Le temps du numérique.

Poème instantané !

Il peut y avoir une interaction entre le lecteur et le programme sans que le lecteur s'en rende compte.

Prenons l'exemple du poème en ligne de Julien d'Abrigeon intitulé « Proposition de voyage temporel dans l'infinité d'un instant » .

Question

Ce poème est-il identique dans le temps ?

Solution

Non. C'est en effet le lecteur qui déclenche ce texte animé, constitué par la date et l'heure présentes qui traversent, dans des polices différentes, l'espace d'affichage à l'écran. À la fin, le texte reste figé pendant quelques secondes avant d'être à nouveau généré automatiquement, en prenant en compte la nouvelle heure.

Ce texte animé n'a donc aucune pérennité : calculé, il ne sera jamais le même car la date et l'heure de consultation seront toujours différentes.

L'auteur présente ainsi cette création :«  La raison d'être de ce poème est, quoi qu'il arrive, d'être le plus contemporain des poèmes. Puis de disparaître ».

Question

Si le texte à l'écran n'est jamais le même, cela signifie-t-il que le programme change ?

Solution

Non. Cette œuvre met bien en lumière le fait qu'un texte numérique consiste en fait en deux types de texte :

  • un texte codé (par exemple, un texte sur le Web sera souvent codé en langage HTML), qui correspond à une visualisation qui est celle du programmeur/concepteur ;

  • un texte affiché à l'écran, forme de manifestation qui correspond à une visualisation qui est celle du lecteur.

Tout s'accélère et rien ne se passe !

Qui ne voit que les technologies numériques, qui fonctionnent à la vitesse de la lumière, bouleversent notre rapport au temps ?

Mais c'est à tort que l'on succombe au mythe du "temps réel", de l'immédiateté, de la présence de chacun à tous.

Une chose est sûre, notre mémoire, celle des individus et celle de l'espèce, est à jamais modifiée.

Question

Lisez Je l'ai déjà oubliéE de Gao Trian.

Comment ce poème traite-t-il de la mémoire ?

Solution

Tout d'abord par la répétition, puisqu'il s'agit d'un texte qui ne cesse de se répéter.

Celle-ci évoque la contradiction entre la volonté de ne plus se souvenir et l'incapacité à oublier.

Ce n'est pas tant l'être aimée qui est perdue, que sa mémoire, et ce poème illustre alors la peur de la perte de la mémoire propre à notre ère numérique.