Alternative au tronc commun historique de l'UTC, le parcours Hutech enseigne comment orienter le développement technologique au service de hautes valeurs humaines et sociétales. Son format en 3 ans permet également une poursuite en master. Le cursus Humanités et technologie est un parcours de préparation à l'ingénierie qui s'adresse aux bacheliers (bac S, ES ou L spé maths) désirant tisser sciences, technique et sciences humaines afin d'être capables, en tant qu'ingénieurs, de mieux articuler les enjeux industriels et sociaux.
Ce cursus répond à une nécessité croissante : notre
monde a besoin d'ingénieurs capables de porter en amont des projets les
enjeux humains ou sociaux des développements technologiques.
Ces technologues « parlent » la technique ; ils la comprennent tout autant du point de vue du fonctionnement (ce qui nécessite souvent de recourir à des sciences formelles) que de ses enjeux et impacts (ce qui nécessite de s'intéresser à l'humain).
Qui s'intéresse à la technologie s'intéresse en effet à l'humain.
La technique accompagne l'humanité depuis sa naissance. Elle est
intimement liée à son développement, elle en est la réalité la plus
visible, la plus tangible : ce qui distingue une époque d'une autre,
cela semble être bien davantage l'équipement technique et l'organisation
sociale qui en découle qu'un changement du côté des corps, qui semblent
identiques depuis des centaines de milliers d'années. Alors qu'en cinq,
dix, vingt ans, du côté de la technique, les conditions de vie, les
modes d'habiter, de vivre ensemble, de travailler ou de penser changent
très vite et très fortement.
La finalité de cette formation est d'apprendre à encadrer et à accompagner le développement technologique, en étant inventif, créatif, en tirant profit des mille possibilités ouvertes, tout en mettant constamment ces idées en perspective avec un projet pour l'humain et pour la société. Ces derniers éléments ne sont pas à penser comme seulement des garde-fous qu'on applique après coup, après l'invention : ils président à l'invention technologique.
Un étudiant Hutech aura donc développé sa capacité à conjuguer différentes logiques : exigences industrielles et entrepreneuriales (performances fonctionnelle, technique et économique du produit) et valeurs pour la société et pour l'humain.
À l'articulation entre projet industriel et projet ou vision pour
l'humanité, il y a… vous, acteur de la conception, animé par vos
valeurs, et doté d'une responsabilité et d'un libre arbitre.
Il s'agit de donner la possibilité à de bons bacheliers scientifiques
intéressés par les métiers de l'ingénieur mais aussi par les lettres et
les sciences humaines de ne pas sacrifier cette seconde dimension de
leur curiosité intellectuelle, mais au contraire d'en saisir la complémentarité avec la première.
Et il s'agit tout autant de donner à de bons bacheliers de filières L option math. et ES la possibilité de nouer un nouveau contact avec les sciences et les technologies à partir d'une approche qui en fait sentir la dimension de culture et d'invention, et les amener ainsi au niveau requis dans ces disciplines pour acquérir un diplôme d'ingénieur (ou un master pour ceux qui le préféreraient).
Quel que soit le bac général suivi, ce parcours s'adresse aux personnes qui se reconnaîtront dans les traits suivants :
être intéressé par la technologie : comment la technique fonctionne et évolue, les processus d'invention, le travail d'équipe pluridisciplinaire, l'histoire et la prospective des interactions entre technique et société ;
avoir un goût pour la réflexion, l'abstraction, la conceptualisation, ou encore l'identification et la reformulation des problèmes, aimer se poser des questions ;
et finalement se projeter comme acteur du développement technologique.
› Les bacheliers L (option math.) feront fond sur leurs capacités de compréhension et d'interprétation des phénomènes humains et sur leurs compétences pour analyser, disserter, problématiser à partir des œuvres et des grandes questions littéraires et philosophiques.
› Les bacheliers ES prendront appui sur leur éclectisme et sur leurs bases de compréhension des dimensions économique et sociale de notre monde.
› Les bacheliers S capitaliseront sur leurs acquis scientifiques, complétés par leur attrait pour la philosophie notamment.
Organisation des études
Le programme pédagogique associe les sciences de l'ingénieur et les sciences humaines et sociales, pour un profil équilibré :
1- Un parcours commun « tronc commun Hutech »
Tous les étudiants Hutech suivent ce parcours au même rythme
(programme imposé). Il s'agit d'enseignements spécifiques en termes de
mathématiques, logique, philosophie, histoire des sciences et des
techniques et en méthodologie de conception.
Ces enseignements ont un double objectif pédagogique :
former l'esprit à abstraire, conceptualiser, problématiser ;
fournir des savoirs et savoir-faire pour penser spécifiquement les interrelations homme-technique-société.
Ce tronc commun Hutech comporte aussi un choix d'enseignements disponibles dans d'autres parcours de l'UTC, tels que des sciences et techniques et des langues.
2- Des parcours spécifiques vers une spécialité d'ingénierie
Ces parcours scientifiques et techniques sont orientés vers une spécialité d'ingénieur, choisie selon qu'on se destine progressivement au génie biologique, génie informatique, génie urbain, génie des procédés ou ingénierie mécanique (ou à un master).
