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Pour l’avenir de la télémédecine et la bonne gestion des
réseaux, il paraît incontournable que le rôle de l’ingénieur
biomédical sera primordial dans la mise en place de cette
technologie nouvelle. Cependant, des connaissances dans le
domaine biomédical et dans le domaine des réseaux
informatiques seront nécessaires. Cette double compétence
devrait aboutir à une nouvelle fonction au sein d’un centre
hospitalier.
3.
Les arguments « contre »:
Un manque de
clarification
La télémédecine semble faire l’objet de progrès
technologiques continus (introduction de l’informatique et des
télécommunications dans les hôpitaux, les cliniques et les
cabinets médicaux) mais également d’un certain nombre de
craintes ou d’obstacles qui peuvent justifier une si lente
évolution.
Les facteurs de doutes les plus souvent cités dans les textes
sont les craintes des patients (crainte de la perte de
l’intimité, peur de la technologie) et des professionnels de
santé, le contexte légal et éthique ainsi que la spécificité du
produit et du marché, dont le problème de remboursement
des actes de télémédecine.
Les professionnels émettent quelques réserves à l’égard de
l’introduction de la télémédecine dans la pratique
professionnel de la médecine et certaines ne cessent
d’augmenter face au manque de clarification de la part des
acteurs de la santé. Celles-ci concernent :
§
le paiement et le remboursement des actes de
télémédecine : il y a nécessité d’un mode de
rémunération correct des médecins et autres
professionnels de santé effectuant des actes de
télémédecine (soit par l'intermédiaire d'un paiement
à l'acte dans le secteur libéral, soit par
l'intermédiaire de points ISA : 1500 points ISA par
acte de télémédecine en secteur public) et de fixer
un système de remboursement des patients par
l’Assurance maladie (mise en place de nomenclature,
codification). Dans ce contexte, les accords avec les
ARH, notamment dans le cadre de contrats
d’obligations et de moyens, joueront un rôle majeur. La
solvabilité des patients est une limite au
développement de la télémédecine et le non-
remboursement n’incite pas les producteurs de soins à
investir dans une technologie chère.
Les ingénieurs
biomédicaux
Indication : le sénat américain a débattu à plusieurs
reprises des principes de rémunération partagée de la
télémédecine. Il en ressort le principe suivant lequel
15% revient au professionnel de santé qui a prescrit
l'acte de télémédecine et 85% au consultant à
distance qui effectue l'examen.
§
la sécurité (risques de faux négatifs) et
confidentialité des données médicales lors de la
transmission, ainsi que la «labellisation » ou le
marquage, permettant d’attribuer un système de
traçabilité fiable, et ce dans le cadre d’un accord à
négocieravec la CNIL. (législation : articles 226.13 et
226.14 du code pénal et par l’article 4 du code de
déontologie médicale).
§
les problèmes légaux et éthiques : la responsabilité
médicale est définie par les articles 5 (sur
l’indépendance) et 69 (sur la responsabilité) du code
de déontologie qui assurent que l’usage de la
télémédecine ne saurait aboutir à une dilution des
responsabilités des médecins lorsque des tiers
médecins, qui ne sont pas nécessairement en contact
avec le patient, sont appelés à participer à la décision
diagnostique et thérapeutique (Dusserre,1996).
§
Les investissements trop importants tant au niveau
financier qu’intellectuel
§
La définition de nouveaux fonctionnements des
équipes de soins
§
La «concurrence» entre les médecins : en effet, la
télémédecine permet de fidéliser un patient, dans la
mesure où celui-ci accepte le système.
Les autres réticences sont exprimés par les fournisseurs et
gestionnaires des appareils médicaux.
Pour les ingénieurs biomédicaux, les problèmes concernent :
§
Le manque de matériel et des coûts engendrés par les
évolutions technologiques permanentes, lesquelles
posent le problème de l’interopérabilité des systèmes
et l’accès au réseau haut débit, primordial pour de
telles applications.
§
L’équipement technique très spécifique, difficile à
redéployer et rapidement obsolètes (entre 3 et 5
Les industriels 
§
ans). En ce sens, la télémédecine constitue un
investissement à risque.
§
Manque de normes et de standards : l’échange
électronique demande que les intervenants aient des
systèmes compatibles (niveau national, européen et
international). Si le réseau n’est pas standardisé, ceci
constitue une augmentation des frais d’entrée
§
(recherche de partenaires, coûts d’investissements,
coûts de formation) et de sortie (coût
d’irréversibilité, coût de redéploiement humain et
financier vers une autre pratique, coût de changement
de partenaires) du réseau.
