Feuille de route de l'enseignement supérieur
À l'occasion de la rentrée étudiante 2020, Frédérique Vidal a tracé la feuille de route de l'enseignement supérieur pour les mois à venir autour de trois défis : l'accès, l'accueil et l'accompagnement.
« La rentrée 2020 n'est évidemment pas une rentrée comme les autres : les universités et les écoles vont rouvrir leurs portes après plusieurs mois de fermeture au public ; des néo-bacheliers, plus nombreux, vont entamer leurs études après une fin d'année scolaire bouleversée par le confinement ; la crise sanitaire continue de peser fortement sur l'organisation des enseignements et de la vie de campus.
Face à cette situation inédite, la communauté universitaire n'a eu de cesse de se mobiliser au service d'un objectif : réussir cette rentrée 2020, en redoublant d'efforts et d'ambition pour la jeunesse.
Durant le confinement, elle a fait la preuve d'une capacité d'adaptation sans relâche et d'un engagement sans faille envers les étudiants. Enseignants, administratifs, personnels de direction, personnels des Crous, chacun s'est investi sans ménager sa peine pour accompagner les étudiants dans la poursuite de leur formation et être à l'écoute des plus vulnérables, en offrant des solutions adaptées à chaque situation : santé, logement, alimentation, bien-être, fragilité sociale. Je tiens à leur redire toute ma fierté et toute ma reconnaissance.
Notre communauté a de la ressource et elle le prouve à nouveau dans l'organisation de cette rentrée atypique. Accueillir des effectifs en hausse dans le respect des contraintes sanitaires, répondre au besoin accru d'accompagnement tout en protégeant étudiants et personnels, concilier l'impatience de retrouver la vie de campus et la peur de relancer l'épidémie, l'équation est loin d'être simple et n'admet pas de solution toute faite. Chaque établissement a dû trouver ses propres réponses et le bon équilibre entre distanciel et présentiel, en s'appuyant notamment sur les moyens mis à disposition par le ministère dans le cadre de l'appel à projet sur l'hybridation des formations. Par-delà la diversité des situations, tous les efforts ont convergé vers un même horizon : maintenir autant que possible le face-à-face pédagogique et le lien entre étudiants. Car l'université est faite de rencontres, d'échanges, de présence : c'est pourquoi le retour de la vie dans les campus est notre priorité ! C'est pourquoi aussi nous comptons sur la responsabilité individuelle et collective de chacun, y compris dans la vie quotidienne, pour nous permettre d'atteindre ensemble cet objectif.
C'est à l'université que les étudiants entament leur chemin, personnel, vers la réussite, et nous devons les accompagner cette année avec un soin et une détermination à toute épreuve. Car la jeunesse est à la fois la première victime de la crise économique et sociale et notre meilleur atout pour nous en relever. C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de lui consacrer le premier acte de son plan de relance avec l'ambition de ne laisser aucun jeune sans solution. Dans ce cadre, grâce au travail collectif des ministères concernés, des établissements et des régions, 21 500 places supplémentaires ont été programmées pour répondre aux vœux de poursuite d'études des néo-bacheliers, dont 5 700 en STS, 2 000 dans de nouvelles formations courtes, 4 000 dans les licences les plus demandées, et 3 800 dans les formations paramédicales. L'offre de formation, qui s'était déjà considérablement élargie au sein de Parcoursup pour la rentrée 2020, s'est ainsi enrichie pour accomplir la promesse de la loi ORE : permettre à tous ceux qui ont un projet de poursuite d'études supérieures de trouver leur voie.
Ne laisser aucun jeune au bord du chemin, c'est aussi lutter contre la précarité étudiante qui s'est révélée à la faveur de la crise. Là encore, nous avons pris des mesures fortes afin de soutenir les étudiants les plus fragiles : les frais d'inscription à l'université ont été de nouveau gelés ; le montant des bourses sur critères sociaux a été augmenté de 1,2 % ; celui du ticket U a été abaissé à 1 € pour les étudiants boursiers ; les prêts-études garantis par l'État augmenteront de 16 M € afin de soutenir 58 000 bénéficiaires potentiels. De nombreuses aides complémentaires sont par ailleurs toujours mobilisables pour lever les obstacles qui se dressent entre l'étudiant et sa réussite. Elles représentent une enveloppe de plus de 2,3 Mds €, qui viennent s'ajouter à la prise en charge de la majeure partie du coût de la scolarité étudiante, à laquelle l'État consacre en moyenne 10 000 € par an et par étudiant. Plus qu'une dépense, il s'agit là d'un investissement pour l'avenir et l'égalité des chances.
Aucun jeune de notre pays ne doit être privé par son origine sociale, son lieu de naissance ou son handicap de tout ce que notre enseignement supérieur a à offrir, à commencer par la qualité de ses formations et de sa recherche.
Cette excellence vient de faire l'objet d'une consécration internationale au travers de la parution du Classement de Shanghai, qui place la France en 3e position mondiale. Je suis particulièrement fière des performances réalisées par nos universités : la 14e place décrochée par l'Université Paris-Saclay, les résultats remarquables de l'Université Paris Sciences et Lettres, de Sorbonne Université, de l'Université de Paris et de l'Université Grenoble Alpes, l'entrée de nouvelles universités dans le classement, montrent que le modèle français est enfin reconnu, notamment grâce à l'ordonnance du 12 décembre 2018, qui a permis aux universités, aux grandes écoles et aux organismes de trouver les formes d'organisation les plus à même de servir leur stratégie scientifique.
Bientôt, la future loi de programmation de la recherche, grâce à un investissement de 25 Mds € sur 10 ans, donnera à nos établissements les moyens de libérer encore davantage leur potentiel scientifique, au bénéfice du rayonnement de la France parmi les grandes puissances de la science, des capacités d'innovation de nos entreprises et de la qualité de nos formations.
Étudier en France est une chance formidable : chaque jeune doit pouvoir la saisir et en faire une source de réussite et d'épanouissement.
C'est le cap que l'ensemble de la communauté universitaire se fixe à l'aube de cette nouvelle année universitaire que je souhaite la plus sereine et la plus fructueuse possible.Bonne rentrée à tous ! »
Frédérique Vidal
Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation