour les ventilateurs)
  1. N procédures
Il y aura N procédures pour N dispositifs médicaux jugés critiques dans le service concerné. A la fin de cette procédure il y aura un chapitre « fiche de retour d’expérience » afin de faire évaluer et évoluer cette procédure.

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Exemple de procédure rédigée pour le service d’anesthésie :
  1. Objectif

Afin de garantir la qualité et la sécurité des soins délivrés aux patients, les dispositifs médicaux au sein des établissements de santé doivent être optimisés. Pour cela, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise, à travers son « Manuel de certification des établissements de santé (v2010) », l’existence d’une procédure permettant en cas de panne d’un équipement biomédical critique de trouver un équipement équivalent de secours.


  1. Domaine d’application

En collaboration avec les parties prenantes (services de soins, services médicaux, services médico-techniques), le service biomédical liste les dispositifs médicaux jugés critique et analysent leur criticité afin de prévoir et d’organiser des solutions de secours en cas de panne.

Liste des équipements ayant été considérés comme critiques au sein du service et concernés par cette procédure :


  1. Glossaire
Criticité: La combinaison de la sévérité d’un effet et de la fréquence de son apparition, ou d’autres attributs d’une défaillance, comme une mesure de la nécessité d’un traitement ou d’une atténuation (source : norme EN 60812, procédure d’analyse des modes de défaillance et de leur effets)

GMAO: la Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur est une méthode de gestion assistée d’un logiciel destiné aux services

MACE: Méthode d’Analyse de la Criticité en condition d’Exploitation

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  1. Annuaire

annuaire
 

  1. Exécution


Pour effectuer cette analyse de la criticité, nous utilisons la méthode MACE (Méthode d’Analyse de la Criticité en condition d’Exploitation). Cette méthode est basée sur 9 critères directement compréhensibles répartis de la façon suivante :

Afin d’évaluer ces critères, une grille d’analyse est proposée sous format Excel avec une interface simple où il suffit de cliquer les choix. [9]
 


  1. Procédure

Une fois que la liste des dispositifs médicaux jugés critique a été établie pour le service de soins concerné, nous avons rédigé sous forme de tableau les actions à entreprendre en cas de panne.

Exemple de procédure pour les défibrillateurs de l’anesthésie

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procédure

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Exemple de procédure pour les bistouris électriques du bloc opératoire


procédure

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Nous avons procédé de la même manière pour tous les dispositifs médicaux des services de soins qui ont été abordés. Ce tableau permet au service de soins de savoir le type de matériel dont il dispose, sa quantité, si oui ou non le service possède du matériel de secours et si oui à quel endroit il se situe. Il donne également les directives à prendre pour le DM en panne lors de l’ouverture et la fermeture du service biomédical.  Tout ceci est dans le but de faciliter le travail du personnel, de les rassurer dans leurs tâches quotidiennes et surtout de garantir la qualité et la sécurité des soins délivrées aux patients.


c.    La validation des procédures


Lorsque les procédures ont étés rédigées pour les services de soins les plus critiques (ex : bloc opératoire, néonatalogie, bloc obstétrical, …), nous avons pris rendez-vous avec les cadres de santé afin d’expliquer notre démarche, de vérifier ces procédures, et d’apporter les modifications nécessaires selon leur mode de fonctionnement. Une fois les modifications apportées, nous avons transmis les procédures aux cadres de santé afin qu’elles puissent faire une dernière vérification avec les médecins du service.

Celles-ci validées, le service biomédical a intégré ces procédures au logiciel Ennov. C’est un logiciel de gestion électronique de documents (GED) qui permet de mettre à disposition de chacun dans l'organisation, les documents validés et à jour dont il a besoin pour son activité.

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ennov

Figure 18 : Validation d’une procédure avec le logiciel « ennov »

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Lorsque l’émetteur de la procédure reçoit la validation de tous les participants, celle-ci sera publiée définitivement au logiciel « ennov » et consultable à tout moment par les services de soins concernés.

Exemple de document consultable :

ennov
Figure 19: Logiciel « ennov »

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d.    Intégration de la criticité à la GMAO


La dernière étape de mon projet était d’intégrer ce taux de criticité dans Asset Plus. La criticité a été associée à chaque dispositif médical grâce aux champs libres qu'offre cette GMAO. Ce champ libre permet à l’exploitant de remplir ses propres données sur la criticité selon la méthode qu’il a employé, nous avons vue précédemment que les résultats sont différents d’une méthode à une autre.