3- Un stage final d'Hutech
Ce stage sert de transition avec la suite : à la fois application des savoirs acquis et découverte du domaine professionnel auquel on se destine. Les étudiants effectuent ce stage après 5 semestres d'études au cours desquels leur formation éclectique leur a permis de s'orienter progressivement vers la branche qui leur correspond le mieux.
Deux types de poursuite d'étude
La voie la plus évidente, étant donné l'identité historique de l'UTC (école d'ingénieurs), est de poursuivre dans l'une des cinq spécialités d'ingénieur de l'UTC auxquelles le parcours donne accès. Une seconde possibilité est de poursuivre en master, le format d'Hutech en 3 ans facilitant cette option pour les étudiants se découvrant un autre attrait que l'ingénierie.
L'ingénieur en génie biologique a su faire reconnaître son expertise, au niveau national et international, dans les domaines de la biomécanique, du génie biomédical et des biotechnologies. Pour mener à bien sa mission, l'ingénieur aura besoin non seulement de connaissances en biologie mais aussi en informatique, physique, mécanique, chimie…
L'ingénieur en informatique doit être un acteur de la mutation technologique de tous les secteurs de l'économie vers le numérique. La formation proposée garantit un niveau homogène sur les fondamentaux de la profession tout en préservant les qualités d'innovation, de capacité d'adaptation et d'intégration.
L'ingénieur en mécanique répond aux besoins des entreprises industrielles du secteur, de la conception à la fabrication de produits manufacturés. Il maîtrise l'usage des technologies innovantes et les outils de conception des systèmes complexes notamment dans les domaines des matériaux, de l'acoustique et des vibrations, du design industriel, de l'assurance qualité et de la sûreté, de la mécatronique, de la robotisation et de la gestion de projets.
L'ingénieur en génie des procédés rassemble des connaissances et des savoir-faire qui permettent la transformation industrielle des matières premières naturelles ou synthétiques en des produits élaborés par une succession d'opérations. La formation repose sur des connaissances fondamentales en thermodynamique, mécanique des fluides, phénomènes de transfert, calcul de réacteurs et sur une bonne maîtrise des méthodes de calcul et de l'informatique.
L'ingénieur en génie urbain intervient à différentes échelles, du territoire au bâtiment, il est capable de mobiliser les méthodes et les techniques des sciences de l'ingénieur afin de répondre aux problèmes complexes induits par la gestion et le développement des bâtiments et des villes et par leur insertion dans le territoire.
Débouchés
Débouchés professionnels
Les débouchés
professionnels sont ceux atteints via les poursuites d'études, à savoir
des activités d'ingénieur, de concepteur, d'aménageur. Toute activité où
il faut à la fois comprendre la technique et prendre en compte l'humain
saura tirer parti des compétences interdisciplinaires de nos étudiants, depuis la maîtrise d'ouvrage (aider un commanditaire à définir puis piloter son projet) jusqu'à la réalisation (concevoir et améliorer des dispositifs socio-techniques).
Les étudiants passés par le cursus Hutech peuvent ainsi tout autant occuper des postes « classiques » en y apportant leurs valeurs et leurs compétences que des postes plus stratégiques et prospectifs. Outre les compétences directes attendues après ce cursus par les employeurs (être technologue et savoir prendre en compte l'humain), des qualités génériques sont d'ores et déjà reconnues : esprit de synthèse, capacité d'argumenter, de naviguer parmi une quantité importante de données, esprit critique.
Débouchés en recherche
L'UTC n'est pas qu'une école d'ingénieurs, c'est aussi un lieu de recherche, notamment partenariale (avec des industriels), qui dispose d'une école doctorale importante. Le positionnement intellectuel d'Hutech (accent sur l'analyse, la problématisation, la conceptualisation) prédispose les étudiants à une attitude de chercheur qui pourra facilement, pour celles et ceux qui le souhaiteraient, se transformer en activité de chercheur, à commencer par s'inscrire en thèse après l'obtention de leur diplôme d'ingénieur ou de master.
Parmi les nombreux laboratoires de recherche, un partenaire naturel d'Hutech est celui qui regroupe les chercheurs en technologie et sciences humaines : Costech.