L’effet plus ou moins inflationniste du développement
technologique dépendrait du mode de remboursement appliqué
de la télémédecine. On assiste à une timide création de
sociétés spécialisées dans le domaine de la télémédecine et
expérimentés dans celui de l’hospitalisation à domicile. Il
s’agit plutôt de sociétés étrangères(Israël, USA,
Allemagne…) et peu implantés sur le marché européen. L’une
d’entre elles, SHL, néanmoins s’est associée à la compagnie
Philips Medical Systems et devrait progressivement
s’implanter sur le marché européen.
D.
La gestion des risques
La politique de gestion des risques est une question qui doit
être largement étudiée dans les pratiques médicales avec
transmission et échanges de données et être concrétisée par
des études statistiques, qui font défaut à l’heure actuelle. En
outre, cette politique s’inscrit parfaitement dans les
démarches d’accréditation des établissements de santé et de
l’aspiration d’une amélioration continue de la prise en charge.
1.
Informations cliniques
La qualité des
transmissions
·
le dialogue patient/médecin :
§
lorsque les informations sont acquises par le médecin
près du patient, leur qualité dépend uniquement de la
compétence clinique du praticien.
§
lorsque le praticien n’est plus au chevet du patient, la
qualité des informations transmises dépend de la
qualité des informations acquises. D’où la difficulté
pour le médecin d’une analyse correcte et
l’établissement d’un diagnostic à distance fiable.
·
le dialogue médecin/médecin : dans le cas de la
téléexpertise, la transmission intervient dans la qualité
·
de l'information transmise et doit garantir que
l'information reçue par l'expert est identique à celle
transmise par le médecin demandeur. Le dossier médical
transmis sera déterminant pour la fiabilité de l'avis
d'expertise délivré.
Il est évident que la compétence et la disponibilité de
l'expert consulté sont aussi déterminantes. C'est en cela que
la télémédecine ne doit en aucun cas suppléer au manque de
compétence du médecin qui le réalise car sinon l'inexactitude
des informations cliniques transmise conduira inéluctablement
à des erreurs diagnostiques et donc thérapeutiques.
2.
Tracés physiologiques
On rencontre dans ce cas les problèmes liés à la qualité des
tracés acquis puis transmis. Cette qualité dépend de la
compétence de celui qui les acquiert, seul juge de leur qualité
informative et de l'appareil qui les produit. Elle dépend
également de la   qualité  des  transmissions qui ne  doivent en
aucun cas modifier ces tracés.
3.
La responsabilité médicale
L’ éthique
Le problème de la responsabilité médicale dans le domaine des
transmissions des informations médicales, des tracés et
images sont indissociables de celui de la qualité des données
transmises et de celui de la compétence des acteurs
médicaux connectés, le demandeur comme l'expert.
La télémédecine est pour le moment un autre outil à la
disposition du médecin qui est auprès du malade et ce dernier
reste responsable de son patient. IL nous reviendra de
réfléchir sur les règles éthiques et professionnelles à
appliquer pour prendre en compte les nouveaux outils dont les
professionnels disposent.
4.
L'outil de transmission
Sa technologie
Peu importe la technologie choisie pourvue qu'elle réponde à
deux exigences essentielles :
§
L'outil de télétransmission doit être adapté aux besoins
médicaux pour garantir la qualité du diagnostic ou conseil
thérapeutique et donc la priorité consiste à préciser les
besoins médicaux pour chaque application envisagée.
En d'autres termes, ce n'est pas la technologie
télématique qui doit piloter le marché, mais les besoins
des utilisateurs, sans quoi, il n'y aura pas de marché
§
L'outil doit être normalisé, afin que tous les médecins
puissent communiquer entre eux. La question est de savoir
comment va s'effectuer cette normalisation, et qui va la
piloter
VII.
CONCLUSION
Le paysage des établissements de santé en France à subit ces dernières années un grand
nombre de modifications (diminution du nombre de lits, fermeture de maternité; regroupement
public/privé etc…) dans le but de mieux maîtriser les dépenses de santé.
Ce phénomène a pour effet de relancer le concept de la "Télémédecine". Celui-ci dans son
principe permet une meilleure gestion des moyens, de transmission, d'interprétation, de collecte
de l'information au profit du patient et des professionnels de la santé ; ce qui a pour effet de
réduire considérablement les dépenses de santé (diminution du temps de séjour, des
déplacements des patients, du temps du personnel médical, etc…).
