Texte et image...

Question

Est-ce que le rapport du texte de l'image est propre au numérique ?

Solution

Non. Le texte est toujours image : sans mise en forme et mise en espace, pas d'écriture ni de texte.

Cependant, le jeu sur la frontière entre texte et image est renforcé avec le numérique, et de nombreux auteurs d’œuvres multimédia jouent de la confusion entre les deux.

Question

Est-ce que le fait de concevoir un texte comme une image est propre au numérique ?

Solution

Non, pas du tout.

Sans même parler des écritures non alphabétiques, il y a toujours une graphie du texte, une mise en page, un style de caractère.

Exemple

Il suffit de se reporter au célèbre poème de Mallarmé, Un coup de dés jamais n'abolira le hasard. On pourra consulter la version numérisée (de l'éd. 1914) de ce livre dans l'édition de 1914, ou conseillée cette version numérisée (de l'éd. 1897).

Attention

Texte "comme une image". Par exemple, dans une adaptation multimédia d'un poème, dans laquelle le texte mis en scène et animé à l'écran est conçu « comme une image ».

Image "comme un texte". Lorsque l'image se parcourt parfois comme un texte qui articule un système d'indices et le texte se pare des attributs de l'image en mettant en avant une dimension iconique.

Question

Est-ce que une œuvre multimédia est nécessairement interactive ?

Solution

Non, si on entend pas interaction la possibilité de modifier l’œuvre à partir d'un logiciel de commande.

ExemplePoème vidéo non interactif.

L'Horloge (2002) de Julie Potvin d'après Charles Baudelaire.

Cette recréation multimédia et animée du poème de Charles Baudelaire n'est pas une œuvre interactive.

Ni ce poème vidéo de Valérie Beaudoin : Corps à l'écran (2011-2012).

Quant à ce projet autobiographique de Fred Murie, Post-mémoires, il est multi-média (il convoque plusieurs sens et plusieurs interfaces, comme expliqué ici). Il peut être dit interactif au moins en ce sens que le parcours de lecture n'étant pas donné, il demande une action à chaque fois singulière du lecteur pour dévoiler le récit, à chaque fois singulier.

Question

Une œuvre multimédia peut-elle jouer sur l'aléatoire ?

Solution

Bien sûr. Il n'y a aucune incompatibilité.

Exemple

C'est le cas de l’œuvre Métatextes (1998) de Tim Catinat.

L'auteur y propose une série de tableaux interactifs, à la fois textuel, graphique et sonore. L'affichage d'un "métatextes" se fait après tirage aléatoire dans une base de données renouvelée très régulièrement.

Ici l'interactivité est limitée : certes pour chaque "métatexte" des actions sont attendues de la part de l'utilisateur, mais le passage d'un "métatexte" au suivant se fait de façon linéaire. Le choix (aléatoire) des métatextes et leur agencement est pris en charge par le programme. L'utilisateur n'a d'autres choix que de suivre.

Visionnez cette œuvre : The Child (2006), d'Alex Gopher.

Question

Que peut-on dire du rapport texte-image ?

Solution

Ici le texte et l'image se superposent, se confondent, puisque l'image animée est elle-même un mot écrit et dessiné qui nomme ce qu'il représente.

Question

Existe-t-il un rapport similaire entre le texte et l'image sur un support imprimé ?

Solution

Oui, si l'on pense aux calligrammes.

Exemple

Pour lire-voir quelque calligrammes d'Apollinaire, cliquez ici.

Bien sûr, il est aussi possible de faire des calligrammes animés. Par exemple, cette œuvre : Birds Singing Other Birds' Songs (2001) de Maria Mencia.

Rendez-vous sur le site de Marie Bélisle : Scripturae.

Explorer ce site qui joue sur l'image du texte dans un contexte numérique.

Question

Quelle œuvre joue sur l'effet d'apparition/disparition ? Que dire de cet effet ?

Solution

Dans le poème « Alter ego », la figure de l'apparition et la disparition s'applique au texte.

En survolant un mot avec le curseur de la souris, ce mot disparaît pour laisser place à un autre mot. Lorsque le curseur quitte la zone réactive, ce dernier mot disparaît pour faire apparaître le mot d'origine.

« Alter ego » propose deux étapes au lecteur : le lecteur compose le texte en faisant apparaître un mot à la place d'un autre par survol de la souris (zone « 01 » dans l'interface), puis on lui permet de découvrir la face cachée en lui proposant en regard les deux textes, le texte affiché et le texte sous le texte (zone « 02 »). Si l'apparition / disparition est au fondement du jeu combinatoire entre les deux textes, cet effet permet également à l'auteur de dévoiler les coulisses de la production. Marie Bélisle donne à voir intentionnellement « les mots cachés sous les mots ».

La figure de l'apparition / disparition est une figure centrale de l'écriture interactive, car l'apparition et de la disparition de formes à l'écran suppose l'action de l'utilisateur.

Ce jeu entre surface et profondeur est récurrent dans les œuvres numériques multimédias et interactives.

On en trouvera un bel exemple, dans cette Petite brosse à dépoussiérer la fiction de Philippe Bootz, qui illustre en outre l'idée de fugacité du texte numérique.