Témoignages
janvier 1, 2019
Alice, bac L, en route vers le génie des systèmes urbains
« J'ai choisi Hutech parce que c'est une poursuite d'études cohérente après un bac L option math. J'ai été attirée par la pluralité des enseignements et l'approche différente du métier d'ingénieur et de la technique qui permet de conserver une dimension littéraire et de ne pas avoir l'impression de devoir "devenir une S".Le choix de branche, GSU, s'est fait assez naturellement : j'étais déjà intéressée par l'urbanisme en arrivant à l'UTC, et les premiers enseignements urbains que je suis ce semestre ne font que confirmer ce choix. Mon projet, encore naissant, est d'articuler les dimensions technique et humaine de la ville, qui sont complémentaires : penser la ville pour l'homme, innover à partir du potentiel technique, économique et social. »
janvier 1, 2019
janvier 1, 2019
Thelma, bac ES, en route vers le génie biologique
« La filière ES au lycée, c'est l'ouverture au monde. On manie les mots aussi bien que les chiffres. Cet éclectisme, si rare dans le supérieur, on le retrouve en Hutech. Dans ce cursus, à grand renfort de raisonnement analytique et d'abstraction, l'esprit s'exerce à penser.Hutech, pour moi, c'est la possibilité d'entrer dans le monde scientifique sans m'y enfermer. C'est l'opportunité de m'orienter vers le génie biologique sans pour autant renoncer aux sciences humaines. »
janvier 1, 2019
janvier 1, 2019
Baptiste, bac S, vise le génie informatique
« Je savais a priori que je voulais faire de l'informatique. Mais il manquait encore à ce projet une dimension plus "humaine et sociale" permettant de comprendre les enjeux d'une informatique toujours plus présente dans notre quotidien. Hutech m'a intéressé pour ça : acquérir également les outils pour comprendre cette société dans son rapport avec la technique, notamment l'informatique. »
janvier 1, 2019
janvier 1, 2019
Alice, bac S, s'est construit un parcours hybridant GSU et GI
« Dès le lycée, je déplorais le fait qu'il faille faire un choix entre une carrière purement scientifique ou littéraire/sciences humaines. Venue d'un bac scientifique avec options artistiques et très investie en histoire et en philo, j'ai trouvé dans le projet Hutech un moyen de continuer dans les sciences sans me frustrer du point de vue de la réflexion sur notre monde et sur notre espèce. La formation étant nouvelle, c'est aussi une chance car elle s'invente avec nous et s'adapte donc aussi à nos choix qui peuvent être particuliers. La preuve, en arrivant à l'UTC, j'étais partie pour du GSU, plutôt sur la thématique des villes dans les pays en développement, mais je n'étais pas non plus très fixée. Au cours des premiers semestres j'ai découvert les sciences cognitives, l'histoire des techniques, le monde de la construction et de l'architecture, mais aussi les sciences informatiques… (car le début de la formation, bien qu'orienté, permet tout de même de toucher un peu à tout). Et j'ai réalisé que le numérique, les nouveaux médias d'information et supports multimédias m'intéressaient également, qu'il y avait des choses qui se jouaient là, auxquelles je voulais participer. Alors aujourd'hui je construis mon parcours un peu particulier entre GSU et GI afin de mêler espace et numérique, dans le but de travailler dans la muséographie, le montage d'expositions. Je n'arrivais pas tellement à m'imaginer ingénieur en informatique ni travaillant purement dans l'urbanisme ou le bâtiment.J'ai aussi besoin d'un peu de fantaisie, et la muséographie devrait me permettre d'intégrer mes aspirations artistiques à l'application de mon métier d'ingénieur. Je réalise actuellement mon stage final d'Hutech au département muséographie de la Cité des sciences et de l'industrie. »
janvier 1, 2019
Réponses aux questions fréquentes
Y a‑t-il des différences entre ce cursus et les formations de type double cursus ? Pourquoi choisir la vôtre ?
À notre connaissance, notre cursus est le seul, parmi les autres
offres comportant à la fois des sciences et des sciences humaines, à
conduire au diplôme d'ingénieur, et à recruter après bac des bacheliers
des trois filières générales pour les orienter ensemble vers la
technologie. Notre programme est d'ailleurs le seul à comporter un volet
technologique. De plus, notre programme pédagogique vise non pas une
juxtaposition mais une forte intégration des disciplines.
Cette différence peut faciliter le choix entre notre cursus et les autres offres hybrides :
Un étudiant qui veut "seulement" (c'est déjà beaucoup) cultiver autant les sciences que les sciences humaines,
sans les croiser particulièrement, et qui ne se projette pas dans un
débouché ingénieur, a tout intérêt à candidater à d'autres
doubles-cursus : s'ils ne lui promettent pas davantage qu'une licence,
ils ont l'avantage d'être très ouverts et tout autant exigeants ;
Un étudiant qui sait vouloir s'occuper de technologie
(soit très directement soit en encadrant des projets technologiques),
qui veut le faire en associant Humanités et technologie, trouvera en
Hutech un lieu unique où les disciplines sont à la fois cultivées avec
exigence et croisées pour former un ingénieur différent.
Je
suis en terminale S, et j'hésite entre le tronc commun classique et ce
cursus Hutech. Si je réalise en cours de route que le parcours Hutech ne
me convient pas, puis-je basculer vers le tronc commun ?
Les deux voies sont différentes (sinon, il n'y en aurait qu'une…),
et il n'est pas prévu de points de passage de l'une à l'autre.
Cela peut cependant être envisagé au cas par cas. C'est au jury de
tronc commun de décider d'une telle éventualité, en jugeant notamment
les résultats obtenus. Après avoir répondu directement à cette question,
ajoutons que si suivre le parcours Hutech ne représente pas pour vous
une évidence (et si donc vous hésitez), vous aurez tout intérêt à
candidater au format classique.
Je suis en terminale S, et suis candidat à la fois au tronc commun
et au cursus Humanités et Technologie. Vais-je avoir deux entretiens ?
Si vous êtes recevable pour les deux formations, vous n'aurez qu'un
seul déplacement à prévoir. Pour Hutech, vous aurez deux entretiens,
l'un individuel (avec un enseignant), l'autre collectif (5 candidats
environ). Cet entretien collectif est le même que pour le tronc commun
et son résultat est communiqué aux deux jurys d'admission.
Quels sont les critères pour évaluer les candidatures ? Faut-il avoir la mention Très Bien ?
En Hutech, nous procédons en deux temps : une sélection sur dossier
(bulletins, notes aux épreuves anticipées et lettre de motivation) nous
permet de convoquer pour un entretien uniquement les candidats
admissibles au vu de leurs résultats, c'est-à-dire qui présentent a
priori les qualités scolaires et la motivation pour réussir à l'UTC.
Nous cherchons avant tout des profils "bons partout" (toutes les
matières comptent), et un candidat idéal n'a pas de point faible. Mais
pour analyser les "notes", nous avons différentes façons de calculer une
moyenne pondérée afin de ne pas écarter un dossier du seul fait d'un
accident ou d'une faiblesse isolée. Nous savons très bien qu'une moyenne
trimestrielle peut être affectée parfois par un seul examen raté.
Ainsi, nous avons un système de compensation (de très bons résultats ici
compensent une faiblesse ailleurs). Et nous retenons le calcul le plus
avantageux. Bref, soyez rassurés, même la partie chiffrée de votre
dossier est analysée avec soin.
Quant à la mention au bac : en toute rigueur (et
sauf pour les candidats déjà à bac+1), nous prononçons nos admissions
avant même que vous n'ayez les résultats du bac. Cependant, nous
remarquons après coup que la majorité (environ 75%) de nos admis aura eu
mention Très Bien. Mais il y a aussi des mentions Bien voire Assez
Bien, que ce soit par accident lors du bac (par rapport à ce que leur
dossier laissait escompter) ou que ce soit conforme à leur dossier : en
effet, la motivation, la maturité, un projet original comptent aussi, et
l'entretien doit permettre de parler de votre projet de formation.
Je suis dans un lycée qui note sévèrement ? Pouvez-vous le prendre en compte ?
Nous aimerions pouvoir vous l'assurer… Mais c'est un vrai problème,
pour nous aussi. Nous ne disposons pas d'un système de correction
automatique des moyennes selon les lycées. Et nous ne pouvons ni ne
voulons endosser la responsabilité de l'esprit "prépa" que certains
lycées adoptent.
Concrètement, dans nos calculs nous retenons ce qui est le plus
avantageux pour vous entre votre moyenne absolue (ex : vous avez 15⁄20)
ou votre moyenne comparée à celle de la classe (ex : vous avez 13⁄20
mais la classe a 6⁄20). Mais pour le cas des lycées qui notent
sévèrement, les écarts entre élèves y sont souvent plus faibles, les
différences lissées, et quelle que soit la façon dont on calcule, il est
plus difficile de vous mettre en valeur.
C'est le résultat à l'épreuve nationale du baccalauréat qui est ‑ou
plutôt était !- censé nous permettre d'en avoir le cœur net. Mais le
calendrier qui nous est imposé ne nous permet plus d'attendre ces
résultats (il y a encore peu, nous attribuions un tiers de nos places en
juillet).
À quoi sert l'entretien, qu'en attendez-vous ?
L'entretien individuel est un échange, qu'il convient d'envisager dans une perspective gagnant-gagnant :
Vous avez tout intérêt à vous y montrer tel(le) que vous êtes,
car les qualités pour être recruté(e) sont celles qui permettent
ensuite de réussir, de prendre du plaisir, et donc de rester ! Il n'y a
pas à "réussir" l'entretien en tant que performance technique ou
d'acteur. Ne vous mettez donc pas une pression qui consisterait à
chercher à apparaître autre que vous êtes, faites-nous et surtout
faites-vous confiance.
Nous avons tout intérêt à donner à voir qu'il fait bon travailler avec nous,
et cela commence en mettant en œuvre nos valeurs dès l'entretien, pour
que vous puissiez éventuellement vous y reconnaître : vous accueillir,
vous écouter, comprendre ce qui vous intéresse, répondre à vos
questions, discuter avec vous de votre projet pour vérifier que notre
relation sera fructueuse.
Bref, une ambiance que nous
voulons à la fois sérieuse (il y a un enjeu pour vous et pour nous) et
décontractée (l'authenticité ne requiert pas l'austérité).
L'entretien individuel comporte ainsi deux objectifs :
Vous permettre de vous présenter, d'exposer votre dynamique de formation,
vos réflexions, ce que vous cherchez. C'est bien de votre projet de
formation que nous parlons alors, pour vérifier ensemble que notre
cursus est un bon endroit pour vous, et que nous pourrions établir une
alliance pédagogique fructueuse.
Se projeter ensemble dans un exemple concret de sujet qui pourrait vous intéresser.
Évidemment, à votre âge nous n'attendons pas de vous d'exprimer un
projet professionnel. Mais nous pensons par contre que vous devez
pouvoir identifier au moins un exemple de sujet technologique à enjeu
sociétal auquel vous aimeriez contribuer.
Pour ce second
objectif, nous fournissons aux candidats convoqués un petit texte
complémentaire qui doit les aider à sélectionner dans l'actualité un
sujet pertinent. Cela peut être un élément de discussion lors de
l'entretien (attention, ce n'est pas une "interro", c'est une
discussion, pour se projeter).