On constate que l'hospitalisation à domicile dans le secteur public est enclavée depuis
plusieurs années dans des spécialités bien définies et ne se développe guère. Il paraît plus
important de rompre l'isolement de praticiens isolés par leur pratique libérale ou de favoriser
l'hospitalisation à domicile des patients que de connecter entre eux les centres d'expertise,
bien que la tendance inverse soit observée dans la réalité. La télémédecine est sûrement une
solution d'avenir dans ce secteur très porteur vu l'évolution de notre démographie.
Les industriels eux aussi sentent l'ouverture prochaine d'une nouvelle voie commerciale
et certaines sociétés investissent énormément dans ce secteur afin d'anticiper la demande.
Depuis plusieurs années, le ministère de la santé favorise également par ses actions le
développement de la télémédecine en France; dernièrement en finançant les plans Etat-régions
sur la période 2000-2006 à hauteur de 34 millions d'euros.
L'utilisation croissante de la Carte des Professionnels de Santé à permis
l'informatisation rapide des professionnels de la santé favorisant ainsi l'utilisation des réseaux
"Ville-Hôpital" à travers des réseaux, de plus en plus rapide, dédiés au monde de la santé RSS,
permettant l'utilisation optimum des outils de la télémédecine.
Tous ces points nous forcent à croire que la télémédecine et ses applications ont un à
avenir prometteur, encore faudra-t-il que les professionnels de la santé aient confiance dans ces
nouveaux outils de travail, qui ne sont là que pour améliorer leur quotidien et celui de tous les
acteurs de la santé, patient y compris.
Nous-mêmes en tant que futurs ingénieurs biomédicaux, allons participer à la mis en
œuvre d'implantation d'outils de télémédecine et donc être l'un des maillons dans le processus
de réalisation et de pérennisation de ces outils et contribuer à la "révolution" de la pratique
médicale.
L'application de la télémédecine ne donnerait-elle pas l'opportunité par les questions
qu'elle soulève, de réfléchir à la médecine telle quelle est pratiquée aujourd'hui ?
VIII.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrage:
1.
Santé à domicile, Jean-Claude Lavorel, le cherche midi éditeur
Publications :
2.
Atelier Maternet : eSanté Actu n°15 du 06 octobre 2000
3.
Canada : Bureau de la santé et l’inforoute – Les télésoins à domicile :aperçu, mai 1998
4.
Cybermédecine « La télémédecine passe au stade industriel » source sante.gouv.fr
5.
Hospitalisation à domicile : L’Etat s’engage Décision Santé N°172 – 1
er
au 15 MARS 2001
6.
La télémédecine –IUP ingénierie de la Santé, Patrice LELOUP, Richard TAINE
7.
La télémédecine par le Pr L.LARENG et le Dr M.SAVOLDELLI-REE N°8 Septembre 1997
8.
« La télémédecine en pratique aujourd’hui », DECISION SANTE N°168 – 15-30 Novembre
2000
9.
Le bulletin de la FNEHAD – n°12, septembre 2000 « La circulaire dans son intégralité »
10.
Le bulletin de la FNEHAD – n°15, avril 2001 « L’hospitalisation à domicile : le baromètre au
1
er
janvier 2001
11.
Le boom de l’assistance respiratoire à domicile, IMPACT MEDECIN QUOTIDIEN, auteur
Michèle Feuillet
12.
Le quotidien du médecin N°6680 « Lorraine : un système de télémédecine pour mieux suivre
les dialysés à domicile »
13.
L’écho du réseau , mars 2001 Dossier « Télécommunications & Médecine »
14.
URGENCE PRATIQUE –N°45bis 2001 « Télé-Médecine et prise en charge en réseau des
syndromes coronariens aigus » et « Défibrillateur semi-automatique et télémédecine »
15.
RELAIS, lettre des cadres de la direction de l’HEGP, N°6 Spécial Réseaux : l’hospitalisation
à domicile
Sites internet :
16.
http://www.eurasante.com/en/affaires/etude1.html : rapport Télécommunications et
Médecine, Mars 2001
17.
http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/telemed/822.htm : Cartographie télémédecine 1996
18.
2000
19.
20.
21.
surveillance des dialysés à domicile
22.
http://who.int : définition de la télémédecine
23.
"les matériels biomédicaux à domicile"
24.
http://www.biomedicale.univ-paris5.fr/mst : Site de la Maîtrise de Sciences et Techniques
"Télésurveillance Médicale"
25.
Sociétés et associations:
26.
27.
Aide aux Urémiques de Bretagne : http://perso.wanadoo.fr/didier.legrand/SiteAUB/aub.htm
28.
29.
30.
31.
32.
33.
34.
35.
36.
37.
38.
39.
Schiller:
40.
41.
42.
IX.
ANNEXE I
Indice de Karnofsky
L’indice de Karnofsky donne une indication sur les malades pouvant relever d’une prescription en HAD.
Le malade se situe inférieur ou égale à 50% dans la grille qui suit :
100%
Normal, aucune plainte, aucun signe ou symptôme de maladie
90%
Capable de réaliser les activités normales de la vie quotidienne, symptômes ou signes mineurs
de la maladie
80%
Capable de réaliser les activités normales de la vie quotidienne avec effort, quelques
symptômes ou signes mineurs
70%
Capable de se prendre en charge, incapable de mener une activité normale ou de travailler
60%
Nécessité une aide occasionnelle, mais peut prendre en charge la plupart de ses soins
personnels
50%
Nécessité une aide suivie et des soins médicaux fréquents
40%
Handicapé, nécessite une aide et des soins particuliers
30%
Sévèrement handicapé, l’hospitalisation est indiquée, bien que la mort ne soit pas imminente
20%
Hospitalisation nécessaire, très malade, nécessite un traitement de soutien actif
10%
Moribond, processus fatal progressant rapidement
X.
ANNEXE 2
Réglementations :
·
Loi n°99-533 du 25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le développement
durable du territoire et portant modification de la loi n°95-115 du 04 février 1995
d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire
·
Décret n°92-1101 du 02 octobre 1992 relatif aux structures de soins alternatives à
l’hospitalisation mentionnées à l’article L.712-2 du code de la santé publique
·
Décret n°92-1102 du 02 octobre 1992 relatif aux conditions techniques de
fonctionnement auxquelles doivent satisfaire les structures de soins alternatives à
l’hospitalisation mentionnés à l’article L.712-2 du code de la santé publique en application
de l’article L.712-9 (3°) de ce même code
Divers :
Mai 2000
Position du Collège des médecins du Québec
sur la télémédecine
INTRODUCTION
L'évolution technologique dans le secteur des communications est
en voie de révolutionner les relations entre les individus et les
collectivités. C'est le cas de la télémédecine. De façon plus
spécifique, l'avènement des nouvelles technologies de l'information
et des télécommunications permet d'envisager de nouvelles façons
d'exercer la médecine, et d'offrir des services médicaux
spécialisés ou ultraspécialisés dans des régions qui, jusqu'à
maintenant, n'ont pu en bénéficier. Au cours des années à venir,
l'avènement de ces nouvelles technologies de l'information et le
déploiement à grande échelle des réseaux de télécommunications
influenceront considérablement les comportements individuels et
collectifs. La télémédecine pourrait notamment modifier en
profondeur les pratiques médicales et l'organisation des soins de
santé offerts à la population.
Le Collège des médecins du Québec (CMQ), dont la mission est de
promouvoir une médecine de qualité pour protéger le public et
contribuer à la santé des Québécois, doit, pour sa part, s'assurer
que la mise en oeuvre et la réaalisation de projets de télémédecine
permettront une réelle amélioration de la qualité de l'exercice
professionnel, tout en prenant les mesures nécessaires à la
protection du public.
C'est dans cette perspective, et en vue de mieux cerner certains
aspects organisationnels, légaux et réglementaires de la pratique
de la télémédecine, que le Collège a constitué un groupe de travail,
dont le rapport a servi de point de départ au présent énoncé de
position sur la télémédecine, adopté par le Bureau du Collège. Le
présent document contient, outre une définition de la
télémédecine, la position du Collège sur le lieu où l'acte médical est
posé, les normes technologiques à respecter, des mises au point
concernant la confidentialité et la sécurité des données, la
responsabilité professionnelle, les règles de tenue et de
conservation de dossiers à respecter et d'autres points importants
concernant ce nouveau mode d'exercice de la médecine.
LA TÉLÉMÉDECINE C'EST...
Aux fins du présent document, la télémédecine est définie comme
étant «l'exercice de la médecine à distance à l'aide de moyens de
télécommunication». L'exercice de la télémédecine comprend le
diagnostic à distance, avec ou sans recommandation de traitement.
Le recours à la télémédecine peut également être envisagé dans
d'autres contextes, notamment à des fins d'assistance dans
l'application d'une mesure thérapeutique. L'exercice de la
télémédecine peut mettre en cause différents intervenants et
ainsi suivre l'un ou l'autre des modèles apparaissant à la figure 1.
