Qu'est-ce que le numérique ?

Conclusion

L'écriture numérique[1] c'est l'écriture sur un support et avec des outils numériques.

La machine à écrire imposait un processus rédactionnel linéaire : planification, rédaction, révision. Désormais, avec le numérique, l'écrit est en permanence manipulable[2] tant au niveau du contenu qu'à celui de sa mise en forme.

Dans l'écriture se noue une tension essentielle entre le support physique de manifestation et la forme sémiotique d'interprétation.

Si l'écriture numérique transforme nos manières d'écrire, de penser et de connaître, il existe un enjeu pédagogique fort à enseigner ce qui la caractérise. Se poser la question des compétences spécifiques à l'écriture numérique, c'est ainsi se poser avant tout la question de connaissances – plutôt que de compétences – propres au numérique. Le projet PRECIP a pour ambition pédagogique de donner à apprendre, dans un même mouvement, une pratique et une théorie de l'écriture numérique. Son postulat : pour bien pratiquer l'écriture numérique, dans ses différentes modalités, il faut corrélativement pratiquer la théorie de l'écriture numérique. Or cela ne peut se faire qu'à l'épreuve des tensions suscitées par notre nouveau milieu d'écriture et de lecture.

  1. Ecriture numérique

    L'écriture peut être définie comme l'ensemble des moyens que l'homme a trouvé pour rendre sa langue visible (Anne-Marie Christin). Mais l'écriture n'est pas une simple retranscription de la parole. Étudier l'écriture c'est donc étudier les relations entre 1) des supports matériels ou techniques ; 2) des formes symboliques déployés dans l'espace visuel, convoquant le regard du lecteur ; 3) la langue ou la pensée. L'écriture est donc à la fois un objet matériel, une production de modes de pensée, et une médiation entre les hommes.

    Nous nommons écriture informatique l'écriture du code et écriture numérique l'écriture au moyen d'un média numérique (cette redondance entre moyen et média se résumant en français sous le nom de "milieu").

    • L'expression « écriture informatique », qui date de la fin des années 1980, pourrait prêter à confusion, car elle renvoie plutôt à une pratique d'écriture du programme (l'activité du programmeur).

    • L'expression « écriture numérique » renvoie quant à elle à une pratique d'écriture avec un programme (ex. elle ne désignerait pas tant l'écriture de l'architexte que l'écriture architextuelle).

      Le terme « informatique » renvoie à la programmation, tandis que le terme « numérique » renvoie plus généralement au codage – binaire – permettant de rendre manipulable des contenus. C'est cet aspect numérisé, binarisé du contenu qui lui donne toutes ses propriétés. L'expression « écriture numérique » nomme, faute de mieux, une écriture sur un support numérique (et donc modifié par lui), une écriture en milieu numérique.

  2. Manipulabilité.

    Le numérique a automatisé et formalisé la manipulation. Les pièces du Lego sont devenus des blocs d'information.

    La manipulabilité est une propriété fondamentale des technologies numériques, elle nomme le calcul opéré sur des unités discrètes (la manipulation suppose la discrétisation). L'essence du numérique est celui de tout calcul : ne consister qu'en une pure manipulation de symboles. Entre le monde dit réel et le monde dit virtuel (ce que vous voyez sur votre écran), il y a toujours l'intermédiaire d'un codage arbitraire et d'un calcul qui ne veut rien dire. Cette médiation est une autre manière de dire, à la manière de Bruno Bachimont, que le numérique « ça a été manipulé ».

    La manipulabité théorique du numérique se retrouve au niveau 2 (le programme ou le logiciel d'écriture et de lecture) et 3 (le document lu) sous la forme de manipulation effective.

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