Enfin, nous pouvons être amenés à vous prodiguer quelques conseils :
étant donné ce que vous mettez en avant, vous trouveriez plutôt votre
bonheur ailleurs, vous ne serez pas bien avec nous ; ou au contraire,
nous aimons aussi que l'entretien s'inverse : répondre à vos questions
et vous permettre de voir si nous pouvons satisfaire vos exigences.
Bref, nous vous conseillons de faire également de cet entretien un outil
de décision pour vous.
Quelle proportion de L, ES et S dans une promotion ?
Aujourd'hui, nous atteignons environ 25% de L et ES, en comptant
aussi les parcours "atypiques" (exemple : avoir fait un an de prépa
littéraire ou artistique, ou encore une année en éco-droit, bref avoir
arrêté sciences et maths pendant un an).
Évidemment, il est actuellement plus dur d'avoir des candidats L et
ES, qui aient à la fois de très bons dossiers et soient encore ouverts à
l'ingénierie alors qu'ils se sont construits dans ce système clivant
des trois bacs. Quand on y pense, il est étonnant de voir à quel point
le fait d'imposer à des jeunes personnes de 15–16 ans de choisir entre
les lettres OU les sciences OU l'économique et social donne lieu à une
essencialisation, c'est-à-dire peut conduire à se définir comme L ou S
ou ES, à dire "je suis L" (sous-entendu : "je ne suis pas S"). S'il y
avait un seul bac général, ces jeunes gens se penseraient autrement.
Mais comment font des L pour réussir des études d'ingénieurs !?
Les mots clés : progressivité et programme adapté !
Les réponses à ces questions concernent d'ailleurs les autres
bacheliers, puisque l'ensemble du programme est commun. Commençons
d'ailleurs par noter qu'une fois les étudiants admis, nous pouvons
pratiquement oublier leur bac d'origine et que même en maths ou logique,
on constate que les notes obtenues ne dépendent pas du bac d'origine :
un ES ou L peut très bien avoir de meilleures notes qu'un S, et ça n'est
pas du tout humiliant pour un S ; c'est juste que le bac d'origine
n'est plus discriminant pour les résultats, et c'est l'une de nos
grandes fiertés !
Concrètement, comment faisons-nous ?
› Côté maths
L'astuce est de commencer par des maths plus théoriques, plus
abstraites (ex : étude des raisonnements, des modes de démonstration, de
la logique mathématique). Ainsi, les chapitres étudiés en maths ne
suivent pas la terminale S.
Ajoutons que certains sujets s'apparentent à des jeux mathématiques
(ex : l'hydre, le Rubik's cube). Et que l'évaluation se fait en partie
sur dossier personnel, avec un angle d'attaque choisi. Il n'y a plus une
seule réponse ni une seule façon de faire, il y a à chercher et
cheminer. Ce à quoi les L sont sans doute plus habitués.
Enfin, nous avons mis en place quelques séances que nous appelons "la
friche mathématique", au cours desquelles les étudiants qui ont des
difficultés sur un thème précis viennent bénéficier du soutien d'un
enseignant.
› Côté sciences
Nous introduisons progressivement les sciences, nous nous
concentrons sur les sciences utiles pour la branche visée. Hutech n'est
pas rempli de toutes les sciences, on se prépare à faire ce qui est
pertinent (donc intéressant et motivant pour l'élève) pour pouvoir poser
ses futurs gestes d'ingénieur.
› De manière générale
Comme à l'UTC en général, le travail en groupe est facilitant et
préfigure le monde professionnel. Il y a une grande entraide au sein de
chaque promotion et entre les promotions.
Comment, concrètement, liez-vous humanités et technologie ?
Très concrètement, nous réalisons plusieurs actions :
1. Nous allons jusqu'à mettre en place une
méthodologie propre au technologue Hutech, avec sa "trousse à outils"
qui rassemble des outils (intellectuels, formels) forgés à partir de
différentes disciplines. Exemples :
En histoire, on sait voir comment des techniques, à une époque, sont interdépendantes, se renforcent, et se développent ensemble.
C'est la notion de système technique qui, si on la développe avec
rigueur, permet de mieux comprendre, dans un projet technologique donné,
quelles sont les forces en présence, d'où vient la situation actuelle.
On apprend ainsi à penser système. Par exemple, comment dans
l'automobile sont interdépendants non seulement les moteurs et les
châssis mais aussi les performances des pneumatiques, des asphaltes, des
freins, des carburants, jusqu'aux savoir-faire des conducteurs.
Aujourd'hui, toute innovation dans l'automobile est prise dans ce réseau
de dépendances.
En histoire toujours, on a un
concept qui permet de voir comment un choix technique fait à telle
époque constitue un "sentier" sur lequel tous les suivants ont tendance à
rester. Analyser cela, représenter ce mécanisme grâce à un
schéma de "dépendance du sentier" permet lors d'un projet d'innovation
d'expliciter et mesurer la situation dont on hérite, et d'envisager des
réponses possibles. Doit-on rester dans cette ornière et profiter du
système existant, ou au contraire sera-t-il fécond de déployer l'énergie
nécessaire pour sortir des sentiers battus ?