Figure 1
Le CMQ est d'avis que la consultation initiale d'un médecin par des
moyens de télécommunication doit être le résultat de la demande
de consultation d'un autre médecin. Ce faisant, il n'encourage donc
pas la situation dans laquelle un patient peut téléconsulter
directement un médecin, par exemple par l'intermédiaire d'un site
Internet (un médecin pourrait cependant fournir des
renseignements de caractère scientifique, tout en évitant de
formuler un diagnostic ou de recommander un traitement). Le
Collège n'écarte toutefois pas le cas où le suivi d'un patient
pourrait être effectué par télécommunication selon des modalités
convenues entre ce patient et le médecin consulté.
OÙ SE POSE L'ACTE MÉDICAL?
Depuis le début des années 90, plusieurs états américains ont
statué que l'acte de télémédecine est posé là où se trouve le
patient, et ont adopté des réglementations en ce sens. Au Canada,
un groupe de travail de la Fédération des ordres des médecins du
Canada a proposé une position semblable en 1998; cette position n'a
toutefois pas reçu l'aval des ordres de médecins de toutes les
provinces, certains d'entre eux préférant adopter le principe selon
lequel l'acte de télémédecine est posé là où se trouve le
professionnel consulté.
En l'absence de jurisprudence claire sur ce sujet, il importe, avant
de prendre position, de préciser que toute prise de position
pourrait être appelée à évoluer pour tenir compte de la pratique,
de même que de la jurisprudence qu'elle entraînera inévitablement.
Chaque ordre a pour fonction d'assurer la protection du public. À
cette fin, il doit notamment contrôler la façon dont ses membres
exercent leur profession (article 23 du Code des professions, LRQ,
chap. C-26). Ainsi, c'est principalement ce contrôle qui permet au
CMQ de protéger les bénéficiaires de services médicaux, quel que
soit le lieu où un médecin québécois exerce sa profession. Cette
position a d'ailleurs été entérinée par plusieurs tribunaux
canadiens, qui «considèrent la compétence des corporations
professionnelles à l'endroit de leurs membres comme personnelle
et s'étendant donc aux actes sans égard du lieu où ils ont été
posés».
Dans les cas habituels de consultation d'un médecin, c'est
généralement le patient qui se déplace physiquement vers le lieu
d'exercice du médecin. Dans les cas de téléconsultation, on doit
considérer que c'est également le patient qui se déplace vers le
médecin consulté, le déplacement, dans ce cas, étant toutefois
virtuel.
Le CMQ considère donc que lorsque l'on a recours à la
télémédecine, le lieu où l'acte médical est posé est celui où le
médecin consulté exerce, et non celui où se trouve le patient.
Lorsqu'un acte médical comporte une composante technique
effectuée sur le territoire du Québec, le médecin surveillant
cette composante doit avoir un permis d'exercice du Québec. À
titre d'exemple, lorsqu'un examen radiologique est effectué au
Québec sous la surveillance d'un médecin, ce médecin doit être
titulaire d'un permis d'exercice du Québec, même si les images
sont transmises à l'extérieur du Québec pour fins
d'interprétation.
Ainsi, il est clairement établi que les médecins inscrits au Tableau
du CMQ qui exercent la médecine à distance sont assujettis aux
règlements du Collège, tandis que les médecins de l'extérieur du
Québec doivent, eux, répondre de leur compétence et de leurs
actes auprès des autorités qui les régissent, notamment lorsqu'ils
exercent la médecine pour des patients situés au Québec.
Un des grands avantages de cette position est qu'elle évite de
nombreuses procédures administratives au médecin consultant, à
savoir l'obtention de permis d'exercice dans toutes les juridictions
où se situent les patients qui le téléconsultent, d'une part, d'un
statut et de privilèges dans chacun des établissements d'où on le
consultera, d'autre part.
De plus, cette position confirme implicitement l'obligation du
médecin consultant de conserver intégralement, à son lieu
d'exercice, le dossier du patient qui le téléconsulte. Elle établit
également la responsabilité des médecins référant et consultant
relativement à la qualité de l'information qui est transmise de l'un
à l'autre par télécommunication.
Ainsi, le Collège estime :
·
qu'il est opportun d'adopter le principe selon lequel c'est
l'information relative au patient qui se déplace vers le
médecin, et non le médecin qui se déplace vers le patient;
·
que la télécommunication ne fait qu'éviter le déplacement
d'un patient vers un médecin;
·
qu'il demeure de la responsabilité du médecin référant, le
cas échéant, de préciser à son patient que le médecin
consultant exerce sous une autre juridiction;
·
que la responsabilité déontologique des médecins devrait
être précisée dans les cas où la téléconsultation s'effectue
sous la forme d'un échange d'information entre un médecin
référant et un médecin consultant au sujet d'un patient
particulier.
