FIGURES : un Équipex en chirurgie réparatrice
Faire de la défiguration/refiguration, au même titre que d'autres grandes causes ou pathologies comme la transplantation ou la vision, un objet d'attention scientifique, un sujet de formation est un enjeu de société. Lauréat de la première vague des investissements d'avenir, l'équipement d'excellence (Équipex) FIGURES propose ainsi une plateforme de recherche et de formations chirurgicales dédiées au visage.
Contexte
Si des organismes de recherche hospitaliers, des fondations ou des lieux d'apprentissage chirurgical existent déjà à travers le monde, aucune de ces structures ne concentre encore, en un même lieu, moyens humains et matériels permettant d'aborder la défiguration comme un objet de recherche pluridisciplinaire. Le projet FIGURES (Facing Faces Institute GUiding RESearch) propose ainsi de réaliser une plateforme de recherche et de formations chirurgicales appliquées à la tête.
› Il explore plusieurs champs :
- analyse des surfaces et volumes du visage en mouvements et corrélats neurologiques : analyse prédictive et évaluation (IRM fonctionnelle, échographie 3D, photogrammétrie…).
- aide à la main chirurgicale, chirurgie non invasive (ultra-microchirurgie, robotique chirurgicale par voie transorificielle, chirurgie in utero).
- substitution pluri-tissulaire et aide à la tolérance par ingénierie et biothérapie.
- substitution prothétique, biomatériaux dégradables, implants crâniens. interfaciques – oralité et troubles d'acquisition du langage, orthophonie.
- visage et défiguration : approche épistémologique, artistique, psychanalytique…
FIGURES a ainsi pour ambition de faire bénéficier les victimes d'accidents des aides thérapeutiques les plus avancées, fruits de la recherche en techniques de pointe, mais aussi de les accompagner et de les aider à retrouver une autonomie.
Objectifs
L'objectif du projet est de réaliser une plateforme de recherche et de formations chirurgicales appliquées à la face et à l'extrémité céphalique. Les champs de recherche et d'action de cette plateforme, véritable tête de réseau appuyée sur de nombreux partenariats, iront bien au-delà de l'aspect purement chirurgical. Il s'agira, par exemple, d'améliorer l'analyse des surfaces et volumes du visage ou encore d'aider la "main chirurgicale" par la robotique. Il s'agira également de travailler sur une meilleure tolérance des greffes, de développer des substituts et implants, de prendre également en compte les problèmes fonctionnels liés : déficits sensoriels, anomalie du langage, mais aussi troubles de la perception de soi. La dimension éthique ne sera pas oubliée.
Cette plateforme va permettre d'améliorer les recherches et de favoriser les innovations en microchirurgie expérimentale. Elle s'appuiera sur une approche d'imagerie morphologique et fonctionnelle qui sera tout à fait fondamentale et novatrice dans l'évaluation et la réalisation des reconstructions et greffes du visage et de la face. Elle sera à la disposition de la communauté scientifique locale, nationale, européenne et internationale et assiéra la position de leader international de cette équipe en chirurgie maxillo-faciale. La plateforme FIGURES a en outre l'objectif de permettre la mise en pratique des enseignements dispensés à la fois par une approche réelle et une approche virtuelle.
Porteurs du projet
Porté par le CHU Amiens, le projet FIGURES est coordonné à l'UTC au niveau scientifique par le laboratoire Biomécanique et bioingénierie (BMBI). "Nos compétences sont appropriées pour effectuer de la recherche pluridisciplinaire avec les cliniciens spécialisés autour des conséquences d'une défiguration ou d'une greffe à la suite d'une chirurgie maxillo-faciale", confirme Marie-Christine Ho-Ba-Tho, directrice du laboratoire BMBI. "Deux équipes de notre laboratoire sont d'ailleurs déjà engagées dans des programmes nationaux et régionaux dans les domaines de l'ingénierie tissulaire pour la reconstruction osseuse et de la biomécanique, comme la modélisation des mouvements du visage, la conception et l'évaluation de prothèses et d'implants, sans oublier les aspects de perception et d'expression du visage".
Pluridisciplinaire, cette recherche associera deux autres laboratoires de l'UTC. Le laboratoire Roberval s'attachera, par exemple, à déterminer des indicateurs ou mesures quantitatives servant à évaluer la mimique faciale. Un modèle 4D faisant intervenir la dimension temporelle du mouvement des muscles peauciers est l'un des résultats recherchés à terme. Dans le domaine des sciences humaines et sociales, le laboratoire Costech proposera d'ouvrir une réflexion sur la capacité de l'humain à changer de regard sur la défiguration.
Les premiers résultats scientifiques ont concerné la modélisation personnalisée des muscles du visage responsables de la mimique faciale (comme le sourire) à partir de l'imagerie médicale. En parallèle, des protocoles d'analyse du mouvement de la mimique faciale et des mesures de champ sur le visage ont pu être réalisés. De même, ont été mis en place des protocoles expérimentaux pour la caractérisation biaxiale des tissus mous (peau, muscle), ainsi que des études préliminaires sur les substituts hybrides reconstruits en bioréacteurs.
De nouveaux projets sont en cours :
- ERM_VISAGE explore la technique d'élastographie par résonance magnétique pour quantifier les propriétés mécaniques des muscles du visage et analyser la mimique faciale par EMG.
- FLOWFACE vise la modélisation des fluides dans le visage.
- SILKGUIDE s'attache à l'implantation chirurgicale de prothèses nerveuses innovantes et à la mesure de la reprise fonctionnelle du mouvement.
Contacts de la recherche à l'UTC
Plaquette des investissements d'avenir à l'UTC