En
philosophie, l'aporie de la connaissance (lire ou relire Ménon !) est
une magnifique façon de penser le caractère impossible ou paradoxal de
tout projet d'innovation. L'aporie nous dit qu'il est impossible de rechercher.
Comment
t'y prendras-tu, Socrate, pour chercher une chose dont tu ne connais
pas du tout ce qu'elle est ? Parmi les choses que tu ignores, laquelle
te proposes-tu de chercher ? À supposer même que, par une chance
extraordinaire, tu tombes sur elle, comment sauras-tu que c'est elle,
puisque tu ne l'as jamais connue ?
- Platon, Ménon, 80 e.
La formule "projet d'innovation" relève de la même contradiction,
voire constitue un oxymore : on organise du temps, des personnes, des
moyens pour trouver quelque chose à une échéance donnée, mais par
définition on ne sait pas ce que c'est ni même si ça existe. Pour
aggraver cela, remarquons qu'il faut absolument que ce qu'on va
découvrir ne soit pas évident (sinon, les concurrents le trouveront
aussi). Ne pas être évident, cela signifie que cela ne doit pas découler
de manière directe de l'état des connaissances, ou état de l'art. C'est
d'ailleurs l'un des critères, en droit des brevets, pour pouvoir
revendiquer une invention : que notre geste ne soit pas évident. On est
alors tenté de parler de "génie" : mais alors le paradoxe s'intensifie.
On voit bien qu'inventer est un travail, et nous sommes tentés de s'en
remettre à un coup d'éclat. "Faire" de la philosophie, c'est se donner
les moyens tout d'abord d'identifier précisément cette problématique
bien réelle de la vie professionnelle, pour ensuite y répondre en
manageant de tels projets en conséquence. Ce peut être fait en
ré-interprétant la réponse que Socrate a faite au jeune Ménon… pour la
suite, il faut venir en cours 😉
2. Le choix de la technologie comme sujet central
est en lui-même intégrateur, puisqu'il s'agit d'un sujet complexe, à
multiples dimensions. De plus, certains enseignements sont
spécifiquement conçus comme intégrateurs : le cycle d'histoire des
techniques se termine par une UV (au doux sigle de HT05) qui mixe les UV
précédentes et l'UV de méthodologie de conception. De même, les
enseignements de type "projet" ou le stage final d'Hutech (fin de 3ème
année) sont des moments de mise en œuvre croisée des différents
apprentissages.
3. Les enseignants des différentes disciplines se connaissent et font des liens entre leurs cours. Il peut arriver aussi qu'un enseignant assiste au cours d'un collègue. Les étudiants sont également acteurs de l’inter-discipline, car c'est "en eux" que la rencontre est maximale. C'est un plaisir pour nous de voir les étudiants de première année s'étonner et se satisfaire des forts liens qu'il y a entre les différentes matières.
Quel est le volume horaire hebdomadaire ? Comment ça marche, les "crédits" ?
Le volume horaire encadré est d'environ 25 heures par semaine. Et il
faut compter, en moyenne, autant de travail personnel. Soit 50h par
semaine ! Autant dire que cela demande une sérieuse organisation et une
belle hygiène de vie.
Les crédits ECTS sont issus du processus de Bologne, et sont
standardisés au niveau européen afin de faciliter les échanges. Quelques
chiffres pour vous aider à vous repérer :
L'étudiant doit obtenir 180 crédits en 3 ans, soit en moyenne 30 crédits par semestre.
L'étudiant suit chaque semestre 6 à 7 matières (ou unités de valeur, UV) qui rapportent (en cas de réussite) 4 à 6 crédits chacune.
Il est dit qu'1 crédit correspond à environ 25 heures de travail cumulé
(cours, TD, TP + travail personnel et en groupe). Ainsi, obtenir 30
crédits en un semestre nécessite de délivrer 750 heures de travail. Un
semestre faisant environ 16 semaines, on retombe sur le même ordre de
grandeur : 750⁄16 = 47h de travail par semaine.
Que se passe-t-il si l'on échoue aux examens ?
Comme pour tous les parcours de l'UTC, il n'y a pas de
"redoublement". Si lors d'un semestre un étudiant échoue à une UV, cela
peut être sans grande conséquence, puisqu'il s'agira de cumuler
progressivement les crédits obtenus et d'obtenir 180 crédits en 3 ans.
Mais si de tels échecs ponctuels se renouvellent, il se peut que
l'étudiant n'atteigne pas les objectifs globaux. Un jury se réunit alors
pour l'autoriser (ceci n'est pas automatique) à effectuer un semestre
supplémentaire.
Si un étudiant échoue à plusieurs UV un même semestre, un jury de
suivi examine sa situation et entend l'étudiant (assisté de son
conseiller – il s'agit d'un enseignant qui l'accompagne durant sa
scolarité). Des voies de progrès sont établies. Si elles ne portent pas
leur fruit, l'étudiant concerné peut se voir réorienté le semestre
suivant (c'est-à-dire exclu de la formation).
Qu'en est-il de la possibilité de choisir ses enseignements chaque semestre ?