Les médecins québécois doivent toutefois clairement comprendre
que cette position ne s'applique que lorsqu'ils traitent un patient
situé sur le territoire québécois. Ainsi, avant d'avoir recours à la
télémédecine à titre de médecin consultant, les médecins détenant
un permis d'exercice du Québec doivent s'informer des modalités
réglementaires prévalant là où se trouve le patient et s'y
conformer.
Concrètement, cela signifie qu'un médecin québécois, agissant
comme téléconsultant auprès de patients situés à l'extérieur du
Québec, risque d'engager sa responsabilité professionnelle et
civile en fonction de règlements et de standards autres que ceux
en vigueur au Québec.
QUELLES SONT LES NORMES TECHNOLOGIQUES À
RESPECTER?
Est-il pertinent pour le Collège, d'adopter des normes
technologiques spécifiques? Après réflexion il apparaît, d'une part,
que les normes proposées risquent d'être rapidement désuètes en
raison de l'évolution rapide de la technologie et, d'autre part, que
le Collège n'a pas la compétence nécessaire pour juger de la valeur
de ces normes.
Il importe toutefois de rappeler au médecin les obligations qu'il a
envers son patient et qui sont contenues dans le Code de
déontologie des médecins (LRQ, chap. M-9), et notamment celles
stipulant que :
·
le médecin doit exercer sa profession selon les normes
médicales actuelles les plus élevées possibles; à cette fin,
il doit tenir à jour et perfectionner ses connaissances (art.
2.03.15);
·
le médecin doit tenir compte, dans l'exercice de sa
profession, de ses capacités et de ses connaissances, de
leurs limites ainsi que des moyens à sa disposition […] (art.
2.03.16);
·
le médecin doit élaborer son diagnostic avec la plus grande
attention, en utilisant les méthodes scientifiques les plus
appropriées […] (art. 2.03.18).
Considérant ces principes, le CMQ souhaite sensibiliser les
médecins au fait que l'utilisation de nouvelles technologies peut
nécessiter une compétence particulière. Ainsi, les médecins qui
auront recours à des moyens de télécommunication dans le cadre de
leur exercice professionnel devront s'assurer d'avoir la
compétence requise pour le faire.
Le CMQ, préférant éviter d'énoncer des normes technologiques
précises et arrêtées, compte tenu notamment de l'évolution rapide
et constante des outils de télécommunication, recommande aux
médecins de s'aligner sur les normes actuelles les plus élevées
possible et généralement admises par la communauté scientifique.
De plus, il apparaît opportun de rappeler aux médecins (référant et
consultant), qu'ils sont responsables de la qualité des informations
(données, images, etc.) qu'ils transmettent ou reçoivent dans le
cadre d'une téléconsultation.
QUELLES SONT LES RÈGLES DE CONFIDENTIALITÉ ET DE
SÉCURITÉ DES DONNÉES À RESPECTER?
Les règles actuelles relatives à la confidentialité et à la sécurité
de l'information doivent s'appliquer à la télémédecine, en
particulier à la transmission d'information. Plus particulièrement, le
dossier doit demeurer inviolable et inaltérable en tout temps, et
chacun des centres (émetteur et récepteur des services) doit
prendre les mesures appropriées à cette fin. Ainsi, durant toutes
les étapes de l'exercice de la télémédecine, les cinq paramètres
suivant doivent être présents :
·
disponibilité des données et des systèmes;
·
Intégrité des données;
·
Confidentialité des données;
·
Identification des utilisateurs;
·
Non-répudiation des transactions (assurer que toute
transaction soit enregistrée et retraçable).
Pour ce dernier point, il importe que l'échange de données par voie
électronique (texte, image, son) se fasse dans un environnement
sécuritaire où il sera possible d'identifier sans équivoque l'auteur
de l'envoi et de garantir le caractère confidentiel des échanges.
À ces paramètres, il faut ajouter les exigences reliées à
l'imputabilité et à la performance. La première se réfère à la
capacité de prouver que des actes et transactions ont bien eu lieu,
ce qui permet le contrôle, l'audit, la traçabilité, la preuve et la non-
répudiation. Quant à la performance, elle renvoie à l'exécution des
actes et à la capacité de rendre efficacement les services
attendus.
QU'ADVIENT-IL DE LA RESPONSABILITÉ
PROFESSIONNELLE ET DU CONSENTEMENT?
Quand le médecin a recours à la télémédecine, sa responsabilité
n'est pas différente de celle qu'il assume dans ses autres activités
professionnelles. Il est le seul responsable de son jugement
professionnel; dans les cas d'exercice de la télémédecine, il
importe de rappeler l'importance de la qualité de l'information
transmise ou reçue. Le médecin référant doit fournir toutes les
données utiles au médecin consultant. De son côté, le médecin
consultant doit s'assurer que les informations qu'il reçoit lui
permettent de poser son acte professionnel; le cas échéant, il doit
aviser le médecin référant des limites de la qualité des
informations qui lui sont transmises.
Le médecin référant demeure responsable de son patient. Il lui
revient donc de lui fournir tous les renseignements nécessaires à
un consentement libre et éclairé. Il doit s'assurer que ce
consentement est obtenu sans contrainte ni pression indue, et que
le patient a reçu toute l'information nécessaire sur :
·
l'utilisation de moyens de télécommunication;
·
la nature de sa maladie;
·
la nature de l'intervention ou du traitement;
·
les risques prévisibles ou possibles;
·
les résultats escomptés;
·
les choix possibles de traitement (ainsi que leurs risques et
leurs bienfaits respectifs);
·
les conséquences d'un refus.
Avant de recommander à son patient une consultation à distance, le
médecin référant doit s'assurer des qualifications et de la
compétence du médecin consultant et en informer son patient. Si le
consultant n'est pas un médecin inscrit au Tableau du Collège des
médecins du Québec, le médecin référant doit en informer son
patient et obtenir son consentement à cette téléconsultation.
De plus, lorsque la consultation à distance concerne un
professionnel exerçant à l'extérieur du Québec, le médecin doit
informer son patient de la qualification et de la compétence de ce
professionnel. Enfin, le médecin qui reçoit le rapport d'un
consultant ne détenant pas de permis d'exercice de la médecine du
Québec doit être pleinement conscient, avant d'utiliser ce rapport
et les recommandations qui en découlent, que c'est sa
responsabilité professionnelle qu'il engage en acceptant les
conclusions dudit rapport et en appliquant les recommandations qu'il
contient.
De son côté, le médecin consultant doit s'assurer qu'il a en main
toute l'information nécessaire puisqu'il est responsable du
diagnostic qu'il formule et du traitement qu'il recommande.
En conclusion, le public devrait être informé des risques inhérents
aux limites de la relation médecin-patient dans les consultations
médicales à distance. Il devrait également être informé du fait que
lorsque la télémédecine fait intervenir un consultant qui ne détient
pas de permis d'exercice du Québec, le Collège, d'une part, ne
reconnaît pas sa compétence et, d'autre part, n'a pas le pouvoir
d'enquêter sur une personne qui n'est pas membre du Collège des
médecins du Québec.
OÙ LES MÉDECINS DOIVENT-ILS DÉTENIR UN STATUT ET
DES PRIVILÈGES?
QUELLES SONT LES RESPONSABILITÉS DE
L'ÉTABLISSEMENT EU ÉGARD À L'ÉVALUATION DE LA
QUALITÉ DE L'ACTE MÉDICAL ET AU TRAITEMENT DES
PLAINTES?
Considérant que la télémédecine s'exerce au lieu où se trouve
physiquement le médecin consultant, le CMQ est d'avis qu'il n'y a
pas lieu que ce médecin détienne un statut et des privilèges dans
l'établissement demandeur des services de télémédecine.
Chaque établissement est responsable des actes qui sont posés
dans son enceinte; il revient donc au Conseil des médecins,
dentistes et pharmaciens de chacun des établissements de
procéder à l'évaluation des actes de télémédecine posés dans le
centre où il a juridiction; il revient également à chacun des
établissements de traiter les plaintes concernant l'un des
professionnels qui y exerce.
Afin de faciliter les démarches d'évaluation de la qualité de l'acte
et de traitement des plaintes, le CMQ croit que des ententes de
services devraient prévoir des modalités d'échanges d'information.
QU'EN EST-IL DU DOSSIER MÉDICAL?
Le Collège constate que l'actuel Règlement sur la tenue des
dossiers d'un médecin ne contient aucune disposition concernant
l'exercice de la télémédecine. Ce règlement devrait être amendé
pour que des dispositions spécifiques à la télémédecine soient prise
en compte.
Ainsi, les suggestions suivantes sont formulées quant à ce que les
dossiers de patients ayant eu recours à la télémédecine devraient
contenir :
·
Le médecin référant devrait conserver la copie signée de
tous les documents fournis au médecin consultant de même
qu'une copie de tous ceux reçus à la suite de la consultation;
de la même façon, le médecin consultant devrait conserver
la copie de tous les documents reçus pour la consultation,
ainsi qu'une copie signée des documents envoyés à la suite
de la consultation.