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Exemple avec une sonde de détection de ganglion sentinelle

asset+

Figure 20: Information sur sonde de détection ganglion sentinelle

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Nous avons intégré un code de criticité 4 qui correspond à taux de 75 à 100%

asset+

Figure 21: Criticité de sonde de détection ganglion sentinelle

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La criticité a été classée en 4 codes pour 4 échelles différentes

asset+
 
Figure 22: Différents codes de criticité

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A été intégré dans les documents annexes de la sonde un fichier où l’on peut retrouver la fiche de calcul du taux de criticité avec le résultat.

asset+

Figure 23: Documents annexes de la sonde de détection de ganglion sentinelle

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Fiche de calcul du taux de criticité de la sonde de détection de ganglion sentinelle avec la méthode MACE

MACE
 
Figure 24: Feuille de calcul du taux de criticité de la sonde de détection ganglion sentinelle

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Conclusion - Perspective d’avenir


Au total neuf services ont étés abordés avec une rencontre de chaque cadre de santé afin d’apporter les modifications nécessaires.  Une fiche de mise en service de nouveaux dispositifs médicaux avec le calcul de taux de criticité est actuellement en essai. La plus grande difficulté que j’ai rencontrée lors de ce stage, a été de mettre en place des procédures en cas de panne des dispositifs critiques. En effet, ne connaissant pas l’établissement et son mode de fonctionnement, il a été difficile pour moi de mettre en place des conduites à tenir ne sachant pas comment les services de soins avaient l’habitude de travailler. Cette difficulté a vite été résolue lors des entretiens avec les cadres de santé, où l’on a pu corriger les différentes erreurs et se rapprocher de la réalité.
Il reste au service biomédical de faire ce calcul du taux de criticité lors de la maintenance préventive des DM, et de résoudre le problème des DM qui ne sont pas soumis à l’obligation de maintenance. Il faut pour cela que la criticité rentre dans un fil conducteur et soit fait « presque » automatiquement pour pouvoir perdurer dans le temps.



Références bibliographiques


[1]
: Manuel de certification V2010 : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2008-12/20081217_manuel_v2010_nouvelle_maquette.pdf
[2] : Réseau pro santé : http://www.reseauprosante.fr/reseau/CH-de-Calais-Nord-Pas-de-Calais-Pas-de-Calais-335
[3] : Réseau pro santé :http://www.caissedesdepots.fr/actualites/toutes-les-actualites/en-region-hors-menu/un-nouvel-hopital-pour-calais-et-sa-region.html
[4] : Eco du nord : http://ecodunord.fr/index.php/component/content/article/16-entreprises/93-echos-de-l-eco-du-nord-decembre-2012
[5] : le centre hospitalier de CALAIS: http://www.ch-calais.fr/spip.php?rubrique16
[6] : legifrance.gouv.fr http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIARTI000006690281
[7] : G. Farges et al., Guide des bonnes pratiques de l’ingénierie biomédicale en établissement de santé, édition 2011. Paris: Lexitis
[8] : les différentes classes : http://home.nordnet.fr/~idrubaix/contexteEU.html
[9] : Travaux des Masters qualité session 2012 : http://www.utc.fr/master-qualite/public/publications/qualite_et_management/MQ_M2/2012-2013/MIM_projets/qpo12_2013_gr6_Criticite_DM/index.html


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Table des illustrations


Figure 1 : Localisation de CALAIS [réalisé par mes soins]
Figure 2 : Localisation de l’hôpital de Calais [réalisé par mes soins]
Figure 3 : atelier biomédical [réalisé par mes soins]
Figure 4 : accueil atelier biomédical [réalisé par mes soins]
Figure 5 : Organigramme du service biomédical [réalisé par mes soins]
Figure 6 : Implication des directives selon le type de DM [8]
Figure 7 : Les différentes classes de DM [8]
Figure 8 : Critère 8K de la certification V2010 [1]
Figure 9 : Tableur Excel de la méthode MACE [réalisé par mes soins]
Figure 10 : Outils qualité (QQOQCP) [réalisé par mes soins]
Figure 11 : Tablette tactile Lenovo X61 [réalisé par mes soins]
Figure 12 : Page 1 du logiciel InfoPath sur tablette tactile [réalisé par mes soins]
Figure 13 : Page 2 du logiciel InfoPath sur tablette tactile [réalisé par mes soins]
Figure 14 : Fichier Excel de la méthode MACE [réalisé par mes soins]
Figure 15 : Résultat en % de la méthode MACE [réalisé par mes soins]
Figure 16 : Report du résultat dans la feuille de mise en service [réalisé par mes soins]
Figure 17 : Émargement pour les formations utilisateurs [réalisé par mes soins]
Figure 18 : Validation d’une procédure avec le logiciel « ennov » [réalisé par mes soins]
Figure 19 : Logiciel « ennov » [Imagé tirée du logiciel ENNOV]
Figure 20 : Information sur sonde de détection ganglion sentinelle [Image tirée de Assetplus]
Figure 21 : Criticité de sonde de détection ganglion sentinelle [Image tirée de Assetplus]
Figure 22 : Différents codes de criticité [Image tirée de Assetplus]
Figure 23 : Documents annexes de la sonde de détection de ganglion sentinelle [Image tirée de Assetplus]
Figure 24 : Feuille de calcul du taux de criticité de la sonde de détection ganglion sentinelle [réalisé par mes soins]



Table des annexes


Annexe 1 : Plan de l’atelier biomédical
Annexe 2 : Feuille de mise en service d’un nouveau dispositif médical

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Annexe1


plan atelier


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Annexe 2



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MES

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mes

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mes

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mes

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