L'une des promesses de l'UTC est que tout étudiant pourra élaborer
son projet bien à lui. Cela se traduit par différents choix : choix
d'une partie des enseignements chaque semestre, choix de la branche ou
du master, choix des sujets de travail (exposés, dossiers, projets).
Cela peut même aller jusqu'à élaborer une "filière libre" qui est à
cheval entre deux branches d'ingénierie.
Cependant, tous ces choix se font évidemment sous certaines
contraintes (l'occasion de vous préparer pour le bac de philo : "La
liberté est-elle l'absence de contrainte ?").
En Hutech, nous estimons qu'au global, vous aurez choisi environ 50%
de vos enseignements. Mais c'est progressif : si en fin de parcours vous
aurez beaucoup de marge de manœuvre, pour les 3 premiers semestres ce
ne sera pas le cas, pour plusieurs raisons :
Nous travaillons en petit effectif
(25 étudiants pour les cours spécifiques au cursus) et nous proposons
des enseignements progressifs, avec une logique, un ordre à respecter
(c'est vrai pour 5 enseignements de maths, 5 d'histoires des techniques,
4 de philosophie, 3 de logique).
La mise en
place de ce parcours regroupant les trois types de bacs nécessite pour
le corps enseignant une certaine maîtrise des contenus pédagogiques acquis progressivement, pour contre-balancer l'hétérogénéité des filières initiales dont sont issus nos étudiants.
Ainsi,
le premier semestre vous aurez le choix pour seulement 2 enseignements
sur 7 (la langue + un enseignement technique ou scientifique). Et puis
cela augmentera progressivement, en fonctions de vos goûts et de votre
projet.
Y a‑t-il des périodes hors de l'UTC : En entreprise ? À l'international ?
Le cursus comporte une période en entreprise (en France ou à
l'étranger), et selon le souhait des étudiants également une période
dans une université étrangère. Le réseau international de l'UTC est très
important.
À la fois "Université de Technologie" et "école d'ingénieurs", l'UTC a
pour principe de proposer des études qui tout en étant d'ordre
universitaire (il ne s'agit pas de "formation professionnelle"
directement adaptée à tel poste), sont en prise avec les problématiques
des entreprises et institutions.
À noter qu'un stage court en entreprise, d'environ un mois, est à effectuer entre les deux premiers semestres, qui signe l'importance que l'UTC attache à ce que les étudiants soient en contact avec le monde de l'entreprise dès le début de leurs études.
Pourquoi prévoyez-vous une poursuite d'études en Master ? Est-on
admis en ingénierie ou en master selon nos résultats aux différentes
matières, ou a‑t-on le choix ?
Tout étudiant qui réussit au sein de ce cursus est capable d'entrer
ensuite selon son choix en cycle ingénieur ou en Master. Même si l'UTC
est d'abord et historiquement une école d'ingénieurs (et une école
doctorale), elle a créé plusieurs Masters.
Pour notre nouveau cursus Humanités et Technologie, le choix d'un
cycle en trois ans (compatible avec le LMD européen) montre bien que la
voie du Master n'est pas une échappatoire : c'est un projet plein et
entier, qui permettra à certains étudiants de donner à leur second cycle
une coloration correspondant aux affinités développées lors du cursus
si celles-ci s'avéraient ne pas correspondre aux ingénieries proposées.
Ainsi, nous imaginons que certains étudiants pourraient s'engager
dans notre cursus pour devenir "technologues" (c'est-à-dire devenir
capables de penser et d'orienter le développement technologique en
prenant en compte l'humain, le social, etc.) sans pour autant vouloir
devenir "ingénieurs" (c'est-à-dire œuvrer dans l'encadrement direct des
projets technologiques). Ils pourraient choisir par exemple d'articuler
droit et technologie, gestion des connaissances et technologie,
stratégie et technologie, etc. De tels Masters existent à l'UTC ou par
exemple au sein de nos partenaires de "Sorbonne Universités".
Si l'on décide de faire autre chose au bout des trois ans, obtient-on un diplôme ?
Tout comme le tronc commun, ce cursus n'est pas une fin en soi, il
est une voie d'accès au cycle ingénieur (ou master, voir plus haut).
C'est pourquoi ce cursus n'est pas une licence et ne délivre donc pas ce
titre. Le format de 3 ans a été choisi pour faciliter la compatibilité
avec les masters et plus généralement adopter le rythme du LMD européen.
Cependant, un étudiant qui, ayant réussi son parcours, souhaiterait
passer en Master (à l'UTC ou hors UTC) peut sur demande se voir délivrer
le "Bachelor Humanités & Technologie" de l'UTC.
À noter que le principe des crédits ECTS (european credits transfer
system) est de faciliter la mobilité des étudiants au sein de l'Europe
et entre établissements.
Ce cursus donne-t-il vraiment accès à un diplôme d'ingénieur ? Quel choix ai-je pour poursuivre mes études ?
Du moment que vous êtes accepté dans ce cursus et que vous réussissez
vos études (obtention d'au moins 180 crédits ECTS en trois ans, comme
en licence par exemple), votre passage en génie informatique, génie
biologique ou génie des systèmes urbains vous est acquis, et c'est à
vous de choisir entre ces trois diplômes d'ingénieur ou une poursuite en
Master (voir plus bas).