·
Dossiers du médecin référant :
·
Dans les cas où la consultation à distance est demandée
pour un patient inscrit ou admis dans un établissement, les
règles relatives au contenu et à la conservation du dossier
de ce patient devraient être les mêmes que celles
usuellement appliquées par l'établissement pour le dossier
de tout patient inscrit ou admis;
·
Dans les cas où la consultation à distance est demandée
pour un patient ayant été évalué en cabinet ou dans tout lieu
autre qu'un établissement, les règles relatives au contenu
et à la conservation du dossier de ce patient devraient être
les mêmes que celles prévues au Règlement sur la tenue
des dossiers d'un médecin (LRQ, c. C-26, a.91)
·
Dossiers du médecin consultant :
·
Dans les cas où le médecin consultant effectue une
consultation à distance dans un établissement, le dossier du
patient ayant fait l'objet de cette consultation devrait
être tenu et conservé conformément aux règles en vigueur
dans l'établissement;
·
Dans les cas où le médecin consultant effectue une
consultation à distance dans un cabinet ou dans tout lieu
autre qu'un établissement, le dossier du patient ayant fait
l'objet de cette consultation devrait être tenu et conservé
conformément aux règles prévues au Règlement sur la
tenue des dossiers d'un médecin (LRQ, c. C-26, a.91)²
·
Outre les documents précités, le dossier devrait contenir
des informations détaillées sur :
·
L'équipement informatique utilisé pour la téléconsultation
(hardware et logiciels);
·
Le propriétaire et le responsable de l'entretien de cet
équipement;
·
Le format de transmission des informations.
Enfin, il importe de rappeler qu'en vertu de la réglementation en
vigueur, le médecin doit conserver le dossier qu'il a constitué pour
chaque patient pendant les cinq années suivant la date de la
dernière inscription ou insertion à ce dossier.
Soulignons toutefois qu'en cas d'existence d'un système
d'archivage central accessible aux deux parties émettrice et
réceptrice (de type PACS, par exemple), la duplication ne serait
plus requise.
PRÉSERVER LA RELATION MÉDECIN-PATIENT
Le CMQ est très sensible à l'importance de préserver la qualité de
la relation médecin-patient. Le recours à la télémédecine ne
devrait pas altérer le lien qui unit le patient à son médecin. Ainsi,
les médecins ayant recours à la télémédecine doivent être vigilants
à l'égard des conséquences possibles de l'utilisation d'un
intermédiaire technologique, et notamment à la difficulté pour le
médecin de reconnaître les attitudes non-verbales du patient.
RÉMUNÉRATION
Bien que le Collège ne soit pas partie prenante aux discussions
entre les fédérations et le gouvernement quant aux modalités de
rémunération des médecins, il tient à rappeler que le déploiement
d'un véritable réseau de télémédecine ne pourra se faire sans que
chacun des médecins concernés (médecin référant et médecin
consultant) reçoive une rémunération juste et équitable, qui tienne
compte du temps investi et de la responsabilité engagée. Le CMQ
insiste pour souligner que l'absence d'un modèle de rémunération
approprié pourrait constituer un frein important au déploiement et
à l'utilisation optimale d'un réseau de télémédecine au Québec.
CONCLUSION
La télémédecine est une réalité dont l'ampleur pourrait croître au
rythme de l'évolution de la technologie et de l'intérêt des
médecins et du public. Le Collège considère que la télémédecine est
bel et bien un outil d'amélioration de la qualité des soins offerts
aux Québécois; elle peut rendre de précieux services aux malades,
notamment en favorisant l'accès à des ressources professionnelles
spécialisées ou ultraspécialisées. Le Collège croit opportun de faire
la promotion de cet outil, et plus précisément :
·
d'encourager la création et la mise en place de diverses
applications de la télémédecine;
·
d'encourager l'évaluation de ces applications et de se tenir
informé des résultats;
·
d'informer les médecins et le public de l'évolution des
technologies;
·
de participer à la diffusion des résultats des expériences
et des évaluations qui s'ensuivront;
·
de s'assurer de la participation des médecins aux tables de
concertation et aux groupes de travail appelés à se
prononcer sur le développement du réseau sociosanitaire de
télécommunications;
·
d'informer le public des limites de sa juridiction et de
leurs conséquences;
·
d'informer les médecins des difficultés qu'ils peuvent
rencontrer lorsqu'ils agissent comme médecins pour des
patients situés à l'extérieur du Québec.
 
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