Si vous passez en ingénierie, vous obtenez en fin de compte le même
diplôme d'ingénieur que les étudiants issus du tronc commun classique,
ou entrés directement en branche après un premier cycle hors de l'UTC.
Le supplément au diplôme indiquera votre parcours spécifique. Et
c'est de toute façon à vous qu'il appartiendra, selon vos aspirations,
de valoriser tel ou tel aspect de votre formation lors de vos
candidatures à des emplois.
En résumé, il y a deux façons de préparer le diplôme d'ingénieur UTC
directement après bac : le tronc commun classique (ouvert aux seuls bacs
S) et le cursus Hutech (ouvert aux trois bacs généraux).
Quels débouchés professionnels pour les ingénieurs Hutech, en quoi cela intéresse-t-il les entreprises ?
Lorsque nous avons élaboré le concept "Hutech", nous avons bien
entendu interrogé nos partenaires des entreprises privées ou publiques.
D'autres nous ont contactés spontanément pour nous dire combien cela
répondait à leurs attentes.
En clair : elles ont besoin d'ingénieurs qui voient au-delà de la
technique, qui sachent porter les enjeux humains, autant pour le contenu
des projets (enjeux sociétaux des produits) que pour leur mise en œuvre
(enjeux humains et intellectuels pour le meilleur déroulement possible
des projets d'innovation – voir plus haut l'exemple du Ménon), qui
soient particulièrement aptes à prendre du recul, développer une vision
stratégique sur la technologie, analyser, problématiser, formuler
clairement.
Quant aux débouchés, il faut être précis : il ne s'agit pas de créer
un nouveau métier, mais de proposer une approche complémentaire des
ingénieurs classiques bien connus. D'ailleurs, ingénieur n'est pas un
métier, c'est un diplôme. Les métiers occupés par les ingénieurs sont
extrêmement variés.
Un Hutech, après sa branche, aura un diplôme d'ingénieur de l'UTC en
GB, GI ou GSU : il ne sera pas strictement "ingénieur Hutech", mais par
exemple "ingénieur GSU". Il pourra préciser qu'il a suivi la voie Hutech
avant d'entrer en GSU et qu'il s'est spécialisé durant GSU dans tel
domaine.
Étant avant tout ingénieur UTC, il aura dès lors accès aux métiers de
tous les ingénieurs de l'UTC. Mais, évidemment, on suit ce parcours
pour développer une posture particulière : interdiscipline, compétences
particulièrement développées dans l'analyse, la problématisation, la
prise en compte de l'humain et avant tout un goût et une habileté pour
être porteur de sens. On visera donc des responsabilités ou des postes
tirant parti de ces compétences.
Prenons quelques exemples de postes idéaux :
› En génie biologique
Un poste de chef de projet (ou d'adjoint au chef de projet), par
exemple pour ré-inventer un système d'hémo-dialyse qui vise à changer la
qualité de vie des patients en prenant en compte une exigence en termes
d'autonomie (ne pas avoir besoin de se rendre tous les deux jours en
clinique) et en termes plus généraux de bien-être (ce qui nécessite
d'avoir fait un peu de philosophie pour pouvoir porter sérieusement
cette question).
› En génie informatique
Imaginons un projet qui consiste à créer un "logiciel" d'entreprise
de type ERP (Enterprise Resource Planning) qui est le véritable système
nerveux d'une organisation. On le sait, lorsqu'on introduit un tel
système, cela change les tâches individuelles des travailleurs
(certaines sont automatisées, certaines disparaissent, de nouvelles
apparaissent) ainsi que l'organisation collective. L'histoire est emplie
de petites et grandes catastrophes associées à ces changements où l'on
demande aux Hommes de s'adapter à des choix techniques faits loin du
terrain. Un ingénieur GI-HuTech aura appris, entre autres, à penser le
travail (philosophiquement et sociologiquement), et saura donc prendre
un tel projet par le bon bout : commencer par comprendre en quoi
consiste le travailler du service concerné. Par ailleurs, par sa
formation en sciences et technologies cognitives, il connaîtra les
intrications étroites entre les outils et la pensée ; il saura dès lors
développer des outils au service des processus de pensée.
› En génie des systèmes urbains
Ce serait par exemple un poste d'assistant à maîtrise d'ouvrage (AMO)
un peu nouveau, qui allie des compétences très fortes en technique, en
gestion de projet, et en "enjeux sociétaux et humains". Son rôle est
d'aider un commanditaire (qui peut être un maire par exemple, non
spécialiste de l'urbain ni de l'architecture) à faire les bons choix et à
piloter son projet. Un GSU-Hutech-AMO sera particulièrement apte à
porter en même temps les enjeux de sens (quel est le sens de ce projet
?), sociétaux (quels impacts, quel vivre ensemble, quel projet pour la
ville ?), humains (quelles relations, modes de vie, sensations, quelle
qualité d'habiter veut-on privilégier ?), techniques (quels choix faire,
comment tirer le meilleur parti des technologies, comment organiser la
construction ?) et économiques (comment maîtriser les coûts globaux et
les délais ?).